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L'affaire du pourpoint

L'affaire du pourpoint

Titel: L'affaire du pourpoint Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fiona Buckley
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à son tour et enjamba Étoile derrière moi pour s’asseoir à califourchon.
    — C’est affreux sans selle de dame ! Ça glisse !
    — Ne vous avisez pas de tomber ! Accrochez-vous à ma taille. Oh, miséricorde !
    J’avais eu de la chance jusqu’à présent, mais la bonne fortune dure rarement. Des cris s’élevèrent de la cuisine et Redman ouvrit la porte à la volée, m’ordonnant de m’arrêter. Mason, Crichton et Penn, toute désemparée, accoururent sur ses talons, suivis d’Ann, qui retint la fillette d’un geste vif. Entre-temps, Thomas avait surgi de l’écurie et un autre valet de la salle des harnais. Je tirai sur les rênes d’Étoile pour qu’elle tourne la tête vers le portail, puis l’encourageai du talon. Elle partit comme une flèche. Redman tenta bien de nous bloquer la route, bras écartés, mais je lançai ma monture droit sur lui, et il s’écarta d’un bond.
    Nous fonçâmes sous la voûte. Edwin Logan traversait la cour et Redman, tout en me poursuivant, lui cria de fermer le portail. Le jeune homme tenta d’obéir, mais Étoile le dépassa ; nous franchîmes la grille, déboulâmes sur le chemin. Les cris s’amenuisèrent derrière nous tandis que nous chevauchions dans un fracas d’enfer, Dale s’accrochant à moi tel le lierre à un chêne.
    — Dale, de grâce ! J’ai peine à respirer.
    Il n’y avait pas même un quart de lieue jusqu’au village, et du train où nous allions, nous y fûmes en un clin d’œil. Je ralentis aux abords des maisons, car des enfants jouaient sur la route, sans parler des poules qui picoraient et d’un chien flairant le ruisseau. L’endroit était animé, la matinée de travail bien avancée. Les cheminées des habitations exhalaient leur fumée et des volutes plus foncées s’échappaient de la forge. Des femmes bavardaient près du puits ou balayaient le seuil de leur chaumière. Nous attirions les regards, même au trot. Peut-être était-ce que Dale paraissait bizarre, ballottée derrière moi, ou qu’Étoile écumait sur son mors. Ou encore qu’une hâte désespérée émanait de nous.
    — Voici le presbytère ! s’écria Dale.
    Il était tellement plus grand que l’église, telle une jument près de son poulain ! Je m’arrêtai devant.
    — Très bien. Laissez-vous glisser, à présent.
    Je cherchai dans ma poche le parchemin et aussi ma bourse. Je comptai quelques pièces et, quand elle eut mis pied à terre, je les lui tendis.
    — Vos gages pour quinze jours. Il se peut que vous ayez besoin d’argent et… disons que c’est au cas où je n’aurais pas l’occasion de vous payer plus tard.
    — Mais…
    — Tenez, le message. Voici le Dr Forrest. J’espère qu’il accédera à ma requête. Suppliez-le, au besoin ! Je pars. Je tâcherai d’agir pour le mieux. Un aubergiste peut déguiser une viande plus très fraîche sous une sauce épicée et coller une corne sur le front d’un poney blanc, mais, pour ma part, je ne peux tricher. Je dois servir du griffon et seller cette maudite licorne.
    Dale, on le conçoit, resta éberluée.
    — N’ayez crainte, je n’ai pas perdu l’esprit. Adieu !
    Je pressai Étoile du talon et laissai ma compagne devant le presbytère, avec la tâche de convaincre le Dr Forrest que je n’étais ni ivre ni démente, et que ma missive devait être prise au sérieux.
    J’espérais seulement qu’elle en trouverait la force.
     
    Je bouillais encore de rage, néanmoins je ne tardai pas à ralentir l’allure ; il y avait plus d’une demi-journée de cheval entre Lockhill et Windsor et je devais ménager ma monture. Je devais aussi réfléchir sérieusement à ce qui était arrivé à Brockley. Bien que cela parût peu probable, son absence prolongée pouvait s’expliquer par un problème de cheval ou le besoin de se reposer. En ce cas, il serait dans une auberge. Une femme seule cherchant son serviteur dans les établissements au bord du chemin produirait un effet étrange, mais il fallait s’y résoudre.
    J’offrais, de toute façon, une apparence étrange. Par ce temps doux et clair, la route principale conduisant à Henley était très fréquentée. Parmi ceux qui voyageaient en charrette, à cheval ou à pied, nombreux furent ceux qui me lancèrent des regards intrigués. Une jeune femme chevauchant sans compagnie, et d’un air aussi déterminé, était un spectacle insolite. Cependant, les gens sont courtois, en général, et s’occupent de leurs

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