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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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murs de La
Roche-Derrien, interrompues de temps à autre par la peur et l’excitation de
quelques assauts dispersés. Empêchés par les douves d’investir les murailles
d’Evecque, ces soldats n’avaient d’autre choix que l’attente et l’espoir
d’obtenir la reddition de la garnison par la disette, ou de l’attirer dans une
sortie en brûlant des fermes. Mais peut-être attendaient-ils simplement une
pièce de bois sec pour réparer le bras cassé de la machine de guerre
abandonnée.
    Au moment où les deux amis s’apprêtaient à quitter leur
poste d’observation, les soldats rassemblés autour de ce que Thomas avait pris
pour une table basse se levèrent brutalement et se précipitèrent vers l’église.
    — Au nom du Ciel, qu’est-ce que c’est que ça ?
s’exclama Robbie.
    En réalité, ce n’était pas une table, mais une énorme jarre
couchée dans un lourd châssis de bois.
    — C’est une bombarde ! s’exclama Thomas, incapable
de cacher son effroi.
    À peine avait-il prononcé ces mots que le canon fit feu et
que la grande jarre de métal, ainsi que son châssis, disparurent dans un nuage
de fumée noire. Du coin de l’œil, il vit une pierre tomber de l’angle endommagé
du manoir. Au roulement de tonnerre qui s’éleva sur la colline, des centaines
d’oiseaux s’envolèrent des haies, des chaumes et des arbres. C’était ce
grondement qu’ils avaient entendu plus tôt dans l’après-midi. Le comte de
Coutances avait réussi à se procurer un canon, et il s’en servait pour
grignoter le manoir. Les Anglais avaient utilisé des bombardes l’été précédent,
et pourtant, ni les canons ni les efforts des artilleurs italiens, malgré toute
leur bonne volonté, n’avaient eu d’effet sur le château de Caen. Et
effectivement, après la lente disparition de la fumée, les deux jeunes gens
constatèrent que le boulet n’avait eu que peu d’impact sur le manoir. Le bruit
de tonnerre qu’il produisait paraissait plus violent que le projectile
lui-même. Mais si les artilleurs du comte parvenaient à projeter assez de
pierres, sans doute la maçonnerie finirait-elle par céder et la tour par
s’effondrer dans le fossé, dans un chaos de pierres qui formeraient un gué et
permettraient de franchir l’eau des douves. Pierre par pierre, fragment par
fragment, à raison de trois tirs par jour, les assiégeants en arriveraient à
affaiblir la tour et à se frayer un passage dans Evecque.
    Un homme sortit de l’église en faisant rouler un petit
baril, mais un autre lui fit signe de revenir et le baril fut rentré à
l’intérieur. Sans doute le saint lieu avait-il été transformé en entrepôt de
poudre, et l’homme avait-il été rappelé parce que les artilleurs avaient envoyé
leur dernier projectile de la journée et ne rechargeraient pas avant le
lendemain matin.
    Une idée germa alors dans la tête de Thomas. Mais il la
repoussa aussitôt, tant elle lui parut irréalisable et folle.
    — Tu en as vu assez ? demanda-t-il à Robbie.
    — C’est la première fois que je vois une bombarde.
    Le jeune Écossais regardait fixement la machine de guerre,
comme s’il espérait la voir cracher un nouveau boulet séance tenante.
    Mais Thomas savait que c’était peu probable. Charger une
bombarde prenait beaucoup de temps, et, une fois la poudre noire introduite
dans son ventre et le projectile dans le col, le canon devait être scellé avec
de la terre argileuse humidifiée. L’argile, destinée à confiner l’explosion qui
propulsait le projectile, mettait du temps à sécher avant la mise à feu. Aussi
était-il peu vraisemblable qu’il y eût un nouveau tir avant le matin.
    — Cette machine, elle cause plus d’embarras qu’elle n’a
d’avantages, maugréa Robbie lorsque Thomas lui en eut expliqué le
fonctionnement. Donc, tu penses qu’ils ne vont plus tirer ?
    — Ils vont attendre jusqu’à demain.
    — Alors j’en ai vu assez.
    Ils se faufilèrent en silence à travers les hêtres et
retrouvèrent leurs chevaux sur la crête. Ils se remirent en route à la nuit
tombante. Une demi-lune froide et lointaine brillait dans le ciel et la nuit
était glaciale, si glaciale qu’ils résolurent de se risquer à allumer un feu.
Ils firent de leur mieux pour le cacher en se réfugiant au creux d’un petit
ravin assez profond, où ils construisirent un toit rudimentaire fait de
branchages recouverts de mottes de terre arrachées à la hâte. Le feu scintillait
à

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