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Le Bal Des Maudits - T 2

Le Bal Des Maudits - T 2

Titel: Le Bal Des Maudits - T 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Irwin Shaw
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discours. Dis-nous comment un major protège ses flancs contre l’ennemi, dis-nous encore qu’on est les soldats les mieux entraînés et les mieux équipés du monde !
    Le lieutenant Green entra.
    –  Sortez, Jamison ! dit-il calmement. Retournez tous à vos postes.
    –  Je veux que le capitaine nous fasse un discours, insista Jamison. Juste pour moi et les copains qui sont dans la cave.
    –  Jamison !
    La voix du lieutenant Green était suraiguë, mais pleine d’autorité.
    –  Retournez à votre poste. C’est un ordre.
    Le silence pesa sur la pièce. À l’extérieur, une mitrailleuse allemande tira plusieurs rafales, et ils entendirent siffler quelques balles. Jamison toucha le cran de sûreté de son fusil.
    –  Soyez raisonnables, dit Green, comme un instituteur s’adressant à une classe de petits enfants. Sortez d’ici et soyez raisonnables.
    Jamison tourna les talons et regagna lentement la pièce voisine. Les trois autres soldats le suivirent. Le lieutenant Green regarda pensivement le capitaine Colclough, qui gisait sur le sol, immobile. Il n’offrit pas au capitaine de l’aider à se relever.
    –  Ackerman, viens ici, dit Rickett.
    Noah bondit à la fenêtre où Rickett l’attendait, bazooka en main.
    –  On va bien voir, dit Rickett, szi szes szaletés-là valent tout le bien qu’on en dit.
    Noah s’accroupit derrière la fenêtre, et Rickett posa le canon du bazooka sur son épaule. Noah était dangereusement exposé, mais il avait soudain l’impression de s’en moquer. La proximité du tank menaçait également tous les occupants de la maison. Il respirait régulièrement, attendant patiemment que Rickett eût fini de manœuvrer le bazooka sur son épaule.
    –  Il y a des fantassins derrière le tank, annonça calmement Noah. Une quinzaine, à peu près.
    –  Y vont avoir une petite szurprise, dit Rickett. Bouge pas.
    –  Je ne bouge pas, protesta Noah, irrité.
    Rickett tripotait soigneusement le mécanisme. Le tank était encore à soixante ou soixante-dix mètres, et Rickett prenait toutes ses précautions.
    –  Tire pas, dit-il à Burnecker. Faisons mine qu’on est pas là.
    Il s’esclaffa. Noah ne songea même pas à s’étonner d’entendre Rickett émettre un son qui rappelait aussi nettement un rire.
    Le tank redémarra. Il s’ébranla puissamment, dédaignant de faire usage de ses armes, comme s’il comprenait l’effet paralysant produit par sa simple apparition et préférait conserver ses munitions pour la bonne bouche. Il parcourut quelques mètres, s’arrêta encore. Derrière lui, s’accroupirent les fantassins allemands.
    L’une de ses mitrailleuses ouvrit le feu, arrosant au petit bonheur la façade de la ferme.
    –  Bouge pas, nom de Dieu ! dit Rickett.
    Noah s’arc-bouta contre l’encadrement de la fenêtre. Il était sûr d’être touché avant peu. Tout son corps, à partir de la taille, était exposé en plein. Il regardait s’agiter les mitrailleuses du tank, dans l’ombre épaisse qui régnait entre les deux bâtiments.
    Rickett fit feu. L’obus du bazooka décrivit une lente trajectoire, puis explosa contre le tank. Fasciné, Noah le regardait, oubliant même de s’accroupir. Une seconde, rien ne parut se produire. Puis, le canon s’inclina lourdement, pointa vers le sol. Il y eut, à l’intérieur du tank, une explosion étouffée. Quelques bouffées de fumée jaillirent à travers les diverses fentes. Puis il y eut d’autres explosions. Le tank vibra et trembla sur place. Il paraissait toujours aussi dangereux et plein de malice qu’auparavant, mais il ne bougeait plus. Noah vit les fantassins se replier en hâte et disparaître à nouveau derrière la grange et le hangar.
    –  Sza foncszionne au quart de poil, constata Rickett. Je crois bien qu’on sz’est envoyé un tank !
    Il ôta le bazooka de l’épaule de Noah et le reposa contre le mur.
    Noah ne bougea pas. C’était comme si rien n’était arrivé, comme si le tank avait toujours fait partie du paysage, depuis des années et des années…
    –  Pour l’amour de Dieu, Noah, hurlait Burnecker, et Noah réalisa, soudain, qu’il y avait un bon moment que Burnecker l’appelait ainsi, – retire-toi de cette fenêtre.
    Sentant soudain qu’il courait un terrible danger – Noah fit un bond en arrière et s’aplatit sur le plancher.
    Rickett prit sa place à la fenêtre, son B. A. R. (6) à à la main.
    –  M…, disait-il d’une voix furieuse, on

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