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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avait emmené à Caen pour y être soigné par Mordecaï, le
médecin juif. La lettre partit à Southampton, et de là à Guernesey, et Thomas
était sûr qu’elle serait transmise en Normandie, mais à Noël, aucune réponse ne
lui était parvenue. Sans doute la lettre avait-elle été perdue. Il écrivit
aussi à lord Outhwaite en assurant à Sa Seigneurie qu’il accomplissait ses
recherches avec assiduité et en lui répercutant quelques-unes des histoires
contenues dans le livre de son père.
    Lord Outhwaite lui envoya une réponse dans laquelle il
félicitait son jeune ami de sa découverte, puis lui apprenait que sir Geoffrey
Carr avait quitté le pays pour la Bretagne avec une demi-douzaine d’hommes. La
rumeur, rapportait lord Outhwaite, disait que les dettes de l’Épouvantail
étaient plus importantes que jamais, « ce qui, peut-être, explique
pourquoi il est parti pour la Bretagne ». Ce n’était sans doute pas la
seule perspective du pillage qui avait expédié l’Épouvantail à La Roche-Derrien,
mais la loi qui disait qu’un débiteur n’était pas tenu à remboursement pendant
qu’il servait le roi à l’étranger. « Allez-vous suivre
l’Épouvantail ? » demandait lord Outhwaite.
    Thomas lui répondit en écrivant qu’il se trouverait à La
Roche-Derrien au moment où son correspondant lirait sa missive, mais il ne leva
pas le petit doigt pour quitter le Dorset. « C’est Noël », se dit-il.
Il avait toujours aimé Noël.
    Sir Giles célébra les douze jours de réjouissances avec
faste. Il n’avait pas mangé de viande depuis le premier dimanche de l’Avent, ce
qui n’était pas un sacrifice particulier car il aimait le poisson, surtout
l’anguille, mais, la veille de Noël, il ne consomma que du pain afin de se
préparer à la première fête de la saison.
    Douze ruches vides furent apportés dans la salle et décorées
de rameaux de lierre et de houx. Un immense cierge, assez grand pour brûler
pendant toutes les fêtes, fut placé sur la grande table et une épaisse bûche
fut mise à brûler dans l’âtre. Les voisins de sir Giles furent invités à boire
du vin et de la bière, et à manger du bœuf, du sanglier, de la venaison, de
l’oie et du fromage de tête.
    La coupe de la ribote, remplie de vin de bordeaux chaud et
épicé, fut passée tout autour de la salle et sir Giles, ainsi qu’il le faisait
chaque nuit de Noël, pleura le trépas de sa femme et s’endormit dans les
vapeurs de l’alcool avant l’extinction des chandelles.
    La quatrième nuit de Noël, Thomas et Robbie obéirent à la
coutume en se joignant à la bruyante compagnie des quêteurs qui parcouraient la
paroisse, déguisés en esprits, en hommes verts et en sauvages, exhortant les
bonnes gens à faire des dons pour l’église. Ils allèrent jusqu’à Dorchester,
empiétant sur deux autres paroisses, et furent entraînés dans une bagarre avec
les quêteurs de l’église de Tous les Saints. Les zélés quêteurs terminèrent la
nuit dans la geôle de Dorchester, dont ils furent relâchés par un George Adyn
hilare qui, au matin, leur apporta une cruche de bière, accompagnée du fameux
pudding des quêteurs préparé par sa femme.
    La douzième nuit de fête fut marquée par un festin au cours
duquel on dégusta un sanglier abattu par la lance de Robbie. Après le repas, et
lorsque les hôtes, abrutis de nourriture et de boisson, se furent assoupis, il
se mit à neiger.
    Thomas se rendit sur le seuil de la porte pour aller
observer les flocons qui tourbillonnaient à la lueur vacillante d’une torche.
    — Il nous faut partir loin d’ici au plus tôt, déclara
Robbie venu le rejoindre.
    — Partir loin ?
    — Oui, nous avons quelque chose à faire.
    Thomas ne pouvait qu’en convenir, mais il n’avait nulle
envie de partir.
    — Je croyais que tu étais heureux ici, s’étonna-t-il.
    — C’est vrai, et sir Giles est plus généreux que je ne
le mérite.
    — Eh bien ?
    — C’est Mary…
    Robbie, embarrassé, ne termina pas sa phrase.
    — Elle est grosse ?
    — À ce qu’il paraît, confirma-t-il en se signant.
    Thomas garda les yeux fixés sur la neige.
    — Si tu lui donnes de l’argent en suffisance pour se
faire une dot, elle ira bien.
    — Il ne me reste plus que trois livres, avoua Robbie.
    Son oncle, sir William, lui avait remis une bourse contenant
la somme jugée nécessaire pour une année.
    — Ça devrait suffire, dit Thomas.
    — Il ne me restera

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