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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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pain
aujourd’hui. Le pain cuit le mercredi porte malheur. Ça vous empoisonne, le
pain du mercredi. J’ai dû manger celui de lundi, sans doute. Tu dis que tu es
écossais ?
    Cette question était adressée à Robbie.
    — Oui, Messire.
    — Je croyais que tous les Écossais étaient barbus. Il y
avait un Écossais à Dorchester, pas vrai, Gooden ? Tu te rappelles ?
Il avait une barbe. Il jouait de la guiterne et dansait fort bien. Tu t’en
souviens assurément.
    — Oui, mais il venait des îles Scilly, dit le valet.
    — C’est ce que j’ai dit. Mais il avait une barbe,
n’est-ce pas ?
    — Certes, messire Giles, une grosse barbe.
    — Ainsi, te voilà.
    Sir Giles enfourna une cuillerée de purée de pois cassés
dans une bouche où ne subsistaient que deux dents. Il était gras, son chef
était blanchi et sa face rougeaude, et il avait au moins cinquante ans.
    — Je ne peux plus monter à cheval maintenant,
avoua-t-il. Je ne suis plus bon à rien d’autre qu’à rester assis sur mon séant
à regarder le temps qu’il fait. Jake t’a-t-il dit qu’il y a eu des étrangers à
rôder par ici ?
    — Oui, Messire.
    — Un prêtre ! Vêtu de blanc et noir comme une pie.
Il voulait causer de ton père et j’ai dit qu’il n’y pas de quoi causer. Le père
Ralph est mort, j’ai dit, et que Dieu accorde le repos à sa pauvre âme.
    — Le prêtre a-t-il parlé de moi, Messire ?
s’enquit Thomas.
    La bouche de sir Giles se fendit en un sourire édenté.
    — J’ai dit que la dernière fois que je t’avais vu,
c’était il y a des années, et que j’espère ne jamais te revoir. Son valet m’a
alors demandé où il pourrait te chercher et moi, je lui ai dit de ne pas parler
aux gens de classe supérieure sans y avoir été invité. Ça ne lui a pas
plu ! gloussa le vieillard. Ensuite, la pie a posé des questions sur ton
père et j’ai répondu que je le connaissais à peine. C’était un mensonge, assurément,
mais il m’a cru et il a déguerpi. Ajoute donc des bûches à ce feu, Gooden. On
périrait de froid en sa propre demeure si on se fiait à toi.
    — Donc, le prêtre est parti, Messire ? demanda
Robbie, qui doutait que Taillebourg eût abandonné la partie sur une simple fin
de non-recevoir.
    — Il a eu peur des chiens, expliqua sir Giles, toujours
riant. J’avais quelques chiens auprès de moi et s’il n’avait pas été costumé en
pie je les aurais lâchés, mais cela ne se fait point de tuer des prêtres. On risque
bien des tracas. Le diable se met de la partie et vient vous chercher noise.
Mais il ne me plaisait point et je lui ai dit que je ne savais pas combien de
temps je pourrais retenir les chiens. Il y a du jambon à la cuisine. Tu veux un
peu de jambon, Thomas ?
    — Non, Messire.
    — Je déteste l’hiver.
    Sir Giles tourna les yeux vers le feu dont les flammes
s’élevaient haut dans le vaste foyer. Des poutres noircies par la fumée
soutenaient la profusion de chaume. À une extrémité de la salle, une grille de
bois sculpté dissimulait les cuisines, tandis que les pièces privées étaient à
l’autre bout. Mais depuis la mort de son épouse, sir Giles n’utilisait plus les
chambres. Il se tenait, mangeait et dormait à côté du feu.
    — Je pense que c’est mon dernier hiver, Thomas,
annonça-t-il.
    — J’espère que non, Messire.
    — Le diable sait que moi aussi, mais je ne passerai pas
l’hiver. L’hiver, quand viendront la neige et la glace, et qu’aucun feu ne sera
assez grand pour réchauffer les os d’un bon chrétien. Le froid vous mord
jusqu’à la moelle, et moi, je n’aime pas ça. Ton père non plus n’aimait pas ça.
(Sir Giles dévisagea Thomas.) Ton père avait coutume de dire qu’un jour tu
partirais. Mais pas à Oxford. Il savait que ça ne te plaisait pas.
« Autant mettre un destrier entre des brancards », disait-il. Il
savait que tu t’enfuirais pour devenir soldat. Il disait que tu avais en toi un
sang trop bouillonnant. (Sir Giles sourit à ce souvenir.) Mais il disait aussi
que tu reviendrais un jour. Il disait que tu reviendrais lui montrer le gars
bien que tu étais devenu.
    Thomas cligna des yeux pour retenir ses larmes. Son père
avait-il réellement dit pareille chose ?
    — Cette fois-ci, je suis revenu pour vous poser une
question, Messire, dit-il. La question que le prêtre français voulait vous
poser, je crois.
    — Des questions ! grommela le vieil homme. Je n’ai
jamais aimé les

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