Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
y a bien quelque chose à faire ! s’écria le
gentilhomme, tremblant de rage impuissante.
    — Oui, être patients, proposa Villeroy, debout à la
barre.
    — Je peux utiliser ton arbalète ?
    Le géant hocha la tête. Aussitôt, messire Guillaume arma la
gigantesque machine et envoya un carreau vers le Saint-Esprit. Il la
réarma ensuite à l’aide du levier, grognant sous l’effort. Généralement, une
arbalète tendue par un levier était plus facile à manier que celles armées au
moyen d’une vis sans fin et d’un rochet, mais celle de Villeroy était géante,
comme son propriétaire.
    Ses traits avaient dû atteindre le bateau de leurs
poursuivants, mais il faisait trop sombre pour voir s’ils avaient causé des
dommages. Thomas en doutait, car son étrave était haute et son plat-bord
renforcé. Les traits décochés par messire Guillaume terminaient certainement
leur course sur les planches. En revanche, les projectiles enflammés du Saint-Esprit commençaient à menacer le Pentecôte. Les arbalètes
ennemies faisaient feu à trois ou quatre, à présent.
    Thomas et Robbie étaient occupés à éteindre les traits
enflammés avec de l’eau lorsqu’un carreau en feu frappa la voile. Le feu
commença à lécher la toile, mais Yvette parvint à l’éteindre au moment où son
homme changeait brusquement de cap. Thomas entendit la longue tige du
gouvernail gémir sous l’effort. Avec une embardée, le navire mit le cap au sud.
    — Le Saint-Esprit n’a jamais été très rapide
sous le vent, expliqua Villeroy, et il est ballotté quand la mer est mauvaise.
    — Et nous, nous sommes plus rapides ? demanda
Thomas.
    — C’est ce que nous verrons, répondit le marin.
    — Pourquoi n’avons-nous pas essayé plus tôt ?
s’emporta messire Guillaume.
    — Parce que nous n’avions pas assez d’espace, répondit
placidement Villeroy, tandis qu’au même moment un carreau enflammé filait
au-dessus du pont arrière comme un météore. Mais maintenant, on a franchi le
cap.
    Par là, il voulait dire qu’ils naviguaient désormais en
sécurité, à l’ouest de la péninsule normande et qu’ils avaient laissé au sud la
partie infestée d’écueils située entre la Normandie et la Bretagne.
    Ce changement de cap signifiait que, le Saint-Esprit ayant
maintenu le cap à l’ouest, il était soudain davantage à portée. Thomas envoya
une volée de flèches vers les silhouettes indistinctes des hommes en armure
lancés à leur poursuite. Yvette, redescendue de ses hauteurs, halait des
cordages sur le pont. Lorsqu’elle fut satisfaite du nouveau réglage de la
voile, elle remonta sur son perchoir au moment où deux carreaux enflammés
s’écrasaient dans la toile. Thomas vit les flammes s’élever et Yvette
s’efforcer de les éteindre avec des seaux d’eau.
    Il envoya très haut dans le ciel une nouvelle flèche qui
retomba sur le pont du bateau ennemi. Messire Guillaume, de son côté, maniait
sa rudimentaire machine du mieux qu’il pouvait, faisant son possible pour
expédier les traits à intervalles rapprochés. Mais ni l’un ni l’autre ne furent
récompensés par le moindre cri de douleur. Puis la distance se creusa et Thomas
détacha sa corde.
    Le Saint-Esprit , changeant de cap, se mit à la
poursuite de sa proie. Pendant quelques instants, il parut disparaître dans la
nuit. Mais une autre flèche enflammée s’éleva de son pont, l’éclairant
brièvement, le temps de permettre à Thomas de constater que sa manœuvre était
terminée et qu’il se trouvait de nouveau dans le sillage du Pentecôte. La
voile qui continuait à brûler donnait à l’ennemi un repère qu’il ne pouvait
manquer de suivre. Les arbalétriers envoyèrent trois projectiles simultanément
en faisant crépiter les flammes dans la nuit, et Yvette déversait ses seaux
avec l’énergie du désespoir. Mais la voile était embrasée à présent et le
bateau perdait de la vitesse au fur et à mesure que la toile perdait son
efficacité. Mais, par bonheur, on entendit le vent siffler et une pluie
battante vint les cingler de plein fouet.
    Le grain s’abattit avec une extraordinaire violence,
crépitant sur la voile carbonisée et tambourinant sur le pont. Thomas crut
qu’il n’allait jamais finir, mais il stoppa aussi brusquement qu’il était
arrivé, et tous, à bord du Pentecôte , se retournèrent, attendant le
carreau de feu qui ne manquerait pas de s’élever du pont du Saint-Esprit. Mais
lorsque la

Weitere Kostenlose Bücher