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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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gourmander en
se reprochant son imagination, rien n’y fit, il lui fut impossible de trouver
le sommeil.
    Au petit matin, avant le lever du jour, pendant que les
autres ronflaient encore, il se glissa à travers les arbres jusqu’à l’endroit
où le flanc du coteau descendait en pente raide, et il scruta la nuit dans
l’espoir de déceler une étincelle de lumière venue des remparts de la tour de
Roncelet. Il ne vit rien, mais entendit des moutons bêler à fendre l’âme au bas
de la pente, et il se dit qu’un renard s’était faufilé parmi les agneaux.
    — Le berger n’accomplit pas sa besogne.
    Quelqu’un venait de parler en français. Thomas se retourna,
croyant avoir affaire à l’un des hommes d’armes de messire Guillaume, mais il s’aperçut
à la lueur de la lime que c’était sir Lodewijk.
    — Je croyais que vous ne vouliez pas utiliser le
français ? s’étonna Thomas.
    — Il y a des moment où je le fais, répondit le Flamand
en venant se planter à côté de lui.
    Puis, en souriant, il le frappa au ventre avec l’extrémité
d’une branche. Thomas se courba en deux, le souffle coupé. Il reçut alors un
coup sur la tête, aussitôt suivi d’un autre dans la poitrine. L’attaque était
soudaine, inattendue et imparable. Thomas, plié en deux, chancelant, chercha à
reprendre sa respiration. Il tenta de se redresser et de griffer le Flamand aux
yeux, mais un coup de gourdin appliqué sur le côté de la tête le jeta à terre.
    Les chevaux des trois Flamands avaient été attachés un peu
en retrait des autres. Nul n’y avait trouvé à redire et nul n’avait remarqué
que les bêtes étaient restées sellées, et nul ne se réveilla lorsque les
chevaux furent détachés et emmenés. Seul messire Guillaume bougea lorsque sir
Lodewijk ramassa ses plaques d’armure.
    — Est-ce l’aube ? s’enquit-il.
    — Pas encore, répondit sir Lodewijk en bon français.
    Puis il transporta son armure et ses armes à la lisière du
bois, où Jan et Pieter étaient en train d’attacher les poignets et les
chevilles de Thomas. Ils le jetèrent à plat ventre sur le dos d’un cheval,
l’attachèrent à la sangle de l’animal et prirent la route de l’est.
    Messire Guillaume se réveilla complètement vingt minutes
plus tard. Les oiseaux emplissaient les arbres de leurs chants, et le soleil
commençait à poindre en envoyant un soupçon de lumière à travers la brume, à
l’est.
    Thomas avait disparu. Sa cotte de mailles, son sac de
flèches, son épée, son casque, sa cape, sa selle et son grand arc noir étaient
toujours à leur place, mais l’archer et les trois Flamands s’étaient évanouis
dans la nature.
    Thomas fut emmené dans la tour de Roncelet, une forteresse
carrée, dénuée d’ornements, qui s’élevait au-dessus d’une saillie rocheuse
surplombant un méandre de rivière. Un pont, construit dans la même pierre grise
que la tour, faisait traverser la route de Nantes, et les marchands ne
pouvaient transporter leurs marchandises sur le pont sans payer une taxe au
seigneur de Roncelet, dont la bannière ornée de deux chevrons noirs sur champ
jaune flottait sur les hauts remparts de la tour. Ses hommes portaient une
livrée aux mêmes couleurs, jaune rayée de noir, ce qui leur valait le surnom de
« guêpes », et leur tour était appelée le « Guêpier ».
Pourtant, par ce matin d’hiver, la plupart des soldats qui hantaient ce village
du lointain est de la Bretagne, où la population parlait le français plutôt que
le breton, portait des livrées entièrement noires, et non point les rayures de
guêpe du seigneur de Roncelet. Les nouveaux venus avaient été logés dans les
petites maisons situées entre le Guêpier et le pont, et ce fut dans l’une de
ces maisons que sir Lodewijk et ses deux compagnons rejoignirent leurs
camarades.
    — Il est là-haut, au château, annonça le Flamand en
désignant la tour d’un mouvement de tête, et que Dieu lui vienne en aide.
    — Il n’a pas causé de difficultés ?
    — Aucune, répondit sir Lodewijk, qui avait entrepris de
couper les rayures blanches cousues sur son surcot, muni d’un couteau. Il nous
a facilité la tâche. Ce n’est qu’un stupide gredin d’Anglais, pas vrai ?
    — Dans ce cas, que lui veulent-ils ?
    — Dieu seul sait, et peu m’importe. Tout ce qui compte,
c’est qu’ils l’aient eu, et que le diable l’ait bientôt. (Sir Lodewijk bâilla à
grand bruit.) Et il y en a

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