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L'Amour Courtois

L'Amour Courtois

Titel: L'Amour Courtois Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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son fils adoptif, d’autre
part, parce qu’il avait déjà une femme. Il a donc perdu Étaine parce qu’il n’y
avait pas accord véritable. Mais, la seconde fois, c’est lui-même qui entreprend
cette quête, et il arrache, bon gré mal gré, l’accord du mari. Le triangle
ainsi reconstitué, Mider a le droit d’emmener Étaine.
    Il y a aussi une autre raison. Étaine, dans sa première existence,
était une fée, une divinité. Dans sa seconde existence, elle n’est plus qu’une
femme, et de plus elle est l’épouse d’un roi parfaitement humain. Elle est donc
dans un état de déchéance, et seul le dieu Mider peut lui redonner son aspect
divin. C’est dire que si l’homme, le mâle, a besoin de la Femme divine, cette
Femme divine n’est rien sans le mâle qui est son prêtre-amant. Dans l’ensemble
de la tradition irlandaise, il est bien connu qu’aucune fée ne peut agir sans la
présence d’un homme. C’est bien du couple qu’il s’agit et non pas de l’individu
lui-même. Tout se passe comme si la mythologie celtique rendait compte d’une
certitude absolue dans la pensée des peuples celtes : le couple seul peut
transformer le monde. Le tout est de savoir sur quelles bases constituer ce
couple. Et nécessairement, eu égard à l’époque tardive où ces vieilles
histoires ont été recueillies et mises par écrit, le couple prend une
coloration nettement infernale. N’oublions jamais que ce sont les moines
chrétiens d’Irlande et de Grande-Bretagne qui ont transcrit les vieilles
épopées païennes de leurs ancêtres.
    Cela dit, il arrive même que l’union entre la maîtresse et l’amant
prenne des aspects vraiment platoniques. Un exemple est caractéristique, celui
qui concerne le héros gallois Pwyll, en qui on peut facilement reconnaître l’archétype
du Roi-Pêcheur Pellès de la Quête du saint Graal.
    Il s’agit de l’aventure racontée dans le début de la
première branche du Mabinogi gallois, recueil
de contes remontant au plus profond de la tradition bretonne. Pwyll, prince de
Dyvet, s’écarte un jour d’une chasse. Il voit une autre meute de chiens chasser
un cerf. Il écarte cette meute et s’empare du cerf. Un homme lui apparaît alors,
le propriétaire de cette autre meute, qui déclare se nommer Arawn, chef d’Annwfn,
et qui lui demande réparation pour l’outrage qu’il a subi.
    Le nom d’ Annwfn est
révélateur : c’est le terme gallois pour désigner l’Abîme originel, autrement
dit l’Autre Monde, le « royaume des morts », à la façon du sidh irlandais qui désigne le monde de la « paix ».
En bref, Arawn demande à Pwyll de le débarrasser d’un rival ; c’est à ce
prix qu’il pourra se racheter et obtenir son amitié. Cela paraît une simple
compensation du type de celles qui avaient cours très souvent dans la société
celtique primitive. Mais en réalité, il s’agit bel et bien d’une épreuve
initiatique. Car Pwyll devra non seulement prendre la place d’Arawn dans son
royaume, pendant un an, mais il devra également revêtir l’aspect d’Arawn et
faire en sorte que personne ne s’aperçoive de la substitution, pas même la
propre épouse d’Arawn. Situation scabreuse s’il en fut. Pwyll prend donc la
place et l’aspect d’Arawn, tandis qu’Arawn prend la place et l’aspect de Pwyll
dans le royaume de Dyvet.
    Pwyll est émerveillé de la splendeur de la cour d’Annwfn :
« C’était bien de toutes les cours qu’il avait vues au monde la mieux
pourvue de nourritures, de boissons, de vaisselle d’or et de bijoux royaux. »
Cela évoque bien entendu la richesse légendaire de l’Autre Monde. Pwyll
commence par se laisser vivre et profite au maximum des richesses de son
royaume provisoire. Mais vient le moment du coucher. Le pseudo-Arawn a toute sa
liberté : aucune interdiction ne lui a été faite par le véritable roi. La
reine d’Annwfn est particulièrement belle et désirable. Pwyll pourrait agir
comme Uther Pendragon, que Merlin, par sa magie, a revêtu des traits du comte
de Cornouailles, et qui en profite pour avoir des relations sexuelles avec la
comtesse Ygerne (et concevoir ainsi le futur roi Arthur) ; il n’en fait
rien. « Aussitôt qu’ils furent au lit, il lui tourna le dos et resta le
visage fixé vers le bord du lit, sans lui dire un seul mot jusqu’au matin. Le
lendemain, il n’y eut entre eux que gaieté et aimable conversation. Mais quelle
que fût leur affection pendant le jour,

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