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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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encore une bonne douzaine dans les bois, nous allons
leur mettre la main au collet.
    Cinquante cavaliers quittèrent le village en direction de
l’ouest. Le bruit des sabots, des gourmettes et des cuirasses de cuir qui
craquaient emplit l’atmosphère, mais s’évanouit bientôt dans l’épaisseur de la
forêt. Un couple de martins-pêcheurs, d’un bleu éclatant, survola la rivière et
se fondit dans l’ombre obscure. De longues herbes s’agitaient au vent dans le
courant strié d’un éclair d’argent qui proclamait le retour des saumons. Une
fille qui portait un seau de lait cheminait dans la rue du village en pleurant
parce que, durant la nuit, elle avait été violée par un soldat en livrée noire.
Elle savait qu’il était inutile de se plaindre, car personne ne la protégerait,
ni n’élèverait la moindre protestation. Le curé du village la vit, comprit
pourquoi elle pleurait, et fit demi-tour pour ne pas avoir à la croiser. Au
sommet des remparts, un léger souffle de vent fit flotter la bannière noire et
jaune, puis retomba. Deux jeunes gens à cheval sortirent de la tour en se
dirigeant vers le sud, un faucon enchaperonné perché sur le bras. La porte se
referma derrière eux en grinçant, et on entendit dans tout le village le bruit
d’une lourde barre qui retombait dans ses supports.
    Thomas l’entendit aussi. Le son résonna sur le rocher sur
lequel était bâti le Guêpier et se répercuta le long de l’escalier en colimaçon
jusqu’à la pièce nue et tout en longueur où il avait été enfermé. Deux fenêtres
éclairaient la salle, mais le mur était si épais et les embrasures si profondes
que Thomas, enchaîné entre les fenêtres, ne pouvait voir à travers. Sur le mur
opposé, une cheminée vide exposait ses pierres noircies. Le plancher de bois
était usé et fissuré par trop de bottes cloutées. Sans doute cette pièce
avait-elle servi de casernement. Peut-être était-ce toujours le cas et les
hommes d’armes avaient-ils été transférés ailleurs afin qu’elle lui serve de
cachot. Les menottes qui enserraient ses poignets et les maintenaient dans son
dos étaient reliées par une chaîne de trois pieds de longueur à un anneau de
fer scellé dans le mur. Il avait essayé de faire bouger l’anneau ou d’attraper
un maillon de la chaîne, mais n’avait réussi qu’à s’ouvrir les poignets.
    Un rire de femme éclata quelque part dans la tour. Des pas
résonnèrent sur les marches devant la porte, mais nul n’entra dans la pièce et
le bruit s’éloigna.
    Thomas se demanda pourquoi on avait cimenté un anneau de fer
dans le mur. Car on ne faisait pas monter les chevaux au sommet d’une tour pour
les attacher là ! Peut-être avait-il servi lors de la construction du
château ? Un jour, il avait vu des hommes transporter des pierres au
sommet d’un clocher en utilisant une poulie attachée à un anneau semblable.
Oui, c’était cela… Le jeune archer se dit que mieux valait laisser ses pensées
errer dans cette direction et attribuer à cet anneau une utilité dans la
construction de la tour plutôt que réfléchir à la bêtise qu’il avait commise en
se laissant capturer avec une telle facilité, ou se demander ce qui allait lui
arriver. Mais naturellement, il ne pouvait s’en empêcher, et les réponses qui
lui venaient à l’esprit n’étaient en rien rassurantes.
    En proie à une bouffée d’angoisse, il tira une nouvelle fois
sur l’anneau dans l’espoir de le faire céder, mais il ne parvint qu’à écorcher
un peu plus la peau de ses poignets sur les bords tranchants des menottes.
    La femme rit de nouveau et on entendit une voix d’enfant.
    Un oiseau vola jusqu’à l’une des fenêtres, battit des ailes
quelques instants puis disparut, renonçant sans doute à faire son nid dans la
salle. Thomas ferma les yeux et récita à voix basse la prière du Graal, la
prière que le Christ avait prononcée dans le jardin de Gethsémani : Pater,
si vis, transfer calicem istem a me. « Père, si c’est possible,
éloigne de moi cette coupe. » Thomas répéta la prière encore et encore, tout
en se disant que c’était peine perdue. Dieu n’avait pas épargné à Son propre
fils l’agonie du Golgotha, alors pourquoi l’épargnerait-Il, lui ? Mais
quel espoir lui restait-il, hormis la prière ?
    En songeant à sa naïveté, il avait envie de pleurer. Il avait
cru pouvoir tout simplement venir et arracher l’enfant à cette forteresse puant
la

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