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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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fond du fossé.
    –  L’aviation, dit froidement Burnecker. Toute opposition anéantie. Détruits ou démoralisés t Hein ? tu as vu s’ils sont démoralisés ? Le prochain que je rencontre avec des ailes sur son uniforme, je te jure que…
    Silencieux, hébétés, la respiration plus normale, les hommes attendaient que quelqu’un d’autre s’occupe de la guerre.
    Au bout d’un instant apparut le lieutenant Green.
    Noah entendit le long du fossé croître sa voix aiguë, féminine, qui suppliait les hommes de reprendre l’attaque.
    –  Impossible, criait le lieutenant Green. Levez-vous. Il faut continuer. Continuer ! Vous ne pouvez pas rester ici. Le deuxième peloton va attaquer ces mitrailleuses sur leur flanc gauche, mais il faut que nous les occupions par ici. Debout ! En avant ! en avant !…
    Il y avait une note de désespoir dans la voix du lieutenant Green, mais aucun des hommes ne le regardait. Tous les visages étaient posés sur l’herbe tendre de la pente. Le lieutenant criait dans un désert.
    Soudain, le lieutenant Green escalada le talus. Il s’y dressa, pleinement exposé, appelant, implorant, mais personne ne bougea. Noah regarda le lieutenant Green avec intérêt, attendant de le voir mourir. Les mitrailleuses ouvrirent le feu, mais Green continua de sauter comme un dément, le long du talus, vociférant des paroles incohérentes :
    –  C’est facile. Il n’y a pas de danger. En avant !…
    Finalement, Green redescendit dans le champ et s’éloigna du fossé, vers le point de départ de leur attaque. Les mitrailleuses se turent : et tout le monde fut heureux que Green eût abandonné la partie.
    « Voilà ce qu’il faut faire, pensa Noah, et je vivrai toujours. Faire ce que tous les autres font, rien de plus. Que peut-il m’arriver si je reste ici ? »
    De part et d’autre, la bataille faisait rage, mais ils ne voyaient rien et n’avaient aucun moyen de savoir ce qui se passait. Mais le fossé était sûr et tranquille. Les Allemands ne pouvaient les atteindre, dans ce fossé, et les hommes du fossé n’avaient aucun désir d’atteindre les Allemands. Le tout possédait un caractère d’agréable permanence. Plus tard, les Allemands pourraient se replier, ou être encerclés par quelqu’un d’autre, et il serait temps, alors, de penser à se relever et à reprendre l’attaque. Mais pas avant.
    Burnecker sortit sa ration K et l’ouvrit.
    –  Du veau séché, dit-il en mangeant des morceaux de viande, à l’aide de son couteau. Qui diable a bien pu inventer le veau séché ?
    Il jeta le petit sachet de citronnade synthétique.
    –  Même si je mourrais de soif… dit-il elliptiquement.
    Noah n’avait pas faim. De temps à autre, il regardait Rickett, étendu au fond du fossé, à un mètre de lui. Les yeux de Rickett étaient grands ouverts, et son visage portait toujours la même grimace de fureur et de commandement. Les balles l’avaient proprement égorgé. Noah essaya de se persuader qu’il était heureux de la mort de son ennemi, mais n’y parvint pas. La mort avait changé le sergent brutal, le tueur à la bouche toujours pleine d’injures et de menaces, en un Américain tombé au champ d’honneur, un ami perdu, un allié disparu…
    Noah secoua la tête et se détourna.
    Le lieutenant Green revenait, à travers champ, avec un homme de haute taille, qui marchait lentement, contemplant pensivement les hommes obstinés tapis dans le fossé. Lorsque Green et son compagnon parvinrent à proximité du fossé, Burnecker s’écria ;
    –  Grand Dieu, un étoilé !
    Noah se redressa, regarda. C’était la première fois qu’il voyait d’aussi près un major général.
    –  Le général Emerson, chuchota nerveusement Burnecker. Qu’est-ce qu’il fout ici ? Pourquoi ne retourne-t-il pas chez lui ?
    Soudain, avec une agilité surprenante, le général sauta au sommet du talus, sous le feu des Allemands. Il marcha lentement de long en large, parlant aux hommes du fossé, qui le regardaient d’un œil morne. Il avait un pistolet à la ceinture, et portait une badine sous le bras.
    « C’est impossible, pensa Noah. Ce doit être quelqu’un d’autre, déguisé en général. Green est en train de nous jouer un sale tour. »
    Les mitrailleuses tiraient de nouveau, mais le général n’accéléra pas l’allure. Il marchait lentement, souplement, comme un athlète bien entraîné, et parlait aux hommes à mesure qu’il passait devant

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