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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ses longs cheveux noirs et sa bouche charnue, elle ne manquait
sûrement pas de prétendants, et Robbie devrait compter avec plus d’un rival à
Down Mapperley.
    Thomas attendit qu’elle eût quitté la pièce pour demander à
sir Giles en désignant le livre :
    — Mon père vous a-t-il jamais parlé de ceci,
Messire ?
    — Il parlait de tout, répondit son hôte. Il parlait
comme une femme, vraiment. Jamais il ne s’arrêtait ! J’étais l’ami de ton
père, Thomas, mais je n’ai jamais été favorable à la religion. Quand il en
parlait trop, j’étais pris de sommeil. Il aimait parler de religion.
    Sir Giles s’interrompit pour se couper une tranche de
jambon, puis ajouta :
    — Mais ton père était fou.
    — Vous pensez que ceci, c’est de la folie,
Messire ? demanda Thomas en montrant de nouveau le livre.
    — Ton père était fou de Dieu, mais il n’avait pas perdu
la tête. Jamais je n’ai connu homme plus sensé, et cela me manque. Ses conseils
me manquent.
    — Cette fille travaille ici ? demanda Robbie avec
un geste vers la grille derrière laquelle Mary avait disparu.
    — Oui, depuis toute sa vie, répondit sir Giles. Tu te
souviens de Mary, Thomas ?
    — Oui, j’ai essayé de la noyer quand nous étions
enfants ! répondit ce dernier.
    Mais, bien plus que par la fille, il était intéressé par
l’ouvrage, qu’il feuilletait en déplorant intérieurement de ne pas avoir le
temps d’extraire quelque signification que ce fut de ce mélange d’écrits
disparates.
    — Vous savez ce que c’est, Messire, n’est-ce pas ?
    Sir Giles garda le silence, puis hocha la tête.
    — Ce que je sais, Thomas, c’est que bien des hommes
veulent avoir ce que ton père affirme avoir possédé.
    — C’est donc ce qu’il affirmait ?
    Un nouveau silence.
    — Il y a fait allusion, finit par dire sir Giles, et je
ne t’envie point.
    — Moi ?
    — Oui, parce qu’il m’a donné ce livre, Thomas, en me
demandant, s’il devait lui arriver malheur, de le garder jusqu’à ce que tu sois
assez âgé et assez mûr pour reprendre le flambeau. Voilà ce qu’il a dit.
    Sir Giles, qui observait le jeune homme, le vit tressaillir.
    — Mais si vous voulez rester ici pendant quelque temps,
ton compagnon et toi, vous êtes les bienvenus. Jake Churchill a grand besoin
d’aide. Il me dit qu’il n’a jamais vu autant de renardeaux et que si nous ne
tuons pas quelques-uns de ces bâtards, il y aura un carnage parmi les agneaux
l’an prochain.
    Thomas regarda Robbie. Leur mission était de trouver Taillebourg
et de venger la mort d’Eléonore, du père Hobbe et du frère de Robbie, mais il
était improbable, selon lui, que le dominicain revienne en ce lieu. Robbie, de
son côté, n’avait qu’un désir, celui de rester pour faire la conquête de Mary
Gooden. Et Thomas était las.
    De plus, il ne savait de quel côté se tourner pour trouver
le prêtre. La perche qu’on lui tendait était la bienvenue. Il pourrait ainsi se
reposer en restant quelque temps au manoir et saisir l’occasion d’étudier le
livre. Il mettrait ainsi ses pas dans ceux de son père sur le long et tortueux
chemin du Graal.
    — Nous allons rester ici, Messire, dit-il. Pour quelque
temps.

 
6
    C’était la première fois que Thomas vivait comme un
seigneur. Pas un grand seigneur, pas comme un comte ou un duc avec une quantité
de gens à son service, mais, malgré tout, avec des privilèges, confortablement
installé dans un manoir – même si ce manoir n’était qu’une bâtisse de bois
au toit de chaume, avec un sol de terre battue. Ses jours s’écoulaient,
tranquilles, tandis qu’autour de lui on travaillait dur à couper le bois de
chauffage, à puiser l’eau, à traire les vaches, à battre le beurre, à pétrir la
pâte et à laver les vêtements.
    Robbie, lui, y était plus accoutumé, mais il reconnaissait
que la vie était infiniment plus facile dans le Dorset.
    — Chez moi, dit-il, il y a toujours quelque maudit
envahisseur anglais pour franchir la colline et vous voler votre bétail ou
votre grain.
    — Tandis que vous, objecta Thomas, jamais il ne vous
viendrait à l’idée de chevaucher vers le sud pour aller voler les Anglais.
    — Comment pourrais-je seulement penser à pareille
chose ? répliqua Robbie, hilare.
    L’hiver approchant, ils occupèrent leurs journées à chasser
sur les terres de sir Giles Marriott afin de préparer la saison de l’agnelage
et de garnir la table

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