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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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sacrément
dangereux !
    La barque s’éloigna. Les flèches de Thomas avaient été
largement plus efficaces que les carreaux d’arbalète car elles avaient été
tirées depuis un grand bâtiment beaucoup plus stable que les barques étroites
et surchargées de leurs ennemis. Il n’y avait eu qu’un seul tué parmi eux, mais
le rythme soutenu des premières flèches avait semé la terreur parmi les rameurs
qui, s’ils étaient incapables de voir d’où provenaient les projectiles,
entendaient en revanche le sifflement des empennages et les cris des blessés.
    Les deux autres barques prirent la troisième en charge et
les arbalétriers pointèrent leurs armes.
    Thomas sortit une flèche de son sac, inquiet de ce qui se
passerait lorsqu’il n’aurait plus de munitions. C’est à ce moment qu’un
tourbillon de petites rides trahit l’imminence de l’arrivée d’un vent. Un vent
d’est, qui plus était, le plus improbable de tous les vents sur cette mer, et
pourtant bien réel. La grande voile brune du Pentecôte se gonfla et
retomba, puis se gonfla à nouveau, et soudain, le bateau s’éloigna de ses
poursuivants et l’eau se mit à clapoter sur ses flancs. Les hommes de Coutances
actionnèrent leurs rames avec frénésie. « Baissez-vous ! » cria
messire Guillaume. Thomas se baissa derrière le bastingage pour éviter une
volée de carreaux, dont les uns vinrent s’abattre sur la coque et les autres
montèrent, déchirant la voile. Villeroy cria à Yvette de se mettre à la barre,
puis affala la grand-voile avant de plonger dans la cabine, pour remonter avec
une immense et antique arbalète qu’il arma avec un long levier de fer. Il
introduisit un carreau rouillé, puis tira sur le poursuivant le plus proche.
    — Chiens enragés ! rugit-il. Fils de
chiennes ! Vos mères forniquaient avec des chiens ! Bâtards de
putains !
    Il réarma, chargea un nouveau projectile rouillé et tira,
mais le trait s’enfonça dans l’eau.
    Le Pentecôte gagna de la vitesse et fut bientôt hors
de portée des arbalètes.
    Le vent enfla et le bateau filait loin de l’ennemi. Les
trois barques avaient commencé à remonter le chenal dans l’espoir que la marée
et un éventuel vent d’ouest leur ramèneraient leur proie, mais le vent venant
de l’est, les rameurs n’étaient pas de taille à lutter. Aussi abandonnèrent-ils
la chasse. Mais au moment où ils renonçaient, deux nouveaux poursuivants firent
leur apparition à l’embouchure de l’Orne. Deux grands bateaux équipés de
grandes voiles carrées, pareilles à la grand-voile du Pentecôte , étaient
en train de sortir en mer.
    — Celui qui est devant, c’est le Saint-Esprit ,
annonça Villeroy, dont les yeux de marin reconnaissaient les bateaux à
distance, et l’autre, c’est la Marie. La Marie, elle est rapide
comme une truie prête à mettre bas, mais le Saint-Esprit , il va nous
rattraper.
    — Le Saint-Esprit  ? répéta sir Guillaume,
visiblement abasourdi. Jean Lapoullier ?
    — Et qui voulez-vous que ce soit d’autre ?
    — Je le prenais pour un ami !
    — Oui, c’était un ami, tant que vous possédiez de la
terre et des écus, mais que vous reste-t-il à présent ?
    Messire Guillaume réfléchit à cette vérité pendant quelques
instants.
    — Dans ce cas, pourquoi m’aides-tu, toi ?
    — Parce que je suis un imbécile, répondit le géant avec
bonne humeur, et parce que vous allez m’accorder une belle récompense.
    Messire Guillaume accueillit cette dernière affirmation par
un grognement.
    — Mais pas si nous prenons la mauvaise direction,
objecta-t-il au bout d’un moment.
    — La bonne direction, indiqua le capitaine, c’est loin
du Saint-Esprit et dans le sens du vent, donc, cap à l’ouest.
    Ils gardèrent le cap à l’ouest toute la journée. Ils
filaient à bonne vitesse, mais le Saint-Esprit les rattrapait lentement.
Le matin même, ce n’était guère qu’une silhouette indistincte à
l’horizon ; à midi, on distinguait la petite plate-forme du mât où, selon
Villeroy, se positionneraient les arbalétriers ; et en milieu
d’après-midi, on voyait nettement les yeux blancs et noirs peints de part et
d’autre de la proue. Le vent d’est avait pris de la force au fil de la journée.
À présent, il soufflait en violentes rafales glaciales qui striaient d’écume
blanche la crête des vagues. Messire Guillaume proposa de mettre le cap au
nord, peut-être jusqu’aux rives de

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