Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
la porte :
    — Mes paroissiens ont des champs à cultiver, des récoltes à moissonner, du bétail à soigner, des enfants à nourrir. S’ils ne travaillent pas, ils meurent de faim. Et qu’arrive-t-il alors, d’après vous ?
    — Robin des Bois accourt les aider ?
    Un large sourire éclaira la face replète du franciscain.
    — Bien trouvé ! murmura-t-il.
    — Vous approuvez ce brigand ? s’étonna Corbett.
    Frère Thomas replia méticuleusement ses vêtements liturgiques et les rangea dans un coffre dont il verrouilla le couvercle.
    — Je n’ai pas dit cela, répliqua-t-il en se redressant. Mais les gens d’ici sont pauvres. Une fille se marie à douze ans. À seize ans, elle a déjà eu quatre enfants, dont trois sont morts. Son mari et elle m’apportent les petits cadavres dans un pauvre linceul pour que je les enterre dans le cimetière. Je récite une prière, essuie les larmes de leurs yeux et maudis silencieusement leur malheur.
    « Ces villageois sont le sel de la terre. Ils se lèvent avant l’aube et se couchent à la nuit tombée. Ils labourent dans les frimas de l’automne, laissant leur nourrisson sous un buisson, avec un chiffon humide à sucer, en espérant qu’il n’attrapera pas froid dans le morceau de cuir dont ils l’ont enveloppé. Le peu qu’ils gagnent est pris par les collecteurs d’impôts. Ils emplissent leur grange, mais les fourriers de la Couronne passent par là. Les seigneurs ne leur laissent aucun répit. En cas de guerre, leurs maisons sont incendiées et eux fauchés comme l’herbe.
    Frère Thomas passa ses gros pouces dans la cordelette d’un blanc terne de son habit.
    — Si le roi veut des soldats, poursuivit-il, leurs fils s’en vont par les sentiers, tout farauds, l’air résonnant de leurs chansons et de leurs billevesées.
    Il leva vivement ses yeux noirs où Corbett vit briller des larmes.
    — Puis tombe la nouvelle d’une grande victoire ou d’une grande défaite, accompagnée de la liste des tués. Les femmes viennent dans l’église – les épouses, les mères, les soeurs – et elles se prosternent dans la poussière, tandis que moi, ajouta-t-il amèrement, me réfugie dans la sacristie, comme un capon, et écoute leurs sanglots.
    Il soupira :
    — Les blessés rentrent au village au bout d’un an, l’un a perdu une jambe, l’autre est mutilé à jamais. Et tout cela, pourquoi ?
    — Est-ce pour me raconter cela que vous m’avez fait venir ici, mon frère ?
    — Oui, Messire l’émissaire du roi ! Quand vous retournerez à Westminster, décrivez au roi ce que vous avez vu. Robin des Bois est chéri par tous ces gens.
    — Je le sais, admit Corbett. Mes parents vivaient de la terre, comme les vôtres, mon frère, et comme vous, j’ai trouvé le moyen d’y échapper.
    Il s’approcha du moine :
    — Mais il y a autre chose, n’est-ce pas ? C’est ici, et non au château, que vous exercez votre ministère. Vous êtes de tout coeur avec ces paysans. Je parierais que Robin des Bois, ce brigand, ce fameux hors-la-loi s’est mis en rapport avec vous. Ai-je raison ?
    Frère Thomas lui tourna le dos, comme s’il était trop absorbé à ranger les burettes dans un coffret à ferrures.
    — Je vous ai posé une question, mon frère !
    Le franciscain pivota, une lueur de défi dans le regard.
    — Si Robin entrait dans mon église, je n’enverrais pas chercher le shérif, mais...
    Il laissa sa phrase en suspens.
    — Mais quoi ?
    — Bon !
    Le prêtre s’adossa au mur et serra ses mains potelées sur son ventre bedonnant.
    — C’est vrai, je vous ai amené ici pour que vous rapportiez votre témoignage à notre souverain. Mais j’ai l’impression, en outre, qu’il se trame quelque chose.
    Il se lava rapidement les doigts dans un bassin de toilette et les essuya soigneusement sur un linge.
    — Autrefois, lorsque Robin courait avec sa bande, il ne s’attaquait jamais aux villageois et il leur donnait souvent une partie du butin.
    — Et aujourd’hui ?
    — Oh, les paysans n’ont toujours rien à craindre de lui, et il leur distribue argent et or, mais c’est pour acheter leur silence.
    Le franciscain se dirigea vers la porte :
    — Il est temps de repartir.
    Corbett ne bougea pas :
    — Mon frère, je vous ai posé une question à laquelle vous n’avez pas répondu.
    Son interlocuteur lui fit face :
    — Je sais, Sir Hugh. En effet, j’ai rencontré ce brigand, poursuivit-il d’une voix

Weitere Kostenlose Bücher