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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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lasse. Il est venu ici, un soir, tard. Il a remonté la nef d’un pas nonchalant, orgueilleux comme un paon. Moi, j’étais agenouillé à la clôture de l’autel. Je me suis retourné et il était devant moi, tout vêtu de vert, le capuchon rabattu et les traits dissimulés sous un masque de tissu noir.
    — Que voulait-il ?
    — Il m’a prié de l’aider, de lui faire passer des renseignements sur ce que je voyais au village et à Nottingham : qui se déplaçait ? Pour aller où ? Quels transports d’argent effectuait-on ? Accepterais-je de fournir à ses hommes le soutien de la religion ?
    — Et qu’avez-vous répondu ?
    — Que je préférerais être pendu d’abord !
    — Pourtant vous affirmez le comprendre.
    — Non, Sir Hugh. Ce que je comprends, c’est la pauvreté de mes paroissiens.
    Le prêtre haussa ses épaules grassouillettes :
    — C’était avant les assassinats au château et les meurtres des collecteurs d’impôts. Je ne sais pas... cet homme ne m’a pas plu, un point c’est tout. Son arrogance, sa froideur, la façon dont il s’appuyait sur son arc. J’ai senti une certaine méchanceté en lui, une volonté de faire le mal.
    — Quelle fut sa réaction ?
    — Il est reparti, tout simplement, en riant par-dessus son épaule. Il a disparu dans la nuit.
    — Avez-vous averti le shérif ?
    — Sir Eustace ou Sir Peter ? Pas question !
    — Je vous remercie, mon frère. Allez-vous rentrer au château ?
    — Oui, tout à l’heure. Ne m’attendez pas ! Corbett revint dans l’église, prit de l’eau bénite et se signa, puis brûla un cierge devant la statue en bois grossièrement taillée de la Sainte Vierge. Les yeux clos, il pria pour Maeve et leur petite Aliénor, sans se douter que, dans l’ombre, au fond de l’église, une silhouette l’observait, le coeur rempli de haine.

CHAPITRE VI
    Perdu dans ses pensées, Corbett laissa son cheval aller l’amble jusqu’à Nottingham. La lassitude le gagnait. Il n’était qu’un étranger peu habitué à chasser le Mal qui se terrait dans l’obscurité de la forêt. Il ne pouvait s’empêcher de songer également à la mission urgente qui l’attendait à Londres : le roi devait fulminer en exigeant que le message fût décrypté immédiatement.
    Il serra les rênes plus fort et, paupières mi-closes, écouta le bourdonnement des abeilles sur les talus herbeux et le gazouillis énervé des petits passereaux que dominait le chant doux-amer et lancinant de la grive.
    « Concentre-toi ! se sermonna-t-il. L’assassinat de Sir Eustace Vechey est la clé de l’affaire. » Il se souvint des paroles du mire à propos des potions empoisonnées.
    — Et si la solution était là ? s’exclama-t-il tout haut en ouvrant les yeux.
    Il observa des papillons blancs qui voletaient dans la brise du matin comme des anges miniatures, leurs ailes miroitant sous la lumière. Bien décidé à vérifier l’hypothèse entrevue, il lança sa monture au galop et arriva à Nottingham.
    Lorsqu’il pénétra dans la cour de la forteresse, on déposait les corps des soldats sur des tables pour procéder à leur toilette mortuaire. Non loin, des femmes agenouillées se répandaient en lamentations. Sur ces entrefaites, Naylor, aidé par des gardes suant et jurant, apporta deux cercueils en pin contenant les restes de Sir Eustace et de son serviteur Lecroix. Corbett parcourut la cour du regard. Aucune trace de Branwood. Il se demanda où était Ranulf. Il aperçut Maigret assis sur un banc, près du donjon, réchauffant son long visage au soleil matinal, un gobelet de clairet à la main, une gamelle de pain trempé dans du lait sur les genoux.
    — Cela ne vous fait ni chaud ni froid, semble-t-il, lança Corbett en se dirigeant nonchalamment vers le médecin.
    Celui-ci ouvrit les yeux et jeta un coup d’oeil aux dépouilles : on était en train de procéder à la mise en bière, après la toilette mortuaire.
    — Au milieu de la vie, nous marchons dans l’ombre de la mort, Sir Hugh. En outre, que peut faire un médecin pour les morts ? Serez-vous sur les remparts ce soir ? s’enquit-il brusquement.
    — Pourquoi ? s’étonna Corbett, s’asseyant près de lui.
    — Parce que aujourd’hui nous sommes le 13. Depuis quelque temps, tous les 13 du mois, à minuit, l’heure du sabbat, trois flèches enflammées sont tirées dans l’enceinte du château.
    — Comment cela ?
    — Je croyais que Branwood vous l’avait

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