Labyrinthe
quand il prit un mamelon dans sa bouche et se mit à le titiller.
Il releva la tête, un demi-sourire flottant sur le visage.
Entre ses jambes nues il s'insinua, tandis qu'elle le regardait au fond des yeux, l'air grave, sans un battement de cils.
« Mon còr » , répéta-t-il.
Et il entra en elle doucement, peu à peu, jusqu'à ce qu'elle l'eût entièrement accepté, et y resta immobile, contenu, comme pour y trouver son repos.
Alaïs en concevait un sentiment de puissance qui lui donnait l'impression de pouvoir tout entreprendre, se substituer à n'importe qui. Une chaleur suffocante tétanisait ses membres, l'emplissait tout entière jusqu'à oblitérer ses sens. Le lancinement de ses pulsations martelait son cerveau. Elle perdait toute notion de temps et d'espace. N'existaient plus que Guilhem et les ombres tremblotantes de la lampe.
Il commença à se mouvoir.
« Alaïs… »
Les mots lui coulaient des lèvres.
Sur son dos, elle posa ses mains en étoile. Elle pouvait capter son énergie, la vigueur de ses bras et de ses cuisses, sentir son torse velu contre sa poitrine, la langue qui lui fouillait la bouche, brûlante, humide, affamée.
Transporté par le désir, son souffle s'accéléra. Alaïs le retint, tandis qu'il criait son nom. Un long tressaillement, et ce fut l'apaisement.
Lentement, le rugissement qu'elle entendait dans sa tête s'effaça pour ne laisser place qu'au silence feutré de la chambre.
Plus tard, après qu'ils se furent épuisés en promesses nocturnes, ils sombrèrent dans le sommeil. L'huile de la lampe acheva de se consumer. La flamme oscilla et mourut. Alaïs et Guilhem n'y prirent pas garde. Ils ne furent pas conscients de la course argentée de la lune dans le ciel ni des lueurs violacées de l'aube se glissant par la fenêtre. Ils n'étaient plus que deux êtres dormant dans les bras l'un de l'autre, une femme et son époux, de nouveau amants.
Réconciliés. En paix.
51
M ARDI 7 JUILLET 2005
Alice s'éveilla, quelques instants à peine avant la sonnerie du réveil, et se retrouva étendue en travers du lit, parmi des feuilles de papier répandues autour d'elle.
L'arbre généalogique de la famille se trouvait juste sous ses yeux, avec les documents rassemblés à Toulouse. Elle sourit : un peu comme autrefois quand, étudiante, elle s'endormait sur son bureau.
Ce constat ne lui fut pas désagréable. Malgré le cambriolage et l'agression dont elle avait été victime, elle se sentait, ce matin, dans les meilleures dispositions d'esprit. Satisfaite, pour ne pas dire heureuse.
Après avoir étiré ses membres et son cou, elle alla pousser les volets. Le ciel se partageait en de pâles stries de lumière et des traînées de nuages blancs. Les coteaux de la Cité étaient encore dans l'ombre, et les talus herbeux, par-delà les murs, scintillants de rosée. Tours et tourelles s'érigeaient dans un azur de soie, cependant que, d'un toit à l'autre, l'alouette et le roitelet se donnaient la réplique. Les traces de l'orage étaient visibles partout : débris de toutes sortes adhérant aux rails de sécurité, cartons détrempés à l'arrière de l'hôtel, feuilles de journaux collés aux réverbères.
L'idée de quitter Carcassonne rendait Alice mal à l'aise, comme si son départ devait précipiter quelque événement. Mais elle devait réagir et, à ce stade, Chartres demeurait la seule piste susceptible de la conduire à Shelagh.
C'était une belle journée pour entreprendre un tel voyage.
Alors qu'elle rangeait ses papiers, elle estima qu'elle était raisonnable. Il n'était pas question d'attendre passivement le retour de son monte-en-l'air.
À la réceptionniste, elle expliqua qu'elle s'absenterait pour la journée, mais qu'elle souhaitait conserver sa chambre.
« Une personne vous attend, madame, lui apprit la jeune fille en lui indiquant le bar salon. Je m'apprêtais à appeler votre chambre.
— Ah ? s'étonna Alice en se retournant. Vous a-t-elle dit ce qu'elle me veut ? »
La réceptionniste secoua la tête.
« Très bien, merci.
— Ceci est également arrivé pour vous ce matin », ajouta-t-elle en tendant une enveloppe par-dessus son comptoir.
Alaïs examina le cachet de la poste. La lettre avait été expédiée de Foix la veille. L'écriture lui était inconnue. Elle s'apprêtait à l'ouvrir quand la personne en question apparut.
« Docteur Tanner ? s'enquit-elle d'un air tendu.
— Oui ? répondit Alice en glissant
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