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Le Bal Des Maudits - T 1

Le Bal Des Maudits - T 1

Titel: Le Bal Des Maudits - T 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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très bien l’affair e, tu pourrais y aller.
    –  J’irai.
    –  Bien.
     
    Elle lui sourit et revint lentement vers le lit, souple, gracieuse et nue. Elle mit un genou en terre et l’embrassa dans le cou, sous le menton.
    –  C’est très gentil au lieutenant, dit-elle, le visage posé sur la poitrine de Christian, c’est très gentil au lieutenant de m’avoir envoyé cette dentelle. Je vais lui écrire pour lui dire que son petit cadeau est bien arrivé.
    Christian se rendit à la boutique de la Tauentzienstrasse et acheta une petite broche. Il la tint dans sa main, l’imaginant, d’avance, à la gorge de M me  Hardenburg . I l sourit en réalisant qu’il ne connaissait même pas son prénom. La broche coûtait deux cent quarante marks, mais il lui suffirait de réduire toutes ses autres dépenses. Il trouva, près de la gare, un petit hôtel meublé bon marché et y déposa son sac. L’hôtel était sale et plein de soldats. Mais il n’y séjournerait pas.
    Il envoya un télégramme à sa mère, disant qu’il lui serait impossible de venir à la maison pendant sa permission et lui demandant de lui prêter deux cents marks. C’était la première fois, depuis l’âge de seize ans, qu’il lui demandait de l’argent, mais il savait que sa famille en avait gagné cette année et qu’il pouvait se le permettre.
    Christian rentra à l’hôtel et essaya de dormir, mais il pensait sans cesse à la matinée qu’il venait de vivre, et le sommeil se refusait. Il se rasa, changea de vêtements et sortit. Il était cinq heures et demie, il faisait encore grand jour, et Christian descendit lentement la Friedrichstrasse, heureux d’entendre, tout autour de lui, des bribes affairées de sa langue maternelle. Il secoua doucement la tête lorsqu’aux coins des rues des hétaïres vinrent lui proposer leurs services. « Elles étaient, remarqua-t-il, spectaculairement bien vêtues : fourrures de prix et manteaux de bonne coupe. La conquête de la France, pensa-t-il, avait eu un heureux effet sur une profession au moins. »
    Marchant doucement parmi la foule, Christian eut plus que jamais l’impression que l’Allemagne allait gagner la guerre. La ville, qui, en d’autres temps, lui avait paru terne et accablée, lui semblait, maintenant, énergique, joyeuse et invulnérable.
    « Les rues de Londres en ce même après-midi, pensa-t-il, et les rues de Moscou sont probablement différentes. Chaque soldat devrait être envoyé en permission à Berlin. Cela aurait un effet tonique et reconstituant sur le reste de l’armée. Bien sûr – et il ricanait intérieurement à cette pensée – il serait hautement recommandable de fournir à chaque soldat, à sa descente du train, une M me  Hardenburg et une demi-bouteille de vodka. Un nouveau problème pour le ministère du Ravitaillement. »
    Il acheta un journal, entra dans un café et commanda un demi.
    Lire ce journal équivalait à écouter une fanfare. Il y avait des récits triomphants de milliers de prisonniers russes tombés aux mains des Allemands, de compagnies allemandes victorieuses de bataillons russes, d’éléments blindés séparés pendant des jours du gros de l’armée, vivant sur l’ennemi, frappant et désorganisant ses arrières. Il y avait une prudente analyse d’un major général en retraite, qui mettait la population en garde contre tout optimisme exagéré. « La Russie, disait-il, ne capitulerait pas avant trois mois au moins, et toutes ces rumeurs de capitulation imminente étaient nuisibles au moral du front et de l’arrière. » Il y avait un éditorial qui, dans le même paragraphe, prévenait la Turquie et les États-Unis et exprimait sa conviction qu’en dépit des activités frénétiques des Juifs le peuple d’Amérique refuserait de se laisser entraîner dans une guerre qui ne le concernait en aucune façon. Il y avait une histoire de soldats allemands torturés et brûlés par des troupes soviétiques. Christian se contenta de la parcourir, lisant les premiers mots de chaque paragraphe. Il était en permission et ne voulait pas penser à de telles choses pendant les deux semaines à venir.
    Il but sa bière, un peu déçu de la trouver aussi fade, le corps las et satisfait, levant occasionnellement les yeux pour regarder, par-dessus son Journal, les couples brillants et animés. Il y avait un pilote de la Luftwaffe, avec une jolie fille et deux rubans sur la poitrine. Christian connut un moment de regret

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