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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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de l’encre, Mew, voulez-vous ?
    Soudain, un coup de maillet d’une violence inouïe me frappa au-dessus du sourcil gauche. Un mal de tête commençait, sans signe avant-coureur. Une plainte s’échappa de mes lèvres :
    — Oh, Dieu ! Oh, Matthew, pourquoi fallait-il que tu sois mêlé à tout cela ?
    Mew, qui s’était à demi levé en réponse à l’ordre de Matthew, fut si impressionné par mon ton douloureux qu’il se rassit, les yeux fixés sur moi. Matthew n’y prit pas garde.
    — Ne m’as-tu pas entendu ? Il s’agit des plans d’Ignatius, et non des miens.
    — Pourtant, tu es là ! Tu affirmais avoir une affaire en cours avec le Dr Wilkins. Une histoire de chevaux de trait. Ce n’était pas vrai ! accusai-je, l’amertume perçant dans ma voix. Ce dont il était question, en fait, c’était de fausse monnaie !
    — J’ai menti à propos des chevaux. Je le regrette. Mais la vérité n’est pas ce que tu supposes. Je n’ai rien à voir avec ce que tu as pu découvrir dans la cave. Suis-je du genre à fabriquer de la fausse monnaie ? Pour qui me prends-tu ?
    — Mais alors, que fais-tu dans cette maison ?
    — Je suis venu en Angleterre afin de régler des affaires restées en suspens, ainsi que je te l’ai expliqué. Plus précisément, pour découvrir à quoi était employé le trésor que j’avais collecté l’an dernier pour Marie Stuart, et que j’avais laissé entre les mains d’Ignatius Wilkins. Je le conservais à Withysham et n’avais pu l’emporter en totalité dans ma fuite, car il était hors de question que je m’encombre de coffres et de malles. J’avais quatre vaisselles d’or et dix d’argent, beaucoup de monnaie et de bijoux. Ignatius habitant dans le comté – cela, du moins, était vrai –, je lui ai tout confié. Et maintenant…
    — J’ai employé le trésor selon sa destination première, coupa Wilkins de sa voix grasse et autoritaire. Soutenir la cause de la reine légitime d’Angleterre, Sa Majesté très Catholique, Marie Stuart. Utilisée avec doigté, la fausse monnaie pourrait déséquilibrer les finances du royaume au point que le peuple commence à murmurer contre Élisabeth. Pendant ce temps, si des fonds supplémentaires étaient collectés et une armée levée…
    — Dieu Tout-Puissant ! dis-je involontairement.
    — Et, comme je ne cesse de vous le répéter sans que vous consentiez à l’admettre, vous avez mis votre projet en œuvre sans permission ni consultation, lui reprocha Matthew. Vous vous êtes borné à m’écrire pour me placer devant le fait accompli. Je suis responsable de ce trésor devant Marie Stuart, continua-t-il, se tournant vers moi. Découvrir qu’il était gaspillé pour ce plan stupide…
    — Ce n’est pas stupide ! protesta Wilkins. Ne vous adressez pas à moi, prêtre de l’Église catholique, comme à un enfant ou un faible d’esprit. Le plan prendrait du temps pour arriver à maturation, certes. On débuterait avec une quantité minime de fausse monnaie, première vague d’une marée montante, et d’assez belle qualité pour résister à un examen superficiel ; elle passerait aux mains des marchands, qui la déposeraient dans les banques florentines et génoises. Les banquiers découvriraient bien vite la supercherie et leur confiance dans l’argent anglais s’en trouverait entamée. Plus tard, nous lancerions une deuxième offensive. Puis une troisième. Peu à peu, Élisabeth perdrait tout crédit. Elle aurait plus de difficultés à emprunter, et ses marchands auraient du mal à négocier. Les prix monteraient. Pendant ce temps, nos prêtres parcourraient l’Angleterre, renforçant le soutien à Marie. Les Anglais subiraient des privations. Leur cœur se tournerait vers Marie et vers Dieu. Je discerne le doigt divin dans cette idée !
    — Cela pourrait réussir avec des moyens colossaux, ce qui n’est pas le cas. Le trésor n’était pas à ce point précieux. Vous vous perdez dans de doux rêves, Ignatius.
    Wilkins le foudroya des yeux.
    — Et des rêves de richesse ! ajouta Matthew. Je ne vous l’avais pas dit, car je voulais mesurer tout d’abord ce que vous aviez accompli. Eh bien, c’est chose faite ! Et cette nuit, tandis que je veillais, j’ai cherché à oublier ma peur pour Ursula en analysant ce que j’avais vu. Vous vous abusez. Oh, je ne vous soupçonne pas d’être vénal, Wilkins. Je sais que vous êtes un vrai croyant et un adepte loyal de Marie

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