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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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les garces, qui filles qui femmes,
respectées ; aucune injure, menace, vanterie, parole sale et fâcheuse
tolérée à l’adresse desdits manants, même ligueux, ou espagnols. Et qu’enfin
s’il fallait sévir contre une poignée de méchants qui avaient fait tout le mal,
que ce fût plutôt par le bannissement que par la hart.
    À entendre
ceci qui était à la façon d’Henri très bien articulé, le Grand Prieur,
craignant d’être indiscret s’il en oyait davantage, arrêta sa marche et vint se
joindre aux sieurs de Clermont et d’Entragues (celui-ci, comme on sait, devait
devenir plus tard son beau-père) et leur dit :
    — Quoi ?
Henri pardonnerait même à la Montpensier dont il a dit qu’il la jetterait au
feu ?
    — Vous
connaissez le mot de Chicot, dit d’Entragues, faisant allusion aux gaillardies
de la duchesse : « Sire, il est inutile de la brûler. Elle crame déjà
par le milieu. »
    À quoi nous
rîmes, et le roi, oyant nos rires, se retourna et appela à lui le Grand Prieur,
lequel avec la pétulance et la grâce de son jeune âge, alla se génuflexer à lui
et lui baiser la main avec un élan et une amour qui n’étaient pas feints. Ce
qui toucha fort le roi, lequel était raffolé de son neveu, combien qu’il ne le
fût que de la main gauche, et n’ayant pas d’enfant de son mariage avec la reine
Louise, le tenait quasiment pour son fils.
    — Mon
père, dit-il en se tournant vers le vieux maréchal, vous avez été le premier à
me montrer le métier de la guerre : Je vous prie d’en faire autant pour
mon neveu, car je désire qu’il devienne comme un pont entre mes ennemis et moi.
    Parole dont la
dernière partie me parut si obscure que la chose m’étant restée en cervelle,
j’en demandai le sens, une année plus tard, au Grand Prieur.
    — Ha !
je ne sais ! dit-il, ses yeux à évoquer ce moment jetant des larmes qui
sur ses fraîches joues coulaient. Se peut qu’Henri voulait dire que je devais
tout ensemble le défendre contre ses ennemis – comme est l’usance d’un
pont à la guerre – et lui permettre à l’occasion, par ce même pont, de les
rejoindre et s’accommoder à eux. Ce qui est bien assuré, c’est que ses paroles
me recommandant au vieux maréchal, furent tant obligeantes pour moi, que je ne
peux me les ramentevoir sans un extrême pâtiment…
    Pour en
revenir au roi, encore que la nuit fût si tendre et le jardin si beau, il ne
s’y attarda pas, mais donnant son congé au maréchal de Biron et commandant au
Grand Prieur et à moi-même de le suivre, il remonta au logis de Gondi par la
rue pentue que j’ai dite, et là en sa chambre advenu, après avoir quelque temps
allègrement devisé avec ceux qui se trouvaient là, il dit que de longtemps il
ne s’était senti si heureux, Paris étant si proche et se devant sous peu à lui
déclore, comme il en avait l’assurance, ce qui voulait dire que toutes les
autres villes rebelles du royaume allaient, une à une, lui revenir et la paix
refleurir au royaume lui-même, pour le grand soulagement de son pauvre peuple
qui avait été tant foulé par la guerre.
    Ayant dit et
s’étant un petit sur soi réfléchi, sa belle tête sur son épaule inclinée, il
dit que cette soirée était pour lui si félice qu’il ne voulait pas l’écourter,
ni jà s’aller coucher, mais se divertir à écouter la musique, et commandant au
Grand Prieur d’aller quérir Dupont, La Clavelle, La Fontaine et le Baillif (qui
étaient tous quatre de sa musique) en tels lieux où il croyait qu’ils se
trouvaient ; que quant à moi (me présentant la main) il me donnait mon
congé, s’avisant que je devais être fort las de ma longue chevauchée de
Châteaudun à Saint-Cloud.
    Je départis
donc de la maison de Gondi avec le Grand Prieur, et comme nous traversions la
cour dudit logis, la nuit étant douce, étoilée et lunaire, le Grand Prieur fut
accosté par un religieux jacobin, lequel était petit, avec une barbe foncée
très courte, une couronne de cheveux comme en portent ceux de son ordre, et de
très grands yeux noirs, brillants et fixes. Ledit moine, au Grand Prieur
s’adressant, non sans une brusquerie qui m’étonna, lui demanda de le faire
parler au roi d’une chose urgente et importante, laquelle il ne pouvait dire
qu’à sa personne, ayant échappé de Paris et venant de la part du comte de
Brienne, prisonnier au Louvre, et du président du Parlement Du Harlay, lequel
la Ligue avait

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