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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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courait sur le parchemin, formant les mots que Matthew s’attendait que j’écrive, préparant les deux lettres inutiles, qui n’étaient que de la poudre aux yeux. J’apposais mon nom sur la première quand Wylie revint.
    — Les chevaux sont prêts dans un enclos, de l’autre côté de l’allée.
    — Bien. As-tu fini, Ursula ?
    — Oui.
    Je signai la seconde lettre, puis saupoudrai l’encre humide de poudre à sécher.
    — Il vous faut de la cire à cacheter, remarqua Mew.
    Ses traits se contractaient de désespoir et sa voix, quoique moins rauque, exprimait la résignation.
    — J’en ai dans un placard, de ce côté. Vous…
    Il s’interrompit et me fixa, aussi dégoûté que s’il venait de trouver une chenille dans sa salade. La chenille en question, c’était moi.
    — Elle ment ! s’écria-t-il. Elle ment quand elle dit que sa servante ne sait rien ! Cette femme se trouvait dans mon bureau lorsque j’ai surpris Mrs. Blanchard le nez dans mon registre. Cette… Dale avait été prise d’un malaise fort à propos. Elle sait tout, vous pouvez m’en croire.
    — Ursula ? m’interrogea Matthew.
    Je passai ma langue sur mes lèvres. Mon mal de tête allait croissant, en un martèlement de cauchemar. Le dos au mur, j’allais m’embarquer dans de farouches dénégations, si peu convaincantes fussent-elles, quand nous entendîmes des chevaux surgir dans la grand-rue avec un bruit de tonnerre. Ils approchaient vite et étaient nombreux au point qu’on les distinguait même du fond de la maison. Ils s’arrêtèrent. Des pieds descendirent à terre et un poing tambourina à la porte.
    C’en était fini des faux-semblants. Je contemplai tristement Matthew.
    — Supposais-tu vraiment que je n’aurais pas pris de précautions ? J’ai envoyé Dale chercher de l’aide, mais je ne pensais pas que cela viendrait si vite. J’espérais que toi et moi pourrions nous enfuir.
    — En abandonnant les autres à leur destin ?
    — Ils ont essayé de me tuer. Dale aussi a frôlé la mort.
    Mew courut à la fenêtre et écarta le rideau, puis il poussa un cri perçant.
    — Il y a des hommes dans le jardin !
    Dans son geste, il avait laissé passer un peu de lumière. Des sifflements retentirent et une voix familière lança :
    — Ouvrez, Mew ! Ouvrez, sans quoi nous entrerons par nous-mêmes !
    Des haches attaquèrent la porte d’entrée et les volets de la vitrine. Des voisins, furieux de ce réveil brutal, protestèrent à grands cris.
    Mon message au Dr Forrest avait été succinct et je me souvenais du moindre mot comme si le parchemin était déployé devant moi :
     
    Dr Forrest,
     
    Le temps me manque, mais, de grâce, je vous en conjure, faites ce que je vous demande à présent. Je suis en droit de vous adresser cette requête, car j’étais à Lockhill sur l’ordre de Sir William Cecil. S’il vous plaît, alertez d’urgence Mr. Rob Henderson de Thamesbank, près de Hampton, et demandez-lui d’amener des hommes armés à l’échoppe de Barnabas Mew, à Windsor. Brockley y est allé et pourrait se trouver en danger. Je vais voir si je puis le secourir. Je vous en prie, Dr Forrest ! Dale répondra à vos questions.
     
    Vôtre en toute hâte,
     
    Ursula Blanchard.
     
    Ma lettre avait fait merveille. Le Dr Forrest avait agi avec promptitude, de même que Rob Henderson. Ses hommes et lui avaient chevauché toute la nuit pour nous retrouver.

CHAPITRE XX

Une chandelle dans l’aube
     
    Je me sentais atrocement mal. Rien ne semblait réel, et mon esprit glissait comme s’il perdait pied sur de la glace. Je me rappelle Matthew, bondissant vers la porte du salon et l’ouvrant pour voir ce qui se passait. Puis la fenêtre de la rue s’effondra vers l’intérieur et mes sauveurs entreprirent d’enjamber l’encadrement.
    — Battez-vous ! rugit Wilkins qui, levant son corps massif, s’empara d’un tabouret et se rua dans la boutique.
    Par l’ouverture de la porte, dans la faible lumière de l’aube qui filtrait depuis la fenêtre brisée, je le vis repousser le premier assaillant à l’aide des jambes du siège. « Il a du courage », pensai-je, l’esprit embrumé.
    Mais Wilkins fut submergé et, une seconde plus tard, le salon se vida alors que Wylie, Mew et Matthew s’élançaient à leur tour dans la bataille. Brockley les suivit sans qu’ils tentent de l’en empêcher et cria quelque chose à Rob. Je m’approchai de la porte en vacillant et

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