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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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davantage
sur votre thésaurus. Est-il vraiment aussi important que le dit la
lettre ?
    Avant de donner sa réponse, Thomas réfléchit, les yeux fixés
sur la crête où rien n’était décelable, hormis les arbres aux feuilles
éclatantes et le petit filet de fumée qui s’élevait des masures incendiées.
    — S’il existe, Monseigneur, répondit-il en français,
alors c’est le genre de trésor qui est gardé par les anges et recherché par les
démons.
    — Et par vous, n’est-ce pas ? demanda lord
Outhwaite avec un sourire.
    Thomas lui rendit son sourire.
    — Je recherche plutôt le prieur de Durham, Monseigneur,
afin de lui remettre la missive de l’évêque.
    — C’est le prieur Fossor que vous voulez voir,
hein ?
    D’un geste du menton, le vieux guerrier aux cheveux hirsutes
désigna un groupe de moines :
    — C’est lui, là-bas, celui qui est en selle.
    Le personnage ainsi désigné était un homme de haute taille,
à la chevelure blanche, qui montait une jument grise. Il était entouré d’une
vingtaine de moines, tous à pied. L’un d’eux portait une étrange bannière qui
n’était qu’un bout de chiffon blanc pendu au bout d’un pieu grossièrement
peint.
    — Allez le voir, lui conseilla lord Outhwaite, puis
vous chercherez mon oriflamme. Que Dieu soit avec vous !
    Il avait prononcé les derniers mots en anglais.
    — Et avec Votre Seigneurie, répondirent Thomas et le
père Hobbe d’une même voix.
    Thomas se dirigea vers le prieur, se frayant un chemin parmi
les archers qui se pressaient autour des trois chariots contenant les gerbes de
flèches qui leur étaient distribuées. La maigre armée anglaise avait marché sur
Durham en empruntant deux routes distinctes. À présent, les soldats arrivaient
dans le désordre à travers champs pour se rassembler au cas où les Écossais
descendraient des hauteurs. Les hommes d’armes passaient leurs cottes de
mailles et les plus riches se cuirassaient avec les plaques d’armure dont ils
disposaient. Une brève concertation avait dû avoir lieu entre les chefs de
guerre, car on était en train de transporter les premiers étendards vers le
nord. Cela signifiait que les Anglais voulaient affronter les Écossais sur la
partie la plus haute de la crête, et non pas être attaqués dans les prairies
inondables ou tenter d’atteindre Durham par un chemin détourné.
    Thomas s’était accoutumé aux bannières anglaises en
Bretagne, en Normandie et en Picardie, mais ces oriflammes étaient nouvelles
pour lui : un croissant d’argent, une vache brune, un lion bleu, la hache
noire de l’Épouvantail, une tête de sanglier rouge, la coquille Saint-Jacques
en croix de lord Outhwaite, et, la plus voyante de toutes, une grande oriflamme
écarlate ornée de deux clés croisées, richement brodée de fils d’or et
d’argent. Celle du prieur faisait piètre figure au milieu de toutes ces
bannières flamboyantes, car elle était constituée d’un bout de chiffon effrangé
sous lequel il s’agitait avec frénésie :
    — Sus à l’Écossais ! criait-il à qui pouvait
l’entendre. Accomplissez l’œuvre de Dieu, car les Écossais ne sont que des
bêtes ! Des bêtes ! Ils méritent la mort ! Tuez-les tous !
Chaque trépas vous assurera la récompense de Dieu ! Frappez
l’ennemi ! Tuez-les tous !
    L’arrivée de Thomas le coupa un instant dans son élan
lyrique, mais un instant seulement, car il reprit de plus belle :
    — Vous voulez ma bénédiction, mon fils ? Dieu
rendra votre arc plus solide et ajoutera du mordant à vos flèches ! Que
jamais votre bras ne connaisse la faiblesse et que jamais votre œil ne se
trouble ! Que Dieu et les saints bénissent votre œuvre de mort !
    Thomas se signa, puis tendit la lettre :
    — Je suis venu vous apporter ceci, messire, dit-il.
    Le prieur considéra avec surprise cet archer qui s’adressait
à sa personne avec une telle familiarité, et, de surcroît, pour lui remettre
une lettre. Aussi dédaigna-t-il de prendre le parchemin. L’un des moines,
l’arrachant à Thomas, examina le sceau brisé et leva un sourcil étonné.
    — C’est monseigneur l’évêque qui vous écrit, dit-il.
    — Ce ne sont que des bêtes ! répéta machinalement
le prieur, tout à sa fièvre guerrière. (Puis les paroles du moine atteignirent
son cerveau :) Monseigneur l’évêque m’écrit ?
    — Oui, à vous, mon frère, confirma le religieux.
    Le prieur saisit le pieu et abaissa

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