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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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autres le suivirent, s’éparpillèrent ra pidement et se jetèrent à plat ventre derrière des accidents du terrain, des rochers ou des touffes d’herbes. Les fusiliers ouvrirent le feu sur le fortin situé à soixante-dix mètres de là, sur une petite hauteur dominant la plage. Les artificiers rampèrent jusqu’aux chevaux de frise, placèrent leurs cordeaux et revinrent en arrière, tandis que les charges explosaient, ajoutant leur odeur suffocante à l’odeur fade de la fumée répandue par l’avion.
    Noah se releva, sous la protection de Burnecker, et fonça en avant, vers un trou dans lequel il plongea. Burnecker plongea par-dessus lui.
    Burnecker haletait.
    –  Seigneur, ricanait-il, est-ce que c’est pas merveilleux de retrouver la terre ferme ?
    Ils rirent et risquèrent un œil, par-dessus le bord du trou. Les hommes travaillaient avec précision, comme une équipe de football, et avançaient, comme on le leur avait enseigné, vers les flancs gris du fortin.
    Les tubes lance-grenades entrèrent en action, arrachant au fortin de gros blocs de béton.
    –  Y a qu’une chose que je me demande, dans ces cas-là, dit Burnecker, c’est ce que sont supposés faire les Allemands, pendant que nous jouons notre petite comédie.
    Noah sortit du trou et fonça, en tenant ses charges, vers l’ouverture pratiquée dans les barbelés. Le tube lance-grenades se remit à aboyer, et Noah se jeta sur le sol, au cas où l’un des éclats de béton volerait dans sa direction. Burnecker s’aplatit près de lui, de plus en plus haletant.
    –  Et je croyais que le labour était fatigant, grogna-t-il.
    –  En route, fermier, dit Noah. C’est à nous.
    Il se releva d’un bond. Burnecker l’imita, en protestant.
    Ils coururent vers la droite et se jetèrent derrière une dune de près de deux mètres. Au sommet de la dune, une touffe d’herbes claquait dans le vent mouillé.
    Ils regardèrent l’homme au lance-flammes ramper lentement vers le fortin. Les balles des fusiliers qui les appuyaient sifflaient toujours au-dessus de leurs têtes et ricochaient sur les murs de béton.
    Si Hope pouvait me voir à présent, songea Noah.
    L’homme au lance-flammes était en position, à présent, et son compagnon tourna, dans son dos, le robinet des cylindres. C’était Donnelly qui portait les lourds cylindres. Il avait été choisi parce qu’il était l’homme le plus fort de la compagnie. Donnelly leva son lance-flammes. Le feu jaillit, en longs jets inégaux. Donnelly arrosa les fentes du fortin.
    –  O. K., Noah, dit Burnecker. Tais-toi, maintenant.
    Noah bondit, et, dans le sens du vent par rapport à Donnelly, courut vers le fortin dont les occupants étaient à présent, théoriquement morts, blessés, brûlés ou étourdis. Noah courait, légèrement et vite, malgré le sable qui se tassait sous ses pieds. Tout lui semblait invraisemblablement clair, le bloc de béton écorné et noirci, les fentes étroites et dangereuses, la falaise qui s’élevait, abrupte et verte, au-delà de la plage, contre le ciel gris et calme. Il se sentait fort, capable de porter ses lourdes charges pendant des kilomètres. Il respirait régulièrement et profondément, en courant, sachant exactement où il allait et ce qu’il avait à faire. Il souriait lorsqu’il atteignit le fortin. Vivement, adroitement, il jeta l’une des charges contre la base du mur de béton. Puis il enfila l’autre charge sur son long manche et l’enfourna, d’un seul coup, dans le trou d’aération. Il avait conscience que les yeux de tous les hommes du peloton étaient sur lui, tandis qu’il exécutait avec une prodigieuse adresse l’acte final de la cérémonie. Bien allumés, les cordeaux crachaient, à présent, et Noah fonça vers un trou creusé à dix mètres de là. Il se jeta dans le trou, d’un long plongeon acrobatique, et s’y tassa, protégeant sa tête de ses bras. Le silence régna un court instant sur la plage. Puis, presque simultanément, les deux explosions retentirent. Des blocs de béton atterrirent près de lui, dans le sable. Il leva la tête. Le fortin était ouvert en deux, noir et fumant. Noah se redressa, sourit avec orgueil.
    Le lieutenant qui, au camp, avait dirigé leur entraînement, et qui, en qualité d’observateur, avait assisté à l’expédition, se dirigea lentement vers lui.
    –  Bon boulot, fiston, dit-il.
    Noah leva le bras, à l’intention de Burnecker, qui, appuyé sur son fusil, le

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