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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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crucifix en bois.
    Le prêtre avança un tabouret devant l’âtre où pendait la marmite, et en remua délicatement le contenu jusqu’à ce qu’il se mît à bouillir sur le feu. Puis il servit à Corbett de grands bols d’un délicieux bouillon de viande aux légumes, accompagné d’un pain de seigle grossier et d’un vin rouge au goût fort et corsé. Corbett sirota sa boisson en attendant que le potage refroidît un peu.
    — J’ai bu bien pire dans les tavernes londoniennes, commenta-t-il avec une mimique appréciative. En fait, il serait difficile de trouver mieux.
    Le père Edmund le remercia d’un sourire.
    — C’est mon péché mignon, murmura-t-il. Non ! Ne croyez pas que je sois un ivrogne, loin de là, mais j’ai un petit faible pour le vin rouge. Savez-vous que saint Thomas Becket, lorsqu’il devint archevêque, renonça à tous les plaisirs d’ici-bas, hormis à son clairet ?
    Le prêtre reprit son sérieux :
    — Celui-ci vient d’un tonnelet que m’a donné Robin des Bois, ou plutôt Robin de Locksley, car c’est sous ce nom qu’il fut baptisé dans cette église. Pourquoi êtes-vous venu ici, Sir Hugh ? Pour le capturer et l’envoyer au gibet ?
    Le prêtre s’agita nerveusement.
    — On nous a raconté ce qui s’est passé.
    — C’est-à-dire, mon père ?
    — L’embuscade et le massacre atroce des collecteurs d’impôts.
    Le père Edmund serra plus fort son gobelet en contemplant le feu.
    — Dieu sait pourquoi, confia-t-il dans un souffle, mais Robin est revenu de guerre le coeur rempli d’amertume.
    — Vous l’avez rencontré ?
    — Oui, à la fin novembre. Il est passé me rendre visite.
    — Comment était-il ?
    — Très fatigué. N’oubliez pas, Sir Hugh, qu’il a la cinquantaine bien sonnée et qu’il était las des horreurs vues lors de la campagne d’Écosse. Il a dit qu’il en avait assez du roi et de la cour et qu’il allait à Kirklees où s’était réfugiée Lady Mary.
    — Était-il seul ?
    — Oui. Il est arrivé un jour à pied, tout simplement, son grand arc en bandoulière. Je lui ai demandé où était Petit Jean, ou plus exactement Jean Petit. Il m’a répondu qu’il avait déserté et qu’ils étaient convenus de se retrouver à Kirklees.
    — Vous a-t-il révélé ce qu’il comptait faire ?
    — Faire sortir Lady Mary du couvent, l’épouser dans mon église et « demeurer à bourdon planté » dans son manoir.
    Corbett rompit le pain, l’émietta dans son potage. Puis il prit sa cuillère en corne et commença à manger lentement.
    — Mais il n’a jamais regagné le village, n’est-ce pas ? suggéra-t-il entre deux cuillerées.
    — Non, soupira le père Edmund. Il est parti le lendemain matin. Quelque chose s’est passé à Kirklees, quelque chose qui a changé la nature de Robin. Il n’est jamais revenu et le manoir de Locksley, gardé par un vieil intendant, tombe en ruine.
    Le prêtre hocha la tête :
    — Je n’y comprends rien. Robin s’en est allé par ce chemin et a disparu.
    Le vieillard but un peu de vin.
    — Je n’ai eu de ses nouvelles que lorsque les rumeurs commencèrent à circuler. Alors je me suis rendu à Kirklees. La mère prieure, Dame Elizabeth Stainham, est une de ses parentes éloignées et elle avait accordé sa protection à Lady Mary.
    Le prêtre haussa ses maigres épaules.
    — Elle ne put rien m’apprendre. Robin était venu au prieuré. Petit Jean l’y attendait. Lady Mary les rejoignit et au lieu d’aller à Locksley, ils gagnèrent la forêt de Sherwood. Elle aussi était surprise et bouleversée par les récits qu’on racontait.
    Le père Edmund, l’air anxieux, dévisagea son hôte :
    — Que va-t-il arriver à Robin, Sir Hugh ?
    Corbett reposa son bol en grès.
    — Je ne vous le cèlerai pas, mon père : ils vont le traquer sans trêve ni répit. Si Sir Peter Branwood ne le capture pas, si Sir Guy de Gisborne échoue, si moi-même ne le débusque pas, le roi enverra d’autres chiens de chasse à Nottingham. Ils doubleront, tripleront, la mise à prix et, un jour, ils trouveront un traître qui le livrera.
    Le prêtre détourna la tête, mais pas assez vite : Corbett aperçut des larmes dans les yeux tristes du vieillard.
    — Pourquoi, mon père ? Pourquoi un tel revirement dans son attitude ?
    — Je vais vous montrer quelque chose, Sir Hugh !
    Le prêtre se dirigea d’un pas hésitant vers l’armoire dont il ouvrit les trois cadenas. Il y

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