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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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trouve ce Royaume sans Nom pour lequel j’ai quitté la cour du roi Arthur. »
    Le chevalier devint tout pâle. « Seigneur ! s’écria-t-il, quelle mauvaise idée as-tu là ! Pourtant, je te dirai la vérité, j’en prends Dieu à témoin. Même en connaissant le chemin qui mène à Rigomer, et ce n’est pas mon cas, on aurait du mal à y arriver en moins de trois semaines et quatre jours. Je peux te dire que Rigomer n’a pas de roi, mais une reine, une noble demoiselle de grande beauté, frappée de bien des maléfices. Ah ! Rigomer est un royaume maudit ! Ce n’est pas que j’y sois allé ou que je veuille le faire, Dieu m’en garde, mais j’en ai si souvent entendu parler. Jamais un chevalier n’en est revenu sans déshonneur, ni d’horribles blessures ! Avant d’y arriver, nombre de grands périls se dressent sur sa route. À droite, coule une eau profonde qui risque à chaque instant de vous engloutir. À gauche, se dresse une forêt très sombre dont on ne revient pas. Insensé est celui qui persiste à vouloir l’atteindre. Chevalier, si tu m’en crois, il existe mieux à faire pour conquérir gloire et honneur.
    — Explique-moi, gentil seigneur. – En ce pays, il y avait un grand seigneur qui avait épousé une femme venue de Cornouailles, et qui mourut sans héritier. Son neveu a pris légalement possession de sa terre, mais il veut léser à tort la veuve : il prétend en effet récupérer son douaire sous prétexte qu’elle est étrangère et n’a pas de parents pouvant répondre d’elle. Personne encore ne s’est proposé pour la défendre. Si tu veux m’en croire, renonce à tes folies au sujet de Rigomer et apporte ton aide à cette dame qui en a bien besoin.
    — Seigneur, si tu me garantis que la dame est dans son droit, je lui porterai secours sur-le-champ. – Seigneur, c’est la vérité, et son douaire est légitime. – C’est bon, dit Lancelot. À quel moment doit se régler l’affaire ? – Demain matin », répondit l’hôte. Et tous deux allèrent prendre quelque repos.
    Le jour venu, ils se rendirent à l’assemblée qui était présidée par le prévôt du roi, devant une grande assistance de dames et de chevaliers. Des notables et des chevaliers étaient les défenseurs et les avocats du chevalier, mais la dame, en vérité, n’avait trouvé personne pour défendre sa cause et l’assister. Elle déplorait son triste sort, quand l’épouse du chevalier qui avait hébergé Lancelot s’approcha d’elle et lui suggéra à l’oreille de demander comme défenseur celui qu’elle verrait à côté de son mari. Intriguée par ces paroles, la dame, qui n’avait rien à perdre, fit comme l’autre lui disait. Alors Lancelot emmena la plaignante à l’écart et la conjura sur son âme de lui dire s’il pouvait, lui, Lancelot, prêter serment en faveur de sa cause. Elle lui tendit la main et jura de sa bonne foi. Lancelot revint vers l’assemblée, qui avait les yeux fixés sur lui. Le neveu de la dame déclara alors avec arrogance qu’il enfoncerait son pieu dans l’œil de celui qui oserait dire un seul mot contre lui. Indignée et désemparée, la dame se mit à pleurer à chaudes larmes, tant et si bien que le prévôt déclara que, dans ces conditions, il y aurait combat entre les deux chevaliers.
    La rencontre eut lieu dans une vaste prairie. Aussi fiers, superbes et braves l’un que l’autre, ils éperonnèrent leurs montures et bataillèrent rudement jusqu’au moment où Lancelot, levant son épée sur son adversaire, manqua son but. L’épée glissa, descendit et coupa la partie du pied qui dépassait de l’étrier. « Vassal ! s’écria Lancelot, pour continuer tes méfaits, il te faudra porter un pied en bois ! », exclamation qui ne fut guère du goût de son adversaire qui se précipita sur lui avec rage. Mais sa blessure lui faisant perdre beaucoup de sang, il ne tarda pas à faiblir et bascula par-dessus la croupe de son cheval. Le prévôt, ne pouvant que constater que Lancelot était le vainqueur, fit arrêter le combat. La dame eut donc son douaire, exonéré de toute redevance, et le neveu, en compagnie de tous ses parents, vint faire sa paix avec Lancelot et se déclara son homme lige. Cependant, par serment, Lancelot lui fit promettre, dès qu’il serait guéri, d’aller se mettre à la disposition de la reine Guenièvre, à la cour du roi Arthur. Chacun admira la prouesse et la générosité de Lancelot et il se vit

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