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L'Amour Courtois

L'Amour Courtois

Titel: L'Amour Courtois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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abondance d’épithètes diverses a tendance à masquer l’entité
originelle à travers une sorte de flou artistique où il devient malaisé de
discerner les traits du visage réel.
    Les Écritures sont peu loquaces sur le personnage de Marie, mère
de Jésus. Les quatre évangélistes sont d’accord pour la faire assister à la
crucifixion de son fils, mais Marc n’en parle nulle part ailleurs. Jean, qui
est le seul à raconter l’épisode, la met en scène – en lui donnant d’ailleurs
une certaine autorité sur Jésus – au moment des noces de Cana. Matthieu signale
sa grossesse avant son mariage et les doutes de Joseph, puis, très brièvement
la naissance de Jésus. C’est Luc qui s’étend le plus sur le sujet, développant
largement l’annonciation et la naissance. Quant aux Actes des Apôtres, qui sont
apparemment écrits par Luc, ils se bornent à la montrer, après l’ascension de
Jésus, au milieu des apôtres. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle n’occupe
guère le devant de la scène évangélique, et on ne peut qu’être étonné de la
disproportion fantastique qui se révèle entre le modeste passage de Marie à
travers les Écritures et l’importance exceptionnelle du culte marial.
    Il ne s’agit pas ici de discuter du problème de l’existence
réelle et historique de Marie, pas plus que de celle de Jésus. Il est certain
qu’un Jeschua (Jésus), descendant de David, a
eu une existence historique à l’époque d’Auguste et de Tibère, qu’il a eu une
action d’envergure et publique dans la Palestine sous contrôle romain et qu’il
a été condamné non pas par les Juifs (qui d’ailleurs
n’avaient pas le droit de le faire) pour des raisons religieuses, mais par les Romains pour des motifs politiques, comme
l’indique l’inscription INRI (Jésus le Nazaréen Roi des Juifs), en tant qu’agitateur
et ennemi du pouvoir romain. Historiquement, c’est tout ce que nous pouvons
savoir. Le reste est affaire de théologiens. Était-il le Fils de Dieu, comme il
le prétendait – ou comme on prétend qu’il le prétendait – ? Cela n’avait
rien d’original, l’expression « fils de Dieu » étant commune à l’ensemble
des juifs. Était-il Dieu incarné ? C’est ce qu’ont prétendu ceux qui s’affirmaient
ses apôtres, et encore ils ont mis, semble-t-il, un certain temps à l’admettre,
les récits évangéliques en apportent le témoignage. Mais c’est surtout ce qu’a
prétendu Paul de Tarse, juif mais citoyen romain, de langue grecque et de
culture hellénistique, lequel est le fondateur historique du christianisme, son
premier théoricien et donc son premier théologien. À partir de là, une religion
est née et s’est développée avec le succès que l’on sait, reposant sur la figure
fondamentale d’un Jésus-homme qui est à la fois homme et Dieu incarné, et qui, surtout
est Christ ou Messie ,
c’est-à-dire « oint », choisi et marqué par la divinité pour accomplir une mission
auprès des humains. Que Jésus-Christ soit un homme-Dieu, un simple prophète ou
même un simple agitateur politique, cela importe peu ; il est devenu le modèle
parfait de ce que tout être humain doit devenir : un Christ dépassant la
condition humaine et, après sa victoire sur le Mal et la Mort, montrant à
chacun le chemin de l’éternité. Cela, c’est une réalité de la pensée, et c’est
ce qui compte.
    Dans ces conditions, Marie, mère de Jésus, acquiert cette
même valeur de réalité de la pensée. Mais étant donné le rôle effacé qu’elle a
joué dans la vie de Jésus, comment se fait-il qu’elle soit devenue, essentiellement
dans les cultes catholique et orthodoxe, un personnage aussi important et aussi
vénéré, presqu’à l’égal de son fils ? Après tout, la dévotion mariale est
inexistante dans le christianisme primitif, et ce n’est qu’à partir du IV e  siècle qu’elle apparaît provoquant d’ailleurs
des scandales que dénoncent les Pères de l’Église.
    En effet, les sectes gnostiques, dans leur recherche systématique
d’une tradition remontant à la nuit des temps et trouvant son achèvement dans
le message évangélique, eurent très tôt le désir d’invoquer une divinité
féminine, rappelant les antiques déesses-mères, et capable de cristalliser
toutes les pulsions de l’être humain vers la connaissance suprême. Pour les
théoriciens de la gnose, l’Esprit-Saint représentait la Mère de

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