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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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fraîche.
    — Deux cadavres en une matinée ! grommela Corbett.
    Il s’agenouilla près du saltimbanque, en essayant de ne pas regarder le visage violacé, la langue protubérante et les yeux exorbités. Il examina la corde autour du cou. Maltote avait déjà décampé, le teint verdâtre, tandis que Ranulf se sentait partagé entre le chagrin d’avoir perdu ce nouvel ami et le désarroi devant la détresse que devait éprouver sa douce Amisia.
    — C’est le même genre de corde, marmonna Corbett en se relevant et en replaçant soigneusement le drap sur le visage du mort.
    Le tavernier éteignit les lampes et ils sortirent dans la cour.
    — En dehors de Ranulf, interrogea Corbett, Rahere a-t-il parlé à quelqu’un ?
    — On le connaissait bien, un peu partout, déclara l’aubergiste en grattant son crâne dégarni, mais il se livrait peu. Parfois, il nous posait une devinette. Ses lieux de prédilection étaient le marché et ma taverne. Il m’a confié un jour qu’il voulait se rendre au château et je pense qu’il a quitté Nottingham une fois.
    — Quand ?
    — Il y a deux jours, d’après un de mes clients. Il est parti en hâte, mais est vite revenu.
    Corbett recula d’un pas. Deux jours auparavant, il s’était mis en route pour Locksley et Kirklees. Il jeta un regard furieux à Ranulf.
    — Je ne l’ai dit à personne, au château !
    Ranulf avait l’esprit assez vif pour deviner les conclusions de son maître. Il baissa les yeux :
    — Ni ici, sauf à Amisia.
    Corbett sortit, de son aumônière, une pièce qu’il fit étinceler devant le visage matois de l’aubergiste.
    — Ceci, c’est pour la dépouille. Faites-la enterrer rapidement dans le cimetière de la ville. Et cela, enchaîna-t-il en brandissant une seconde pièce, c’est pour nous laisser fouiller ses bagages.
    Le tavernier n’hésita pas : il emmena, dans la chambre du mort, Corbett, Ranulf et un Maltote tout ébahi.
    — Il n’y a personne, expliqua-t-il. La jeune dame, je veux dire Lady Amisia, est logée ailleurs.
    Corbett le remercia, puis, une fois le tavernier parti, ordonna à ses serviteurs de passer l’endroit au crible et d’entasser les biens du défunt sur le lit.
    D’abord, ils ne trouvèrent rien de particulier : des vêtements, des ceintures, des baudriers, des chausses, des bottes de rechange, quelques cuillères et une coupe d’argent repoussé. Mais Ranulf, désireux de rattraper sa bévue, déplaça le lit et fit appel à ses talents d’ancien cambrioleur pour sonder le plancher. Il poussa bientôt un cri de joie : une lame avait cédé. Il sortit de la cavité un coffret, long de moins d’un pied et large d’autant, qu’il tendit à Corbett. Le clerc, sans hésiter, en força les trois serrures à l’aide de son poignard, puis, bien installé au bord du lit, examina sommairement le contenu.
    — Ah ! s’exclama-t-il en écartant des parchemins.
    Il se saisit de son arme et donna de petits coups secs sur le fond de la cassette : le bois se souleva pour révéler un compartiment secret. Corbett en extirpa une médaille et un rouleau de vélin qu’il parcourut rapidement.
    — Notre ami Rahere était vraiment un maître devin ! proféra-t-il sarcastiquement.
    Il lança le rouleau déplié à Ranulf qui entreprit de déchiffrer le français normand : signée par Guillaume de Nogaret et cachetée au sceau privé de Philippe le Bel, cette missive ordonnait à tous, sénéchaux, baillis et officiers de la Couronne, de prêter main-forte et assistance au fidèle serviteur du roi de France qu’était Rahere.
    — Plutôt dangereux d’avoir cela sur soi ! commenta Ranulf.
    — Non, pas vraiment, rectifia Corbett. C’est le genre de lettres dont sont porteurs nombre de marchands français.
    Il tendit la médaille à Ranulf qui se pencha sur la gravure représentant un roi sur son trône.
    — Qui est-ce ? s’enquit-il.
    — Saint Louis, le grand-père du roi actuel. Un simple officier portuaire anglais ne prêterait guère attention à ce genre de médailles, mais en fait, elles ne sont octroyées qu’à des hommes de confiance, proches du roi de France. Il aurait suffi à Rahere de la montrer en même temps que le parchemin pour voir s’ouvrir les portes d’un château ou d’une cité, obtenir des fonds ou réquisitionner des troupes. Ranulf, ton brave ami Rahere – Dieu ait son âme ! – était l’agent spécial du roi Philippe... c’est-à-dire l’habile

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