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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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respects soient à la mesure de l'affection et l'estime dans lesquelles je le tenais. Je ferai transporter sa dépouille à la capèla Sant-Maria.
    — Il sera honoré par un tel témoignage d'affection, messire.
    — Puis-je mander quelqu'un à vos côtés ? Votre époux, je ne puis, hélas, mais votre sœur, peut-être, ou bien une dame pour veiller près de vous ? »
    Alaïs redressa la tête, prenant conscience qu'en ces instants difficiles elle n'avait pas un seul instant songé à Oriane, allant jusqu'à omettre de l'avertir que son père était gravement malade.
    Elle ne l'aimait point.
    Alaïs intima le silence à ses pensées. Elle avait failli à ses devoirs, vis-à-vis de son père tout autant qu'envers sa sœur. Elle se leva.
    « J'irai voir ma sœur, messire. »
    Comme le vicomte quittait la chambre, elle s'inclina révérencieusement puis se retourna vers son père. Ne pouvant se résoudre à se séparer de lui, elle décida de se consacrer à la préparation du corps. Des servantes tendirent le lit de draps frais, ceux sur lesquels Pelletier avait trouvé la mort étant destinés à être brûlés. Assisté de Rixende, Alaïs prépara le linceul et les huiles funéraires avant de procéder à la toilette du corps de sorte qu'il apparût dans la mort l'homme qu'il avait été de son vivant.
    Elle s'attarda quelque peu sur le visage absent de son père. Tu ne peux rester plus longtemps.
    « Informez le vicomte que le corps de mon père peut être emmené à la capèla , Rixende. Je dois aller prévenir ma sœur. »
     
    Comme à l'accoutumée, Guirande dormait sur le seuil de sa maîtresse. Alaïs l'enjamba et ouvrit la porte qui, cette fois, n'était pas verrouillée. Oriane était étendue dans son lit, tentures repoussées. Tout en contemplant sa peau laiteuse et ses boucles noires répandues sur l'oreiller, Alaïs s'extasia que sa sœur parvînt à dormir.
    « Ma sœur ! »
    Oriane ouvrit d'un seul coup ses grands yeux félins, son visage affichant, tour à tour, inquiétude et étonnement, puis l'expression arrogante qui lui était coutumière.
    « J'ai de mauvaises nouvelles à vous annoncer, commença Alaïs d'une voix blanche.
    — Cela ne pouvait-il point attendre ? Prime n'a point encore sonné.
    — Nenni. Notre père… »
    Comment de telles paroles pouvaient-elles être vraies ?
    Elle inspira longuement pour contrôler son émotion.
    « Notre père est trépassé. »
    Oriane accusa très brièvement le choc, car son visage eut tôt fait de retrouver son air habituel.
    « Qu'avez-vous dit ? s'écria-t-elle, les yeux étrécis.
    — Notre père nous a quittés, ce matin, peu avant l'aube.
    — Comment ? De quelle façon est-il mort ?
    — Est-ce tout ce que vous trouvez à dire ? » protesta Alaïs.
    Oriane se leva d'un bond.
    « Dites-moi de quoi il est trépassé.
    — D'une maladie qui s'est promptement saisie de lui.
    — Étiez-vous en sa compagnie à l'heure de son trépas ? » Alaïs acquiesça. « Et vous n'avez point jugé utile de m'en informer.
    — J'en suis fort marrie, bredouilla-t-elle. Tout cela est survenu si rapidement. Je n'ignore point que j'aurais dû…
    — Qui autre que vous se trouvait à son chevet ?
    — Le seigneur Trencavel et… »
    Oriane perçut le sens de cette hésitation.
    « Notre père a-t-il confessé ses péchés et reçu les derniers sacrements ? Est-il mort chrétiennement ?
    — Il a reçu l'absolution de ses péchés, répondit Alaïs en pesant ses mots avec soin. Il s'en est allé dans la paix de Dieu. »
    Elle a compris.
    « Et puis qu'importe ? se récria-t-elle, atterrée par l'impassibilité de sa sœur. Il est mort, ma sœur, cela ne signifie donc rien pour vous ?
    — Vous avez failli à votre devoir, rétorqua Oriane en pointant un index accusateur. C'est moi qui aurais dû veiller sur ses derniers instants. Comme aînée, c'est un droit qui m'était échu. En outre, si je viens à apprendre que des hérétiques se sont penchés sur son agonie, sachez bien que je ferai en sorte que vous le regrettiez.
    — N'éprouvez-vous donc nul chagrin ni peine ? »
    La réponse se lisait intelligiblement sur le visage d'Oriane.
    « Son trépas ne me touche guère plus que celui d'un chien dans la rue. Il ne m'aimait point ; j'en ai accepté l'augure voilà maintes années. Pourquoi devrais-je le pleurer, à présent ? Son affection n'allait qu'à vous, car c'est en vous qu'il se reconnaissait. » Elle eut un

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