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L'affaire Nicolas le Floch

Titel: L'affaire Nicolas le Floch Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Marie pour une importante mission, dit Bourdeau : aller quérir un cruchon d'eau-de-vie dont il aura la moitié en jouissance particulière. C'est le moment. Rabouine a tout compris. Donnez-lui la lettre.
    — Qu'il passe d'abord chez La Borde lui remettre ce pli.
    Bourdeau considérait avec perplexité le petit papier sur lequel le cachet faisait comme une tache sanglante.
    — Croyez-vous nécessaire de... ?
    — C'est cela, ou je renonce.

    Rabouine s'était changé et se transformait peu à peu, une perruque courte aidant, en un très acceptable Nicolas. Une pièce de laine noire remontée sur le visage, le col relevé du manteau, et l'enfoncement du tricorne complétèrent l'illusion. De son côté, Nicolas assura les bésicles et fit quelques pas.
    — L'air moins mousquetaire, dit Bourdeau, les jambes fléchies, le dos rond, les épaules tombantes. Allons, c'est cela... C'est beaucoup mieux.
    Il ouvrit un tiroir de la table et en tira du papier, des plumes, un canif et une bouteille d'encre portative. Il tendit ces objets à Nicolas.
    — N'oubliez pas vos instruments de travail. Cet attirail-là parachève l'illusion. Vous êtes à crever ! Un peu trop propre encore. Ôtez vos lunettes.
    Bourdeau passa la main sur le haut de l'armoire et barbouilla de poussière le visage du commissaire, dont le teint prit en un instant une apparence grisâtre et fatiguée.
    — La voie est libre. Partons chacun de notre côté. Nous nous retrouverons là où vous savez.
    L'inspecteur disparut, suivi d'un Rabouine fringant, fier comme Artaban, d'entrer dans la peau du commissaire pour lequel, en vieux complice, il se serait jeté dans la Seine. Nicolas gagna le cabinet d'audience. Le silence de cette pièce lui fit souvenir de son premier entretien avec le lieutenant général de police, alors qu'il arrivait frais émoulu de sa province natale, et de mille autres scènes drolatiques ou tragiques que les années accumulaient. La moulure dorée s'enfonça et la bibliothèque pivota, dévoilant un escalier d'où montaient, lointains, les bruits de la cité. Deux étages plus bas il trouva la porte qui se referma derrière lui. Le soir, qui tombait déjà, accentuait encore le froid humide de la rue. Il n'attendit pas longtemps. Un fiacre s'arrêta, la portière s'ouvrit et il y sauta.
    — Ce Rabouine est étonnant, dit Bourdeau. Il a du monde 10 comme un huissier du Palais. Il fera illusion à Versailles, et, ma foi, dans vos nippes, il a grande allure.
    Nicolas sourit.
    — Grand merci pour les nippes ! On voit bien que vous ne recevez pas les factures de M e  Vachon, mon tailleur ! Quant à Rabouine, Dieu nous le garde, il excelle à se tirer d'affaire en toutes occasions sans pleurer son temps.
    — Vous avez souri, observa Bourdeau, tout va bien. La guérison est proche.
    La conversation se poursuivit sur un ton léger qui rasséréna peu à peu Nicolas, lui faisant oublier ce qui l'attendait. Rue de Verneuil, des exempts surveillaient discrètement la maison. Ils reconnurent aussitôt le fiacre qui ne portait pas de numéro et le visage familier de Bourdeau. Un inspecteur assis devant la porte sur laquelle avaient été apposés des scellés de pain à cacheter signés essaya bien de discuter leur présence. Le nom de M. de Sartine apaisa toutes les difficultés d'un confrère qui souhaitait seulement préserver les prérogatives du commissaire de quartier. Après que les scellés eurent été rompus, Bourdeau et Nicolas pénétrèrent dans le logis de Mme de Lastérieux.

    L'ombre et le silence emplissaient les pièces aux volets refermés. Le hall désert ouvrait sur un corridor qui conduisait aux pièces de réception. À droite, une porte menait à l'office. Au fond, une portière de velours donnait sur le grand salon prolongé à gauche, en angle, par une bibliothèque et un salon de musique. Toujours à main droite, s'ouvrait un petit couloir menant à un boudoir circulaire avant la chambre de Julie. Une garde-robe jouxtait cette pièce et rejoignait des chambres de service en enfilade, qui faisaient retour sur l'office. Les pièces nobles avaient vue sur la rue de Verneuil, le reste sur une cour, puits obscur des retraites ancillaires. Les croisées de la bibliothèque et du salon de musique regardaient la rue de Beaune.
    — Commençons par la chambre, dit Bourdeau.
    Il parcourut du regard le salon et la table encore installée, mais débarrassée, entourée de huit chaises.
    — Tout paraît en

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