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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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son épaule gauche. Une cravache était enroulée à
sa ceinture.
    — Les Écossais ont des archers, poursuivit l’homme,
revenant à Thomas.
    Puis son regard inamical se posa sur Eléonore.
    — Et ils ont des femmes, ajouta-t-il.
    — Je suis anglais ! affirma Thomas.
    — Nous sommes anglais tous les trois ! renchérit
le père Hobbe, oubliant qu’Eléonore était normande.
    — Les Écossais sont prêts à se prétendre Anglais si ça
peut leur éviter d’être étripés ! lui opposa ironiquement l’homme au
visage rouge vif.
    Les deux autres cavaliers avaient reculé. Visiblement, ils
se méfiaient de l’homme maigre. Celui-ci déroula sa cravache avec une aisance
due à l’habitude et la lança sans crier gare. L’extrémité vint claquer à un
centimètre du visage d’Eléonore.
    — Elle est anglaise ?
    — Elle est française, dit Thomas.
    Le cavalier ne répondit pas tout de suite. Il se contenta de
regarder fixement Eléonore en faisant onduler sa cravache. Il vit devant lui
une jeune fille menue au teint clair, aux cheveux dorés et aux grands yeux
effrayés. Sa grossesse n’était pas encore apparente, et il y avait en elle une
délicatesse qui promettait la volupté et le plaisir.
    — Écossaise, galloise ou française, quelle
importance ? émit l’homme. C’est une femme. Cherche-t-on à savoir où est
né un cheval avant de le monter ?
    Au même moment, son propre cheval prit peur devant un
tourbillon de vent qui amena une odeur de fumée nauséabonde à ses narines. Il
recula à petits pas nerveux, si bien que son cavalier lui enfonça les éperons
dans les flancs avec une telle sauvagerie qu’ils transpercèrent sa housse
capitonnée. Le destrier s’arrêta, tremblant de terreur.
    — Peu me chaut d’où elle vient, poursuivit l’homme en
levant la poignée de sa cravache vers Eléonore, mais toi, tu es un Écossais.
    — Je suis un Anglais ! répéta Thomas.
    Une douzaine d’hommes portant le blason à la hache noire
s’étaient rapprochés de la scène. Les trois prisonniers écossais semblaient
connaître le cavalier à la cravache, ce qui ne paraissait pas les réjouir. Des
archers et des hommes d’armes regardaient se consumer les maisons en riant
devant la panique des rats qui s’échappaient des restes du toit de chaume
moussu.
    Thomas sortit une flèche de son sac et, aussitôt, quatre ou
cinq archers portant la livrée à la hache noire posèrent une flèche sur leur
corde. Leurs compagnons se préparèrent à profiter du spectacle, un large
sourire réjoui aux lèvres. Mais ce plaisir leur fut refusé, car au même moment
le cavalier fut distrait par l’un des prisonniers écossais, celui qui portait
les armes de sir William Douglas. Tirant parti de son intérêt pour Thomas et
Eléonore, l’homme s’était échappé et courait vers le nord. Il n’avait pas fait
vingt pas que déjà il était renversé par un homme d’armes anglais. Le cavalier,
amusé par les efforts désespérés déployés par l’Écossais pour se libérer,
désigna l’une des masures en feu.
    — Faites chauffer ce bâtard ! ordonna-t-il.
    Puis, s’adressant à deux hommes d’armes qui avaient mis pied
à terre :
    — Dickon ! Beggar ! Surveillez ces trois
coquins-là ! Surveillez-les de près ! leur ordonna-t-il en désignant
Thomas du menton.
    Dickon, le plus jeune des deux, avait une face ronde et
hilare, mais Beggar était un énorme géant au visage mangé de barbe, au point
que l’on ne voyait que ses yeux et son nez à travers les poils emmêlés et sales
qui dépassaient du casque de fer rouillé lui servant de heaume. Thomas était
grand, il atteignait six pieds de haut, la longueur d’un arc, mais à côté de
Beggar, dont le large poitrail tendait un gilet de cuir renforcé d’une
cuirasse, il paraissait minuscule. Une épée et une masse d’armes à tête cloutée
étaient attachées à la taille du géant par deux longueurs de corde. L’épée sans
fourreau exhibait une lame ébréchée, tandis que l’une des pointes de la grosse
boule de métal de sa masse, pliée et barbouillée de sang, retenait une touffe
de cheveux. Le manche de l’arme, long de trois pieds, cognait contre les jambes
nues du colosse qui louchait vers Eléonore :
    — Mignonne, grogna-t-il appréciateur, mignonne !
    — Beggar ! Laisse, mon gars, laisse ! lui fit
Dickon, hilare.
    Obéissant, Beggar s’écarta d’Eléonore en émettant une sorte
de grondement, mais

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