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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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incapable de voir ce qui se passait autour
de soi. La vision était réduite aux dimensions de la fente des yeux, raison
pour laquelle les combattants munis de heaumes à visière passaient leur temps à
tourner la tête en tous sens, pareils à des poulets attaqués par les renards,
et à force de se tordre le cou, ils finissaient par ne plus pouvoir le bouger.
Sans compter que malgré tous ces efforts, ils ne voyaient pas arriver le coup
qui leur fracasserait le crâne. Donc, quand il s’adonnait aux plaisirs d’une
bonne bataille, sir William avait particulièrement à l’œil ceux qui bougeaient
la tête d’avant en arrière, comme les poulets, car c’était le signe que ces
nerveux avaient les moyens de s’offrir un joli heaume, et, par conséquent, de
payer une plus jolie rançon.
    Il portait son grand bouclier, trop lourd pour un homme à
pied, et très utile car les archers anglais n’allaient pas manquer de
déclencher la tempête ; mais son bouclier était assez épais pour absorber
l’impact de leurs flèches, longues de trois coudées et terminées par une pointe
de fer. Il poserait le pied de son bouclier par terre et s’accroupirait
derrière. Lorsque les Anglais auraient épuisé leurs flèches, il pourrait
toujours s’en débarrasser.
    Il était également armé d’une lance, au cas où les cavaliers
anglais chargeraient, et d’une épée, son instrument de mort favori. La poignée
de l’épée renfermait une petite mèche de cheveux coupée sur le cadavre de saint
André, ou, du moins, de ce que le vendeur d’indulgences lui avait présenté comme
tel.
    Robbie Douglas, son neveu, portait la cotte de mailles et la
salade, et était muni d’une épée et d’un bouclier. C’était lui qui avait
annoncé à son oncle que Jamie, son frère aîné, avait été tué, sans doute par le
valet du dominicain. À moins que ce ne fût par le religieux lui-même. En tout
cas, c’était lui qui en avait donné l’ordre. Robbie Douglas, âgé de vingt ans,
avait pleuré la mort de son frère en s’étonnant qu’un prêtre fut capable d’une
telle infamie.
    « Tu te fais une étrange idée des prêtres, Robbie,
avait répondu son oncle. La plupart des prêtres sont des hommes faibles à qui
on a donné l’autorité de Dieu, et ça les rend dangereux à l’extrême. Je
remercie Dieu qu’aucun Douglas ne soit entré dans les ordres. Nous sommes trop
honnêtes pour ça.
    — Lorsque cette journée sera passée, mon oncle, vous me
permettrez d’aller à la recherche de ce prêtre, avait dit Robbie. »
    Sir William avait souri. Ce n’était pas un homme d’une
grande piété, mais il avait un credo sacré : la mort de tout membre de la
famille devait être vengée ! Et il se disait que Robbie saurait accomplir
cette vengeance. C’était un bon garçon, grand et bien fait, fort et franc. Sir
William était fier du petit dernier de sa sœur.
    « Nous en parlerons à la fin de la journée, lui avait-il
promis, mais, en attendant, ne t’éloigne pas de moi.
    — Non, mon oncle.
    — Avec l’aide de Dieu, nous allons faire périr un bon
peu d’Anglais », s’était-il réjoui.
    Sur ce, il avait conduit son neveu auprès du roi, afin de le
lui présenter et de recevoir la bénédiction des chapelains royaux.
    Sir William, comme tous les chevaliers et chefs écossais,
était revêtu d’une cotte de mailles, mais le roi portait une armure fabriquée
en France. Cette protection, pratiquement inconnue dans les régions du nord,
émerveillait les hommes des tribus sauvages qui venaient contempler cet
extraordinaire appareil reflétant le soleil et fait d’un métal capable de
bouger. Le jeune roi semblait pareillement impressionné, car il avait enlevé
son surcot et ne cessait de marcher de long en large en s’admirant et en se
faisant admirer par les seigneurs venus se faire bénir et offrir leurs
conseils.
    Le comte de Moray, un imbécile, pensait sir William, voulait
combattre à cheval. Le roi fut tenté d’accepter. C’était à cheval que son père,
le grand Robert Bruce, avait battu les Anglais au Bannockburn, et non seulement
il les avait battus, mais il les avait humiliés. La fine fleur de l’Écosse
avait piétiné la noblesse d’Angleterre. David, son fils, qui avait repris le
flambeau, brûlait du désir de l’imiter. Son rêve était de voir les sabots de
son cheval tachés de sang et la gloire attachée à son nom, et sa renommée se
répandre à travers toute la

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