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Lancelot du Lac

Lancelot du Lac

Titel: Lancelot du Lac Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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n’oubliant pas de faire venir des jongleurs. Et, pour récompenser la femme qui était venue lui tenir compagnie dans ses plus beaux habits, il lui fit remettre un surcot et un manteau d’écarlate fourré de vair, dont elle fut si contente qu’elle s’en revêtit immédiatement, appelant son mari pour qu’il pût l’admirer ainsi parée.
    À la tombée de la nuit, le Blanc Chevalier fit allumer tant de torches et de chandelles dans la grange qu’on eût cru que celle-ci flambait. Puis, il fit asseoir les jongleurs d’un côté. Vers la fin du repas, les ménestrels commencèrent à chanter en s’accompagnant de la viole ou de la harpe, et les acrobates se mirent à faire des tours, de telle sorte qu’il y eut grand bruit dans toute la ville. Curieux de voir ce qui se passait, les chevaliers du palais vinrent regarder à la porte, mais le Blanc Chevalier fit semblant de ne pas les voir.
    La Dame de Nohant fut bientôt avertie de cette fête, et quand elle sut que le champion envoyé par le roi Arthur soupait si joyeusement en son logis, elle s’informa et apprit ainsi qu’on ne lui avait offert chez elle ni à boire ni à manger, et que nul serviteur ne s’était soucié de lui. Elle en fut toute honteuse, regrettant de ne pas l’avoir reçu en grand honneur. « Au nom de Dieu, lui dit son sénéchal, ce n’est pas en pleurant qu’on retient les chevaliers étrangers, mais par de belles paroles, des joyaux et des cadeaux ! Aurait-il été le pire homme du monde, tu devais l’accueillir à grande joie et le prier de manger à ta table, puisqu’il était envoyé par le roi, ton seigneur ! – Je vois bien que j’ai fait une folie, répondit la Dame. Mais je croyais qu’il s’était restauré avec mes chevaliers. – Tu le croyais, mais tu ne t’en es pas assurée ! Même si nous ignorons son nom, il est peut-être de meilleur lignage que nous ne le pensons, et, de toute façon, tu n’aurais rien perdu à le faire asseoir à ta table ! »
    À ces mots, la Dame de Nohant se mit à pleurer et à se lamenter. Mais le sénéchal la rudoya en ces termes : « Femme, il ne sert à rien de pleurer puisque le mal est fait. Allons plutôt le trouver, parlons-lui et faisons en sorte qu’il ne soit plus fâché de notre attitude ! » Ils se hâtèrent vers le logis du Blanc Chevalier. Dès qu’ils entrèrent, les jeux s’arrêtèrent et les convives se levèrent respectueusement devant eux. Mais le Blanc Chevalier fit semblant de ne pas les voir. Alors, son hôte, le bronzier, à qui il venait de donner une belle coupe en argent, le tira par sa robe avec une telle insistance qu’il dut se retourner. Feignant de reconnaître tout à coup la Dame de Nohant, il lui souhaita la bienvenue, la prit par la main et la fit asseoir auprès de lui, ainsi que le sénéchal. Son hôte, qui était serf, voulut se lever, mais Lancelot l’en empêcha, disant tout haut que personne ne lui avait fait meilleur accueil depuis son arrivée à Nohant, ajoutant que s’il avait été chez le roi Arthur, il aurait demandé à celui-ci de l’affranchir.
    Quand elle eut entendu ces paroles, la Dame de Nohant dit : « Seigneur chevalier, pour l’amour de toi, j’affranchis cet homme. Et je te prie, par le saint nom de Dieu, de ne pas me tenir rancune et de me pardonner l’offense que je t’ai faite en te recevant si mal dans mon palais. – Dame, répondit Lancelot, je suis venu pour l’amour de mon seigneur, le roi Arthur, et non pour une autre raison. J’accomplirai ce que je pourrai en son honneur, et je n’ai point de rancune, n’ayant rien à demander à personne, car nul ne me doit rien ! » Le sénéchal intervint : « Seigneur, dit-il, ma Dame voudrait t’héberger en son hôtel. Elle t’en prie humblement. – Je la remercie, répondit Lancelot, mais je suis très bien ici, et je ne vois pas pourquoi je déménagerais. » Et, pendant que les ménestrels chantaient, ils devisèrent quelques instants. Quand la nuit fut bien avancée, la Dame prit congé du Blanc Chevalier et revint à son palais avec le sénéchal.
    Cette nuit-là, la Dame de Nohant ne trouva guère le sommeil. Elle était contrariée d’avoir méprisé le Blanc Chevalier et, d’un autre côté, elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver pour lui une grande admiration, à tel point qu’elle se mit à l’aimer d’amour. Restant éveillée, elle se tourna et se retourna dans son lit, en proie à un violent désir pour ce

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