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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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un ami, dit lord Outhwaite.
    Poussant la bourse bien garnie vers son jeune protégé :
    — Prenez-la, ajouta-t-il.
    — Je vous rembourserai, Monseigneur.
    — Vous me rembourserez en m’apportant le trésor et en
me laissant le toucher juste une fois avant qu’il soit remis au roi.
    Le vieillard se leva et, jetant un coup d’œil vers la
cathédrale où les guettait sir Geoffrey, il reprit :
    — Je crois qu’il vaut mieux que vous couchiez au
château ce soir. J’ai des hommes là-bas qui pourront tenir ce satané
Épouvantail en respect. Venez.
    Sir Geoffrey suivit des yeux les deux hommes qui
s’éloignaient. Il ne pouvait assaillir Thomas tant que lord Outhwaite était
avec lui, car celui-ci était trop puissant. Mais le pouvoir venait de l’or, et
il semblait qu’un trésor attendît quelque part dans le monde d’être découvert,
un trésor qui intéressait le roi et qui, maintenant, intéressait lord
Outhwaite.
    L’enfer et le diable pouvaient bien s’opposer à lui,
l’Épouvantail avait l’intention d’être le premier à mettre la main dessus.
    Thomas n’allait pas à La Roche-Derrien. Il avait menti en
désignant cette ville, parce qu’il la connaissait et parce que peu lui
importait que ses poursuivants s’y rendent. Lui, il serait ailleurs. Il se
rendrait à Hookton pour vérifier si son père avait caché le Graal là-bas et
ensuite, car il ne s’attendait pas à l’y trouver, il ferait voile vers la
France. En effet, c’était là-bas que l’armée anglaise assiégeait Calais.
C’était là-bas que se trouvaient ses amis, et qu’un archer pourrait trouver à
s’employer dignement. Les hommes de Will Skeat faisaient partie des assiégeants
et ils avaient exprimé le désir qu’il devienne leur chef. Il se savait capable
d’assumer cette tâche. Il serait à la tête de sa propre troupe, aussi craint
que Will Skeat.
    Il songeait à tout cela en chevauchant vers le sud, même
s’il ne songeait pas tout le temps, même si ses idées n’étaient pas bien en
place. Il était trop obsédé par la mort d’Eléonore et du père Hobbe, torturé
par le souvenir de son dernier regard à sa compagne, et cette image lui faisait
voir le pays qu’il traversait déformé par un rideau de larmes.
    Thomas était censé chevaucher vers le sud avec les hommes
porteurs de la nouvelle de la victoire anglaise à Londres, mais il ne dépassa
pas York. Il avait prévu de quitter cette ville à l’aube, mais à l’aube, Robbie
Douglas avait disparu. Le cheval de l’Écossais se trouvait toujours dans les
écuries de l’archevêché et ses bagages gisaient dans la cour, là où il les
avait posés, mais Robbie brillait par son absence. Pendant quelques instants,
Thomas fut tenté de poursuivre sa route sans lui, mais un vague sens du devoir
le poussa à rester. À moins que ce ne fût parce qu’il ne tenait pas beaucoup à
la compagnie des hommes d’armes avec leur mine triomphante. Toujours est-il
qu’il choisit de partir à la recherche du compagnon qui lui avait été attribué.
    Il retrouva celui-ci à la cathédrale, le nez levé vers les
rondes-bosses dorées du plafond.
    — Nous sommes censés partir vers le sud,
l’apostropha-t-il.
    — Oui-da, répondit Robbie d’un ton bref sans s’occuper
autrement de son interlocuteur.
    Thomas attendit. Au bout d’un moment, il reprit :
    — J’ai dit : nous sommes censés partir vers le
sud.
    — C’est vrai, acquiesça Robbie, et je ne t’arrête
point.
    Il leva un bras magnanime :
    — Tu peux partir !
    — Tu renonces à poursuivre Taillebourg ? demanda
Thomas, à qui l’Écossais avait dévoilé le nom du prêtre.
    — Non, répondit Robbie sans quitter des yeux le
magnifique décor du transept. Je le retrouverai et je le grallocherai, ce
bâtard.
    Thomas ignorait ce que signifiait grallocher, mais il
soupçonnait que ce mot ne signifiait rien de bon pour Taillebourg.
    — Par tous les diables, tu peux me dire ce que tu fais
ici ?
    Robbie fonça les sourcils. Il avait une tignasse de cheveux
bruns bouclés et une face sans aspérité qui, au premier regard, donnait à ses
traits un aspect enfantin. Mais avec une attention plus profonde, on décelait
la ligne volontaire de sa mâchoire et la dureté de ses yeux. Ces yeux, il finit
par les tourner vers son interlocuteur.
    — Ce que je ne peux supporter, dit-il, ce sont ces
damnés drôles ! Ces gueux !
    Thomas mit quelques secondes à comprendre qu’il

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