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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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tous
ses domaines ancestraux.
    Aussitôt après s’être abandonné à cette pensée
réconfortante, il se reprit : mieux valait ne point se montrer trop
confiant.
    — Même s’il ne dispose que de cinq cents ou cinq cent
soixante archers, dit-il, ceux-ci peuvent être redoutables.
    Il parlait d’une voix précise, pédante et sèche. Bien
souvent, les religieux de son entourage se faisaient la réflexion qu’il parlait
tout à fait comme un prêtre.
    — Les Génois vont les noyer sous les arbalètes, Votre
Grâce, le rassura l’un de ses conseillers.
    — Prions Dieu pour que ce soit le cas, répondit
pieusement Charles, tout en songeant in petto que Dieu accepterait
certainement le renfort d’un peu d’intelligence humaine.
    Le lendemain matin, sous un soleil printanier, Charles alla
caracoler sous les murs de La Roche-Derrien, mais en prenant bien soin de
rester à bonne distance pour éviter de recevoir une flèche anglaise. Les
défenseurs avaient accroché des bannières aux murs de la ville. Certaines
arboraient la croix de Saint-Georges, d’autres, le blason à l’hermine blanche
du duc de Montfort, tout à fait semblable au sien. Bon nombre d’oriflammes comportaient
des inscriptions insultantes à son adresse. Sur l’une d’elles, son hermine
blanche était ensanglantée par une flèche anglaise qui traversait son ventre de
part en part ; sur une autre, un personnage qui, d’évidence, le
représentait, était piétiné par un immense cheval noir. Mais la plupart des
bannières étaient de pieuses exhortations demandant l’aide de Dieu, ou exposant
la croix, de manière à montrer aux assaillants de quel côté était censée se
trouver la sympathie du ciel. En général, les villes assiégées faisaient
flotter les bannières de leurs nobles défenseurs, mais La Roche-Derrien
comptait peu de nobles, ou, à tout le moins, de nobles déployant leurs
armoiries, et certainement aucun qui fut du même rang que les aristocrates se
battant aux côtés de Charles. Les trois faucons d’Evecque flottaient sur la
muraille, mais chacun savait que messire Guillaume avait été dépossédé de ses
biens et qu’il n’avait guère plus de trois ou quatre fidèles. On voyait aussi
une oriflamme ornée d’un cœur rouge sur champ pâle. Un religieux de l’entourage
de Charles émit l’hypothèse qu’il s’agissait du blason de la famille Douglas,
en Écosse, mais c’était évidemment absurde, car jamais un Écossais ne se
battrait pour les Anglais. À côté du cœur rouge, une bannière plus éclatante
arborait une mer bleue et blanche de vagues ondulantes.
    — Serait-ce… commença Charles.
    Puis il se tut, fronçant les sourcils.
    — Le blason d’Armorique, Votre Grâce, compléta le
seigneur de Roncelet.
    Le duc Charles était accompagné de ses grands seigneurs, qui
chevauchaient autour de la ville bannière au vent, de manière à effrayer les
défenseurs à leur vue. C’étaient des seigneurs bretons pour la plupart. Le
vicomte de Rohan et le vicomte de Morgat suivaient le duc de près, puis
venaient les seigneurs de Châteaubriant et de Roncelet, de Laval, de Guingamp,
de Rougé, de Dinan, de Redon et de Malestroit, tous montés sur de fiers
destriers. Venus de Normandie, le comte de Coutances et les seigneurs de
Valognes et de Carteret s’étaient joints à eux avec leurs gens, prêts à se
battre pour le neveu de leur roi.
    — Je croyais qu’Armorique était mort, fit remarquer
l’un des seigneurs normands.
    — Il a un fils, rétorqua Roncelet.
    — Et une veuve, ajouta le comte de Guingamp, et c’est elle,
la chienne félonne, qui fait flotter la bannière.
    — Mais par ma foi, c’est une fort jolie chienne
félonne, se réjouit le vicomte de Rohan.
    Les seigneurs éclatèrent de rire avec ensemble, car tous
savaient ce qu’on faisait des veuves indisciplinées mais jolies.
    Mais Charles accueillit leur rire par une grimace.
    — Quand nous prendrons la ville, déclara-t-il d’un ton
sans réplique, il ne sera fait aucun mal à la comtesse douairière d’Armorique.
Je veux qu’on me l’amène.
    Il avait déjà violé Jeannette et il la violerait encore,
mais une fois qu’il se serait accordé ce plaisir, il la marierait à un de ses
hommes d’armes qui se chargerait de lui apprendre à surveiller ses manières et
à tenir sa langue.
    Il freina son cheval pour scruter les remparts. Sans arrêt,
de nouvelles oriflammes, toutes plus insultantes pour lui et

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