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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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bière au milieu
de la place et invitait les hommes à se servir. Un forgeron s’employait à
aiguiser les épées et les haches à la lueur de la torche qui brûlait devant le
porche de l’église Saint-Brieuc, faisant résonner la pierre sur les longues
lames d’acier qui produisaient un étrange son funèbre. Il faisait chaud. Des
chauves-souris volaient autour de l’église, plongeant dans les ombres noires
d’une maison détruite par un trébuchet. Des femmes accouraient pour apporter de
la nourriture aux soldats et Thomas se souvint des hurlements de ces mêmes
femmes, tout juste un an auparavant, lorsque les Anglais s’étaient rués dans la
ville. La nuit avait été une nuit de viols, de vols et d’assassinats, et à
présent, le peuple de la ville ne voulait plus voir partir ses occupants. La
place du marché se remplissait peu à peu d’hommes munis d’armes de fortune,
prêts à se joindre à la sortie. Beaucoup portaient simplement la hache qu’ils
utilisaient pour fendre leur bois ; quelques-uns, cependant, étaient munis
d’épées ou de lances, et certains avaient revêtu une cuirasse en cuir ou une
cotte de mailles. Ils étaient venus en nombre, et, finalement, ajoutés aux
soldats de la garnison anglaise, ils paraissaient impressionnants, au moins par
leur nombre.
    — Par le Christ Jésus ! s’exclama une voix
courroucée derrière Thomas. Qu’est-ce que c’est que ça, au nom du Christ ?
    Thomas se retourna et aperçut la silhouette efflanquée de
sir Geoffrey Carr, dont les yeux étaient braqués sur l’écu que Robbie avait
appuyé contre les marches d’une croix de pierre, au centre de la place.
L’Écossais se retourna lui aussi et vit l’Épouvantail à la tête de ses six
fidèles.
    — Voilà qui ressemble fort à une merde écrasée,
poursuivit l’affreux personnage.
    À son élocution difficile, on devinait qu’il avait passé la
soirée dans l’une des nombreuses tavernes de la ville.
    — C’est à moi, annonça Robbie.
    Sir Geoffrey gratifia l’écu d’un vigoureux coup de pied.
    — Est-ce le cœur de ce maudit Douglas, béjaune ?
    — C’est mon blason, dit Robbie en exagérant son accent
écossais, si c’est ce que vous voulez dire.
    Les conversations cessèrent alentour.
    — Je savais que tu étais un Écossais, prononça
l’Épouvantail de sa voix traînante d’homme éméché, mais je ne savais pas que tu
étais un de ces chiens de Douglas. Et par tous les diables, peux-tu me dire ce
qu’un Douglas vient faire par ici ?
    L’ivrogne haussa le ton pour en appeler aux spectateurs.
    — De quel côté est la perfide Écosse, hein ? De
quel côté ? Et ces satanés Douglas se battent contre nous depuis qu’ils
ont été crachés par le trou du cul du diable en personne !
    En titubant, l’Épouvantail sortit sa cravache de sa ceinture
et la déroula.
    — Doux Jésus, beugla-t-il, mais cette famille de
malheur a mis sur la paille de bons et loyaux Anglais ! Ce sont des
voleurs ! Des scélérats ! Des espions !
    À ces mots, Robbie sortit son épée et la cravache claqua.
Mais messire Guillaume eut le temps de pousser le jeune homme pour le mettre
hors de portée de sa pointe acérée. Puis il sortit à son tour son épée et se
retrouva aux côtés de Robbie, avec Thomas, sur les marches du monument.
    — Robbie Douglas est mon ami ! cria-t-il.
    — Et le mien ! ajouta Thomas.
    — Suffit !
    Un Richard Totesham furibond se fraya un chemin à travers la
foule.
    — Suffit !
    À présent, l’Épouvantail en appelait au chef de la garnison.
    — C’est une canaille, un Écossais !
    — Bon Dieu, jeta Totesham, nous avons des Français, des
Gallois, des Flamands, des Irlandais et des Bretons dans cette garnison.
Qu’est-ce que cela change, par le Ciel ?
    — C’est un Douglas ! insista l’Épouvantail avec
une obstination d’ivrogne. C’est un ennemi !
    — C’est mon ami ! aboya Thomas, invitant à se
battre quiconque envisageait de se ranger aux côtés de sir Geoffrey.
    — Suffit ! répéta Totesham dont le courroux
enflait encore. Nous avons assez de bagarres devant nous, ce n’est pas le
moment de nous conduire comme des enfants ! Réponds-tu de lui ?
demanda-t-il à Thomas.
    — Moi, je réponds de lui, dit une voix.
    C’était Will Skeat. Le vieil archer fendit la foule et posa
un bras autour des épaules de Robbie.
    — Je réponds de lui, Dick.
    — Dans ce cas, Douglas ou non, décréta

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