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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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peu d’esprit dans ma grosse tête.
    Je restai bien caché derrière Ugolin et attendis la suite des choses.
    —    Véran, dit Eudes d’une voix posée, sans trahir la surprise qu’il devait ressentir, lui aussi. Te voilà enfin de retour. Nous commencions à nous inquiéter. À te voir la face, on dirait bien que tu as rencontré quelqu’un qui ne te voulait pas de bien.
    Véran lui répondit par une moue un peu dépitée.
    —    Allons, Eudes, ne gaspille pas ta salive à mentir. Ça ne te ressemble pas. Je parie ma chemise que tu te diriges vers Saint-Antonin-Noble-Val. Si j’étais à ta place, en tout cas, c’est ce que je ferais, en espérant enlever Montfort pour l’échanger ensuite contre dame Cécile. Il ne vous reste guère d’autre option pour préserver la première part.
    Il étira le cou pour s’adresser à moi.
    —    N’est-ce pas, Gondemar ?
    Tétanisé par la fureur et le désarroi, je ne répondis rien. Ma seule chance de me sortir de ce merdier venait de me glisser entre les doigts.
    —    Tu perds ton temps, ajouta Véran. J’ai eu du mal à retourner à Carcassonne dans l’état où j’étais, mais j’y suis arrivé. J’ai déjà fait prévenir Montfort et il a quadruplé sa garde. Vous ne vous rendrez jamais jusqu’à lui.
    —    Ainsi donc, c’est vrai, déclara Eudes sans chercher à cacher sa profonde déception. Tu es passé à l’ennemi.
    Véran haussa les épaules et allait répondre, mais il fut interrompu par un grand cri suivi d’un bruit de sabots. Ugolin, celui-là même qui venait de me conseiller la modération, passa près de moi tel un éclair, son épée tournoyant furieusement au-dessus de sa tête.
    —    Meurs, maudit mécréant ! hurla-t-il à tue-tête en fonçant sur Véran.
    Les templiers avaient prévu le coup car, avant que le Minervois n’atteigne le traître, deux d’entre eux le contournèrent. Dans un geste qui leur était visiblement familier, ils se prirent les mains et foncèrent à la rencontre du Minervois. Avant qu’Ugolin ne puisse ralentir sa monture, il fut atteint à la gorge par les deux solides bras tendus. Désarçonné, il atterrit durement sur le dos et resta étendu, étourdi. D’un même élan, les deux cavaliers bondirent de cheval. L’instant d’après, ils lui appuyaient le tranchant de leur épée sur le gosier.
    Si Véran et ses hommes avaient cru nous contrôler en menaçant ainsi Ugolin, ils nous connaissaient bien mal, car l’effet fut contraire. Chacun de nous avait juré de sacrifier sa vie pour la Vérité. Le Minervois comprendrait que nous fassions fi de la sienne. Et maintenant que notre plan était à l’eau, nous n’avions plus de raison d’être prudents. À l’unisson, nous tirâmes nos épées et fonçâmes sur les templiers, sans égard à leur nombre.
    Contenant l’instinct de mort qui s’emparait de moi, je ne me dirigeai pas vers Véran, comme tout mon être le réclamait, mais plutôt en direction des deux hommes qui gardaient Ugolin en joue. Si nous devions avoir la moindre chance de nous tirer vivants de l’affrontement, nous avions besoin de son bras. Sinon, nous emporterions un plus grand nombre d’adversaires dans la mort avec lui que sans lui. Quand je fus à sa hauteur, un des templiers releva sa lame pour bloquer la mienne, mais je le surpris en frappant par-dessous. Ma lame décrivit un arc gracieux de bas en haut et je lui tranchai la gorge. Une expression médusée se dessina sur son visage et il tomba à genoux, essayant en vain de contenir avec ses mains le flot de sang qui jaillissait par pulsations de la plaie béante.
    Tirant profit de cette distraction, Ugolin fit trébucher l’autre et l’envoya choir sur le dos. L’instant d’après, il était accroupi sur son adversaire, lui enserrant le poignet droit pour immobiliser son arme et lui abattant au visage un poing aussi lourd qu’une enclume. Je ne m’attardai pas et fonçai sur Véran pour constater qu’Eudes m’avait précédé et qu’il lui livrait déjà un furieux combat. Les coups du nouveau Magister des Neuf pleuvaient à une vitesse folle sur le traître, qui les bloquait avec peine en tenant son ventre d’une main, le faciès grimaçant.
    Autour de moi, la bataille était désespérément inégale. Roger Bernard besognait contre trois templiers dont il s’avérait l’égal en habileté et en fureur. Il frappait à qui mieux mieux, piquant et tranchant à coups d’épée et de

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