L'archipel des hérétiques
d'Amsterdam, en 1647, ce livre se
référait étroitement au journal non publié de Pelsaert, réarrangé et transposé
de la première à la troisième personne lorsque c'était nécessaire. On y trouve
un bref ajout [OV (1647), pp. 59-60], sous forme d'une prétendue déposition de
Wiebbe Hayes qui ne figure pas dans les archives de la VOC. Nous reparlerons
plus loin [notes du chapitre 8] de ce curieux élément. Qu'il nous suffise de
dire ici qu'il est probablement authentique.
Comment Jansz a-t-il pu accéder au manuscrit de Pelsaert,
qui aurait dû être classé dans les archives du bureau d'Amsterdam - cela reste
un mystère. Mais on sait qu'il a été en étroit contact avec plusieurs des
dirigeants de la VOC, et que les publications antérieures de Commelin
comprenaient déjà des comptes rendus d'après des sources officielles, qu'il
avait dû acheter de manière clandestine ou auprès d'employés de la VOC.
Toujours est-il que Le Voyage malheureux connut un succès considérable et fut l'objet de plusieurs
rééditions au cours des deux décennies qui suivirent, ce qui contribua à la
célébrité du Batavia auprès du public hollandais. Par ailleurs, l'œuvre de Commelin ne tarda pas à
être piratée par d'autres auteurs de pamphlets, comme cela se produisait si
souvent à cette époque. En 1648, Joost Hartgers, d'Amsterdam, réalisa sa propre
édition du texte, dans laquelle il ajoutait au texte de Pelsaert une longue
lettre de Gijsbert Bastiaensz, décrivant les événements du Cime-tière du Batavia du point de vue du pasteur. Le manuscrit original de cette lettre
est aujourd'hui perdu, mais il est manifestement authentique. Deux ans plus
tard, Lucas de Vries, d'Utrecht, en publia une troisième version comprenant une
liste de récompenses décernées aux loyalistes du Batavia. [« Begin ende
voortganghe » d'Isaac Commelin, de C.R. Boxer, in Dutch Merchants and
Mariners in Asia 1602-1795 , pp. 2-3, 5 et DB 4-5, 78-79, contient d'autres
renseignements sur Commelin, Jansz et les diverses éditions du Voyage
malheureux.]
Les trois autres récits qui nous sont parvenus ont
l'avantage d'avoir été publiés peu de temps après que la nouvelle de la
mutinerie du Batavia se fut répandue en Hollande, mais ils sont
considérablement plus brefs. Le premier, une « chanson d'actualité » typique de
l'époque, fut publié dans Droe-vighe Tijdinghe van de Aldergrouwelykste
Moordery, Geschiet door Eenighe Matrosen op 't Schip Batavia [« Tristes
nouvelles du meurtre le plus horrible commis par des marins du navire Batavia »], une brochure anonyme contenant une brève préface d'explication
et une chanson de seize vers. La chanson ne contient aucun détail qui ne
figurerait pas dans les autres sources, mais ceux dont elle fait état sont si
précis qu'on peut raisonnablement supposer que l'auteur les a obtenus directement
d'un survivant du Batavia [R 227-230]. Les deux autres récits se
trouvent dans la brochure anonyme Leyds Veer-Schuyts Praetjen, Tuschen een
Koop-man ende borger van Leyden, Varende van Haarlem nae Leyden [«
Conversation sur une péniche entre un marchand et un citoyen de Leyden, au
cours d'un voyage de Haarlem à Leyden »]. L'un est une lettre anonyme datée de
décembre 1629, écrite par l'un de ceux qui ont accompagné Pelsaert à Java dans
la chaloupe du Batavia et sont revenus avec lui aux Abrolhos. Cette
lettre comporte une allusion aux origines frisonnes de Cornelisz. Ce fait, qui
n'apparaît nulle part dans le journal de Pelsaert, se révèle exact au vu des
recherches entreprises pour cet ouvrage. On a pu avancer l'hypothèse que
l'auteur en ait été Claes Gerritsz, chef timonier du Batavia , mais rien
ne le prouve [R 49, 61]. La seconde lettre, datée du 11 décembre 1629, a été
écrite par l'un des rescapés qui a d'abord campé sur l'île aux Otaries et qui
s'en est échappé pour rejoindre Wiebbe Hayes. Elle est, elle aussi, anonyme,
mais tout porte à croire qu'elle est l'œuvre de l'assistant Cornelis Jansz [R
48].
autres documents
d'époque
Nous avons puisé des informations concernant le passé des
principaux protagonistes de l'histoire du Batavia dans les documents
d'époque provenant des archives officielles hollandaises. Toutes les
municipalités tenaient des registres de baptêmes, de mariages et de décès, et
bon nombre de ces registres existent toujours, dans les archives des diverses
villes et administrations provinciales. On peut donc y retrouver
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