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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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médaille. Nous ne souhaitions pas lui imposer une dissimulation et une insincérité qui, chez un homme si droit, risque toujours d’être remarquée et le gêner dans son action…
    Nicolas s’inclina.
    — Il reste que l’expédition s’est conclue, je le répète, par un succès qui écarte, pour un temps car l’hydre renaît toujours, de redoutables périls. Nous savons qui fournissait ces troubles informations. Le vicomte de Trabard, moyennant finances, était l’œil et la langue de vipère au service des folliculaires réfugiés en Angleterre. De gênants secrets sont désormais en cendres. L’homme privé peut regretter cette violence, l’homme de gouvernement, hélas, doit envisager tous les moyens, y compris les plus rudes. Je pense que votre  ami , lord Aschbury, ne sera pas dupe et se mordra les doigts de n’avoir pas prévu des faits qui se sont déroulés sur son territoire. Cependant, comme l’affaire était essentiellement française, il s’en consolera aisément. Monsieur, prenez cependant vos gardes, l’animal est rancunier… Je rentre à Versailles. Monsieur, faites plaisir à Sa Majesté et venez dès que vous le pourrez Lasatisfaire d’un récit bien ménagé dont vous La réjouirez. Messieurs, je vous salue.
    D’un pas mesuré et majestueux, M. de Vergennes sortit du bureau.
    Sans aucun égard pour Le Noir et Semacgus, Sartine attira Nicolas vers une croisée et lui parla à voix basse.
    — Vous pouvez imaginer le bonheur que j’éprouve à vous revoir sain et sauf.
    — Je vous remercie, monseigneur. C’est le compliment du radjah à la chevrette !
    — Comment ? Que dites-vous là ? La fatigue sans doute…
    — Oh ! Une vieille histoire de Semacgus qui, comme vous le savez, a parcouru le monde. Aux Indes orientales, il a un jour participé à une chasse au tigre. Pour attirer le fauve, on attache une innocente chevrette à un pieu…
    — Loin de moi l’idée…
    — Ce n’est pas la première fois…
    — Rendez-moi cette justice que, chaque fois, je prends les mesures appropriées pour qu’il ne vous survienne rien de fâcheux.
    — De justesse ! Et quelques basses. Et cela devient une habitude !
    — Seul l’infini, Nicolas, ne connaît pas de vicissitudes !
    — Je n’ai pas ce genre d’orgueil. Mais, monseigneur, une question. Pourquoi avoir compromis Antoinette dans cette équipée ?
    Sartine se retourna et jeta un coup d’œil à la fois inquisiteur et furieux sur Semacgus.
    — Ne pouvait-il tenir sa langue, celui-là ?
    — Ne l’accusez point. Il y avait un mouchoir dans ma poche qui ne m’appartenait pas.
    L’irritation de Sartine semblait évanouie. Il prit Nicolas par le bras et, comme s’il voulait se préserver lui-même d’une émotion qui le gagnait, se confia à voix basse.
    — Pourquoi vous méprenez-vous toujours sur les mobiles de mes actions ? Je sais les choses et les comprends mieux que vous ne le soupçonnez. Je connais votre attachement pour la mère de votre fils. Il est tout à votre honneur. Nul dans ce domaine n’est à même de juger autrui…
    — Mais, monseigneur, je ne…
    — Laissez-moi parler. Dans cette délicate entreprise, je souhaitais laisser une part au sentiment. Tout avait été machiné sur mes ordres pour qu’Antoinette Godelet pût vous rencontrer. Hélas ! Pour des raisons inhérentes aux événements de l’abbaye, vous n’étiez pas en état de bénéficier de cette surprise. Et je dois vous garantir, parole de gentilhomme, que tout a été mis en place pour qu’elle ne puisse être soupçonnée. Une autre Antoinette assistait à un bal masqué – masqué, vous entendez – à Hamilton Court. Voilà, monsieur, ce que votre radjah peut vous dire ! Que la chevrette se rassure. Une intervention du Service anglais était ma plus grande hantise.
    — Lord Aschbury m’a fait entendre qu’il me faisait suivre…
    — C’est pourquoi nous le suivions nous-mêmes. Il y eut deux Antoinette et deux Nicolas. Les Anglais ont été bernés comme de juste. Lorsqu’ils s’en sont aperçus, il était trop tard, vous aviez déjà embarqué sur La Fringante avec votre ami Rivoux. Il vous doit tout, celui-là !
    Sartine soupira. Il eut une expression tellement désarmée que Nicolas en fut touché.
    — Monseigneur, je vous suis reconnaissant d’avoir songé à cela et vous demande de croire que…
    — Bon, bon, laissons cela, reprit Sartine sur un ton d’ imperator excédé qui ne

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