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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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fauteuil qui se trouvait en haut de la table. Elles lui passèrent l’eau pour qu’il pût se laver les mains, lui servirent les mets les plus appétissants qu’il eût mangés. Il se restaura et but longuement, puis tout ragaillardi, suivit les deux jeunes filles qui le menèrent dans une chambre où elles le firent étendre sur un bon lit douillet. Là, elles le massèrent doucement jusqu’au moment où il sombra dans un profond sommeil.
    Le lendemain, à son réveil, on le baigna et on l’habilla, après avoir frotté ses plaies avec un onguent aussi odorant que le piment, mais qui cicatrisait et ne laissait aucune trace, aucune douleur. Il demanda ses armes et on les lui apporta, étincelantes d’avoir été nettoyées. Enfin, les jeunes filles lui amenèrent son cheval tout sellé. « Qui es-tu ? demanda-t-il à la Dame venue l’accompagner au-dehors. – Il ne te servirait à rien de le savoir, Lancelot ! répondit-elle en souriant. – Comment connais-tu mon nom ? demanda-t-il. – Peu importe, dit la Dame, l’essentiel est que tu aies passé une bonne nuit. Je connais le but de ton voyage. Tu atteindras la cité de Rigomer dans deux jours, mais, là-bas, tu ne seras pas au bout de tes peines. Je peux te dire encore une chose, Lancelot, fils du roi Ban de Bénoïc : tu es peut-être le meilleur chevalier du monde, mais ce n’est pas toi qui mettras un terme aux merveilles de Rigomer. C’est tout. Tu peux aller, maintenant. Prends le chemin sur ta droite et suis-le. Que Dieu te protège ! » Lancelot s’inclina devant la mystérieuse Dame sans nom et, remonté sur son cheval, prit la direction qu’elle lui avait indiquée.
    Prenant grand soin de ne pas s’écarter de sa route, il ne rencontra que landes désertes et forêts très sombres, jusqu’à l’heure où le soleil déclinant, il atteignit une vaste demeure avec une large entrée, de solides murailles et une enceinte faite de lourds branchages, le tout surplombé par une grosse tour bâtie sur le roc. Dans la basse-cour, cependant, se trouvait une construction en bois, belle entre toutes (52) , qu’on habitait en temps de paix, la tour servant de refuge en cas de danger ou de guerre. Devant la porte, une poterne et un fossé profond avec un pont-levis servaient de protection supplémentaire.
    Lancelot entra et vit dehors un grand nombre de dames, de chevaliers, de jeunes filles et d’écuyers qui s’affligeaient, pleuraient et se tordaient les mains. Le voyant venir, tous se portèrent à sa rencontre en manifestant une joie intense, le plus près de Lancelot le saluant chaleureusement au nom du seigneur du lieu. Lancelot mit pied à terre et rendit aimablement son salut à la ronde, puis demanda qu’on voulût bien pourvoir à son logement, demande inutile tant la joie éclatait dans les regards.
    On l’emmena donc à l’intérieur de la maison de bois, où l’on alluma quinze chandelles, superbe luminaire à voir assurément. De grosses et longues bûches brûlaient dans l’âtre et, à côté, un beau lit était dressé, avec des pieds d’argent massif, un chevet et des rebords garnis d’émaux et de pierres précieuses. Un chevalier d’âge vénérable y était étendu. Il était affligé d’une grande infortune, car il portait une plaie ouverte à sa tête encadrée de cheveux blancs, cela depuis trente ans accomplis qu’il avait été blessé. C’était le seigneur du château, et quand il vit Lancelot, il l’accueillit avec allégresse. La compagnie qui l’entourait était nombreuse et magnifique, car il était de grande noblesse et ses trois fils chevaliers, tous trois mariés, et richement dotés, ne le quittaient guère pour le soutenir et le réconforter (53) .
    Quand Lancelot fut désarmé, rafraîchi et remis des meurtrissures de son haubert, le vieillard demanda qu’il vînt s’asseoir auprès de lui. Le repas fut bientôt prêt et Lancelot mangea de bon appétit. Quand il eut terminé, on commença à parler de choses et d’autres et à réciter des poèmes sous l’œil attentif de Lancelot qui regardait le vieillard et se posait des questions. « Seigneur, finit-il par lui demander, si j’osais, je t’interrogerais sur un hôte que j’ai eu il y a quelque temps et auquel tu ressembles trait pour trait, à cela près que la souffrance a marqué ton visage. C’est à croire que vous êtes le même homme. »
    Lancelot pensait au vicomte qui l’avait reçu si généreusement. Le vieillard

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