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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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comme lui des signes de présence, se contenta
d’opiner du chef en silence.
    Ils laissèrent leurs chevaux dans un taillis de noisetiers,
puis montèrent à l’assaut d’une longue colline boisée. Derrière eux, le soleil
couchant projetait leurs ombres sur les feuilles mortes. Arrivés à la crête,
ils furent accueillis par un pic-vert à la tête rouge et aux ailes striées de
blanc qui tournoya très bas au-dessus d’eux. De là-haut, on avait vue sur le
village et le manoir d’Evecque.
    Thomas fut surpris par l’aspect du manoir. Il pensait
trouver une bâtisse semblable à celle de sir Giles Marriott, composée d’une
grande pièce de la taille d’une grange et de quelques dépendances recouvertes
de chaume, mais Evecque avait tout d’un petit château. L’un des angles était
même surmonté d’une petite tour carrée dûment crénelée et ornée de la bannière
aux trois faucons, pour bien signifier que messire Guillaume n’était pas encore
battu. Mais le meilleur atout du manoir, c’était son fossé, large et recouvert
d’une épaisse couche d’algues vert vif. Les hautes murailles du château
sortaient tout droit de l’eau, interrompues par quelques ouvertures, étroites
meurtrières. Le toit était recouvert de chaume et incliné vers une petite cour
intérieure. Les assiégeants, dont les tentes et les abris se dressaient dans le
village au nord du manoir, avaient réussi à mettre le feu au toit par
endroits ; mais les défenseurs de messire Guillaume, même peu nombreux,
avaient trouvé le moyen d’éteindre les flammes, car une petite partie seulement
du chaume était détruite. Sans doute ces défenseurs, invisibles pour le moment,
étaient-ils en train de les épier, postés derrière les petites taches noires
que formaient les meurtrières contre la pierre grise. La construction n’était
pas endommagée, à l’exception de quelques pierres cassées dans un angle de la
tour, dont la maçonnerie paraissait avoir été grignotée par quelque bête
monstrueuse. C’était probablement l’œuvre de la machine de guerre mentionnée
par le père Pascal ; mais l’arbalète géante avait dû se rompre une fois de
plus, et irrémédiablement, car Thomas l’aperçut, gisant en deux morceaux
gigantesques, dans le champ qui jouxtait la petite église du village. Elle
n’avait pas eu le loisir de causer beaucoup de dommages avant la rupture de son
affût. Thomas se demanda si la façade est du bâtiment, invisible du haut de la
colline, avait été plus atteinte. L’entrée principale du manoir était
certainement de ce côté, avec, sans doute, le gros du siège.
    Les deux jeunes gens n’aperçurent qu’un petit nombre
d’assiégeants, la plupart paisiblement assis devant les maisons du village. Une
demi-douzaine de soldats étaient regroupés autour de ce qui semblait être une
petite table dans le cimetière entourant l’église. Aucun d’eux ne se risquait à
moins de cent cinquante pas du manoir. Sans doute les défenseurs avaient-ils
réussi à faire mouche avec leurs arbalètes, d’où la prudence des rescapés.
    Le village lui-même n’était guère plus grand que Down
Mapperley, et, de même que le petit village du Dorset, il était doté d’un
moulin à eau. Une douzaine de tentes et une vingtaine de petits abris en terre
se dressaient au sud des habitations. Thomas fit une grossière estimation du
nombre de soldats et arriva au résultat d’environ cent vingt hommes.
    — Que faisons-nous ? s’enquit Robbie.
    — Rien pour le moment. Nous nous contentons d’observer.
    Ce fut une surveillance fastidieuse, car l’activité était
fort réduite. Ils aperçurent quelques femmes munies de seaux près du moulin à
eau ; d’autres faisaient la cuisine dehors, sur des feux, ou ramassaient
des vêtements mis à sécher sur les haies entourant les champs.
    La bannière du comte de Coutances, ornée d’un sanglier noir
sur un champ blanc parsemé de fleurs bleues, claquait au vent sur un mât de
fortune devant la plus grande maison du village. Six bannières différentes
étaient installées sur les toits de chaume, indiquant que d’autres seigneurs
étaient venus partager le butin.
    Une demi-douzaine d’écuyers ou de pages entraînaient des
chevaux de guerre dans un pré derrière le campement, mais le reste des
assiégeants se contentait de patienter. Décidément, les sièges étaient d’un
ennui mortel. Thomas se rappela ses journées de paresse sous les

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