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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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avérée.
    On s’était servi de Marie Stuart pour appâter Wilkins. Je n’avais pas su discerner les indices qui permettaient de remonter jusqu’à elle. Le gros d’argent de mauvais aloi que m’avait montré Sir William en était un. De même que le commentaire de Leonard Mason au cours du repas, le jour de mon arrivée à Lockhill. Il avait pratiquement défini le plan : « Un royaume, comme un ménage, doit vivre selon ses moyens. Tout souverain qui oublie ce principe court au désastre. » Ainsi, par des raisonnements logiques et concrets, Wilkins le fanatique avait été dupé et convaincu de livrer le trésor. Un joli complot !
    Ma tête continuait à palpiter et la nausée me tordait l’estomac. Cependant, la colère de Matthew face aux conspirateurs me laissait un espoir. Si je parvenais à enfoncer un coin dans cette faille et à l’agrandir… Si seulement, malgré la souffrance, j’arrivais à penser !
    Mew bredouilla quelque chose. Matthew le fixa et un flot de paroles se déversa de ses lèvres.
    — Je ne veux pas l’argent ! Ils ont dit que j’aurais ma part, mais je n’en veux pas. Conspiration et meurtre ! J’en ai horreur ! Ils m’y ont forcé !
    Venus de nulle part, les mots dont j’avais besoin me vinrent à l’esprit :
    — A-t-il tant fallu qu’on vous force ? Dawson et Fenn sont morts. Un archer m’a prise pour cible voici à peine deux jours. L’initiative venait de vous. Tout comme cette tentative visant à m’empoisonner la nuit dernière.
    — Quoi ? se récria Matthew.
    — Mais oui. Quand Dale a été souffrante, c’était parce qu’elle avait goûté la tisane qui m’était destinée. Fran va bien, Brockley ! précisai-je en le voyant sursauter. Elle n’en a bu qu’une gorgée. Au matin, elle se sentait beaucoup mieux.
    Je lui enfonçai le coude dans les côtes et, se rappelant que je l’avais déposée chez Forrest, il tint sa langue.
    Matthew s’était toujours opposé au meurtre – le passé me l’avait appris. J’avais une chance infime que cela fît pencher la balance de mon côté. Les coups de maillet pilonnaient mon crâne et la lumière des chandelles me blessait les yeux, toutefois je persévérai.
    — Ils se montrent sans pitié, tes associés, Matthew. Fenn sortait à peine de l’adolescence. Le savais-tu ?
    — Il avait dix-huit ans, m’opposa Wilkins. Des enfants de sept ans sont morts en martyrs au nom de la foi. Un jeune adulte dont la barbe commence à pousser peut bien mourir pour l’avoir trahie. Les Fenn étaient mes voisins et mes paroissiens dans le Sussex. Paul était un fils cadet. Je l’ai recruté quand j’ai appris qu’il était engagé chez les Cecil, car je jugeais utile d’avoir quelqu’un dans la place. Nous aurions besoin de savoir quel résultat produisait notre plan, si le Conseil s’en inquiétait et si nous courions le danger d’être découverts. Malheureusement, le jeune Fenn a perdu son sang-froid.
    Ignatius Wilkins était l’opposé d’un talisman : un porte-malheur vivant. Être son ami ou son paroissien se révélait périlleux.
    — Cecil se renseignait sur lui, il ne savait que faire, expliqua Mew d’une voix cassée. Fenn n’aurait jamais résisté à un interrogatoire. Il était même tenté d’avouer de son propre chef ! Il constituait une menace.
    — Il fallait l’aider à trouver refuge en France, objecta Matthew.
    — Il s’y refusait ! L’exil aussi l’effrayait. Ce n’était qu’un enfant, en dépit de toutes ses belles manières.
    — Tu vois ? Ils tuent des enfants ! Quelques années de plus ne font aucune différence !
    Surmontant ma douleur, j’enfonçais le coin et je voyais Matthew se rembrunir.
    — Tels sont les gens avec qui tu t’es abouché ! Que penses-tu d’eux tous, à présent ?
    À coup sûr, cela porterait ses fruits. Dans un moment, je parlerais. La nuit devait toucher à son terme.
    Wilkins nous fixait tour à tour, les traits méprisants – il est vrai que le mépris envers les autres était dans sa nature. Dans une prison de pierre, peu différente de la cave de Mew, le tisserand et sa fille avaient été interrogés sur leur foi. Leur honnêteté non plus ne lui avait pas inspiré de respect.
    — Sur ce chapitre, dit-il à Mew et à Wylie, vous n’avez pas fauté. Il est triste que la foi doive à l’occasion être défendue par la force, et que même les femmes et les jeunes gens doivent souffrir, mais l’être humain

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