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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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peu ! Le tout argumenté de planches obscènes et de couplets de Noël qui intéressent l’honneur du roi, de la reine, du duc de Coigny et de Mme de Polignac. Et le pire pour vous est à venir…
    — Comment, pour moi !
    — Hélas ! Nicolas. À mots couverts il est question d’un marquis espion qui aurait eu un enfant avec… avec… une fille galante. Imaginez votre position si cela venait à se répandre et surtout le drame pour votre fils, le vicomte de Tréhiguier.
    Soudain, le lieutenant général de police vit Nicolas pâlir à son tour et tituber comme frappé par la foudre. Il se précipita, le prit à bras le corps et le porta presque jusqu’à un fauteuil. Il alla prendre un petit flacon dans un tiroir de son bureau, en versa le contenu d’un dé à coudre dans un petit verre et le fit avaler au commissaire.
    — Je comprends votre émotion. Cela va-t-il mieux ?
    — Pardonnez cet étourdissement, mais cette nouvelle…
    — C’est bien mon tour de vous porter aide. C’est ma faute. J’aurais dû prendre davantage de précautions.
    Les images et les pensées se bousculaient en une danse effrénée dans la tête de Nicolas. Il entrevoyait la suite redoutable des conséquences, non pour lui, mais pour son fils. Il sentit s’appesantir sur sa poitrine la main du malheur.
    — Rassurez-vous, rien n’est public, rien n’est su. Nous sommes dans le système de chantage habituel. Nous connaissons bien le petit groupe qui à Londres fait métier de ces horreurs. Il faudrait écraser d’un coup de talon ces insectes au lieu de les payer comme l’habitude s’en est malheureusement établie.
    Et Le Noir de torturer du soulier le tapis de la Savonnerie qui décorait son bureau.
    — Ils œuvrent sous le couvert des Anglais qui s’en félicitent et font leurs choux gras de ces trames. Ici nous avons des moyens : on perquisitionne chez la personne supposée être l’auteur ou le fauteur et si l’on trouve l’ouvrage, le voilà convaincu. La Bastille l’attend. Nicolas, essayons de réfléchir froidement sur votre cas. Qui connaît le secret de la naissance de Louis ?
    — Hélas ! Trop de monde, je le crains. En dehors de moi-même, de sa mère, vous, monseigneur, M. de Sartine, M. de Noblecourt, Bourdeau, le docteur Semacgus, la Paulet, tenancière du Dauphin couronné , c’est tout je crois. Et bien sûr Aimée d’Arranet à qui j’ai fini par le révéler.
    — Mon Dieu, autant dire tout le monde !
    — Il faut y ajouter, j’en suis persuadé, le roi.
    — Cependant il me semble avoir appris par Sartine que vous n’aviez connu votre paternité que fort tardivement. De quelle manière cette découverte se fit-elle ?
    Comment avait-il pu oublier ce moment, l’effacer de sa mémoire ? Soudain il se revit marchant dans Londres après un entretien avec l’affreux Morande 7 . Il se heurte à une femme en robe rouge et mantelet de lapin. Tous les détails resurgissaient. Elle lui demande des nouvelles de son fils, c’est ainsi qu’il apprend ce qu’Antoinette n’a cessé de lui cacher. Comment la fille s’appelait-elle donc ? Il cherche dans sa mémoire. La lumière se fait.
    — La Présidente ! Oui, la Présidente.
    — Comment ? demanda Le Noir.
    — C’est une fille galante exilée à Londres, l’amie d’Antoinette Godelet, la Satin, qui a mangé le morceau.
    — Est-elle encore à Londres ?
    De nouveau Nicolas replongea dans un passé pourtant proche. Des bribes faisaient surface.
    — Je crois qu’elle est revenue. La Paulet lui avait confié la direction du Dauphin couronné . Peu satisfaite, elle l’avait renvoyée. C’était en 1775.
    — Voilà la suspecte idéal ! Et la Paulet ?
    — Elle a bien des défauts et quelques vices, mais je la crois fidèle et capable de conserver un secret. Elle préférerait se faire couper la langue. N’oubliez pas qu’elle a veillé sur Louis enfant. Enfin, nous lui demanderons. Elle est à même d’ailleurs de nous éclairer sur ce qu’est devenue la Présidente.
    — Voilà pour vous, mais il y a bien pire encore.
    — Comment, bien pire ! s’écria Nicolas qui trouvait déjà la coupe bien pleine.
    Le Noir eut ce mouvement qu’avaient toujours ceux qui vont révéler un secret. Il marcha à pas de loup jusqu’à la porte du bureau, posa son oreille contre sa boiserie et l’ouvrit brusquement. Rassuré, il se rapprocha de Nicolas, poussa un fauteuil contre le sien et prit la parole à voix

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