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L'Amour Courtois

L'Amour Courtois

Titel: L'Amour Courtois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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l’aspect particulier de la
société celtique à l’intérieur de laquelle la femme jouait un rôle prépondérant.
Même si l’ensemble de cette société est de type indo-européen, c’est-à-dire
patriarcal, des éléments antérieurs particulièrement importants ont survécu et
se font jour dans l’image que se font les Celtes de cette déesse des
commencements : elle est revêtue en effet d’une puissance souveraine et irradiante que chaque être humain s’efforce d’approcher
ou de recueillir. Dans les langues celtiques, le soleil est du genre féminin, ce
qui est révélateur : la déesse des commencements était incontestablement
une divinité solaire féminine dont la dernière incarnation, Grainné (nom qui
provient de grian , « soleil »), se
reconnaît dans le personnage d’Yseult la Blonde, et dans une certaine mesure
dans celui de Guenièvre, dont le nom gallois Gwenhwyfar, signifie « blanc
fantôme » au sens général, « bel aspect » au sens plus précis de
la racine gwen/finn (qui est d’ailleurs la
même que la racine qui a donné Vénus).
    Le caractère solaire de la déesse n’éclipse cependant pas sa
nature tellurique (elle est la Terre-Mère) ni sa fonction fécondatrice (elle
est divinité des Eaux). Ces trois aspects se rejoignent dans le mythe de la
femme-fée qui réside dans une île perdue au milieu de l’océan. Et cette île est
une projection idéalisée, non pas du Paradis perdu, notion totalement inconnue
des Celtes, puisqu’il n’y a pas de péché dans leur problématique, et à plus
forte raison pas de péché originel retombant sur l’humanité, mais du monde futur , du paradis à
réaliser dans un devenir qui n’a point de fin.
    La meilleure description de cette île se trouve dans la Vita Merlini du clerc gallois Geoffroy de Monmouth :
« L’île des Pommiers ou des Pommes (mot à mot des fruits , latin pomorum )
est aussi appelée Île Fortunée parce que toute végétation y est naturelle. Il n’est
point nécessaire que les habitants la cultivent. Toute culture est absente, sauf
celle que fait la nature elle-même. Les moissons y sont riches et les forêts y
sont couvertes de pommes et de raisins. Le sol produit tout comme si c’était de
l’herbe. On y vit cent années et plus. Neuf sœurs y gouvernent par une douce
loi et font connaître cette loi à ceux qui viennent de nos régions vers elles. De
ces neuf sœurs, il en est une qui dépasse toutes les autres par sa beauté et
par sa puissance. Morgane est son nom, et elle enseigne à quoi servent les
plantes, comment guérir les maladies. Elle connaît l’art de changer l’aspect d’un
visage, de voler à travers les airs, comme Dédale, à l’aide de plumes. »
On aura reconnu l’île d’Avallon de la légende arthurienne, d’autant plus que le
mot Avallon provient d’ aval , ou afal qui, en breton et en gallois, signifie « pomme »,
avec tout ce que cela peut comporter d’éléments symboliques. L’île d’Avallon
est le verger merveilleux (que l’on retrouve dans la problématique courtoise) où
règne Morgane, qu’on dit demi-sœur du roi Arthur et disciple de Merlin, mais
qui est en réalité une Morigena (« née de
la mer »), divinité aquatique et solaire, en même temps qu’une Matrona ( Modron en
gallois, c’est-à-dire « maternelle »), c’est-à-dire la Terre-Mère. Cela
fait évidemment penser à la tradition gauloise de l’île de Sein où résidaient
des prêtresses, les Gallicènes, qui vaticinaient, déchaînaient ou apaisaient
les tempêtes, connaissaient les secrets de la nature, et accueillaient – y
compris sexuellement – les navigateurs qui s’échouaient sur leur île.
    Cette île d’Avallon, nous la retrouvons dans la tradition irlandaise.
C’est Émain Ablach ( Ablach étant un dérivé de la même racine qu’ aval ) :
« Des pieds de bronze blanc la supportent, brillant à travers des siècles
de beauté, jolie terre à travers les siècles du monde, où se répandent maintes
fleurs. Un vieil arbre est là avec les fleurs, sur lequel les oiseaux appellent
aux heures […] Ni chagrin, ni deuil, ni mort, ni maladie, ni faiblesse, voilà
le signe d’Émain. Rare est une pareille merveille. » Cette description
enthousiaste est empruntée à la Navigation de Bran, fils
de Fébal , un très ancien texte irlandais qui raconte comment le héros
Bran fut invité par une fée, qui lui avait apporté une branche du pommier

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