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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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son regard.
    Matthew, le moins négligé des quatre, bien chaussé, la chemise plus ou moins attachée et un pourpoint jeté par-dessus, fermait la marche, l’épée au clair. Il s’immobilisa à ma vue sans pouvoir en croire ses yeux.
    — Matthew, murmurai-je, puis j’ajoutai faiblement : Il doit être bien plus de minuit, à présent, alors… Bonjour.
     
    Je ne trouvai rien d’autre à dire. J’avais envie de lui crier de s’enfuir, vite, car il risquait d’être pris, mais Mew et Wylie étaient là et, par-dessus tout, l’odieux Wilkins. Ma langue était enchaînée.
    Il me fallait parler à Matthew seule à seul, et je ne voyais pas comment. Je remarquai avec lassitude :
    — J’aurais dû me douter que tu viendrais ici. C’était évident.
    — Non, pas du tout, répondit-il, exaspéré. Tu n’en sais pas autant que tu l’imagines. Mais toi, que fais-tu là ? Comment es-tu entrée ? Et pourquoi ?
    — Parce que Brockley était venu pour moi, bien entendu ! Ne le voyant pas rentrer, je suis partie à sa recherche. Je m’inquiétais pour lui. Je suis passée par la barrière et par la fenêtre de derrière.
    Les trois compagnons de Matthew me fixaient à l’instar d’un griffon ou d’une licorne.
    — Eh bien ! Que faisons-nous, maintenant ? demanda Wilkins, l’air menaçant.
    — Montons, dit Matthew d’un ton décidé. Je ne discuterai pas dans une cave. Venez.
    Il avait tout l’air d’être le chef. Je me sentais à la fois fière de son sens de l’autorité et désespérée, car, une fois encore, il l’exerçait dans un dessein que j’abhorrais. Avec Brockley, je le suivis hors du sous-sol, puis dans l’escalier. Les autres montaient derrière nous, et j’avais conscience avec douleur de la massue de Wylie et du poignard de Mew. Seul Matthew s’interposait entre la mort et nous.
    En haut, il nous conduisit dans le salon que j’avais distingué à travers la fenêtre. Wylie se servit de son chandelier pour allumer ceux de la pièce. Il y faisait froid, mais une lueur incandescente montait encore de l’âtre, où une bûche à demi consumée reposait sur un tas de cendres.
    — Je ne vois pas pourquoi nous devrions geler, dit Matthew d’un ton acerbe. Que quelqu’un rallume ce feu !
    Wylie obtempéra, tisonnant les cendres avec rudesse puis y jetant des brindilles prises dans un panier. Une petite flamme jaillit. Épuisée, je m’assis sur une banquette et Brockley vint auprès de moi.
    Matthew resta debout en face de nous. Il me contemplait avec une tristesse, une stupeur qui me faisaient mal. On eût dit que je n’étais plus l’Ursula qu’il avait connue ; que je n’étais plus sa Cuiller à sel, mais une inconnue qu’il s’efforçait de sonder.
    — Je ne voulais pas le croire, tu sais, me dit-il. Wilkins m’avait prévenu que les Cecil t’avaient envoyée à Lockhill et que tu étais leur agent. Lui-même avait un espion chez eux, Paul Fenn, qui a connu une triste fin, à ce que j’ai cru comprendre. J’ai pris cela pour des sottises. Qui emploierait une jeune femme pour espionner ? Quelque impossible que cela me paraisse encore, je vais devoir me résoudre à le croire.
    — Vu ses perfidies de l’an dernier, je m’étonne de votre naïveté, observa Wilkins qui demeurait debout, lui aussi. Une espionne hérétique ! Eh bien, je me suis employé au mieux à la sauver, puisque vous tenez à elle.
    — Le Dr Wilkins a œuvré à nos retrouvailles sitôt qu’il a eu vent des plans de Cecil, m’expliqua Matthew. Il me l’a avoué il y a peu, las que je le questionne sur ton enlèvement manqué. Apparemment, je te dois des excuses pour cette expérience malheureuse, ajouta-t-il, narquois. On ne t’aurait pas laissée longtemps dans cet abri, mais on avait quelque difficulté à trouver un navire qui puisse t’emmener en France.
    Je fus un peu amusée que le Dr Wilkins, en dépit de sa belle assurance, eût été confronté au même obstacle que moi, mais je n’avais pas franchement envie de rire, pour l’instant.
    — Tu ne pouvais admettre que je sois employée par Cecil ? Moi, je ne voulais pas croire – et je déplore – que tu sois le complice du Dr Wilkins.
    — Je ne suis pas son complice. Je te le répète, tu es moins bien informée que tu l’imagines.
    Il ne s’étendit pas sur ce sujet et je me sentais trop exténuée, trop incrédule pour le questionner. Wilkins, las d’être debout, s’assit sans façon dans un

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