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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fouilla en marmonnant, puis, la chandelle levée, au bout d’un moment émit un murmure de satisfaction. Il revint en brandissant un petit rouleau de parchemin qu’il déroula sur son genou et se mit à lire en s’éclairant de la bougie et en suivant les mots du doigt :
    — Un jour, un pauvre vilain mourut, mais nul ange ou démon ne vint recueillir son âme. Le paysan, néanmoins, était décidé à entrer aux Cieux. Il finit par arriver aux portes du Paradis et se heurta à saint Pierre qui lui cria :
    — Ouste ! Les paysans n’ont pas le droit d’entrer au Paradis !
    — Et pourquoi ? protesta le vilain. Toi, Pierre, tu as renié le Christ. Pas moi ! Toi, Paul, tu as persécuté les chrétiens. Pas moi ! Vous, princes de l’Église, vous êtes parfois restés indifférents envers autrui. Pas moi !
    « Saint Pierre, poursuivit le père Edmund, savourant visiblement le récit, en appela finalement au Christ qui vint aux portes du Paradis, dans toute Sa gloire. »
    — Rends-moi justice, ô Seigneur ! s’écria le paysan. Tu m’as fait naître dans la pauvreté et j’ai supporté tous mes malheurs sans me plaindre. On m’a dit de croire aux saintes Écritures et j’ai obéi. On m’a dit de partager le pain et l’eau avec les miséreux et j’ai obéi. Lorsque je suis tombé malade, je me suis confessé et ai reçu les saints sacrements. J’ai observé tous Tes commandements. Je me suis efforcé, selon Ta loi, de gagner le Paradis. Alors j’y suis, j’y reste !
    « Le Christ sourit au vilain et réprimanda saint Pierre :
    — Que cet homme entre aux Cieux et qu’il siège à ma droite. Il sera parmi les premiers d’entre les premiers !
    Le père Edmund s’arrêta de lire et contempla le parchemin qu’il replia en un fin rouleau avec le plus grand respect.
    — Vous vous demandez, Sir Hugh, qui a écrit cela. Moi. Mais j’ai recopié mot pour mot un discours que Robin de Locksley prononça devant les gens du hameau, la Noël qui précéda son départ pour l’armée d’Écosse. C’est la raison pour laquelle je vous ai fait quitter la taverne. Si l’un des villageois – homme, femme ou enfant – avait cru que vous vouliez la perte de Robin de Locksley, vous auriez été un homme mort !
    Et avant que Corbett ne pût s’interposer, il jeta le parchemin au feu.
    — Mais maintenant, tout est fini ! murmura-t-il. L’âme de celui qui proféra ces paroles est morte.
    Il refoula ses larmes en s’efforçant de sourire :
    — Et moi, je suis un vieux radoteur qui a bu du vin corsé un peu trop vite. C’est tout ce que je sais de Robin !
    Ils achevèrent leur souper, puis Corbett aida le père Edmund à laver bols et gobelets. Ensuite le prêtre insista pour offrir son lit au clerc.
    — Cela ne me dérange en aucune façon, déclara-t-il. Je suis vieux. J’ai entendu le chat-huant du cimetière crier mon nom. Ma fin est proche ; c’est pourquoi je passe mes nuits en prières devant l’autel. J’avoue, d’ailleurs, ajouta-t-il, mi-penaud mi-malicieux, que je sommeille parfois.
    Sur ce, il éteignit le feu et s’assura que son hôte avait tout le confort nécessaire avant de sortir discrètement.
    Étendu sur la dure paillasse, Corbett réfléchit à ce que le prêtre lui avait appris, avant de s’endormir au bout de quelques minutes. Il se réveilla le lendemain, frais et dispos. Le père Edmund s’activait déjà à la cuisine. Le soleil n’avait pas encore dissipé la brume épaisse qui recouvrait, tel un linceul, église et cimetière. Il faisait encore froid et Corbett frissonna en s’enveloppant dans sa cape pour traverser l’enclos funèbre à la suite du père Edmund et aller célébrer la messe du matin.
    Ils déjeunèrent ensuite dans la cuisine. Le prêtre, d’humeur un peu plus gaie, refusa tout paiement et écouta avidement les anecdotes sur le monde extérieur que lui narra Corbett. Mais il fallut bien finalement que le clerc se levât.
    — Je dois m’en aller, mon père. Je vous sais gré de votre accueil et de votre générosité. Vous ne voulez vraiment pas que je vous paie ?
    Le vieillard fit signe que non.
    — Je ne vous demanderai qu’une faveur, qu’un bienfait. Si Robin est capturé vivant – je dis bien « si » —, j’aimerais le voir avant qu’il ne subisse son châtiment. Maintenant, écoutez-moi !
    Voulant cacher sa détresse, il fouilla avec ostentation dans une vieille aumônière en cuir et en sortit un insigne

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