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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dague, avec l’énergie que je lui connaissais, de telle sorte que ses adversaires en avaient plein les bras et ne parvenaient pas à l’encercler. Quand l’un d’eux réussit enfin à s’approcher, mal lui en prit. Foix l’accueillit avec un coup de pommeau sur le nez, ce qui le fit chanceler. Il se retrouva avec une lame dans la panse. Le jeune comte retira aussi vite la lame ensanglantée et, sans hésiter, pivota le torse pour la planter dans la cuisse de celui qui tentait de le prendre à revers.
    Un templier fonça sur moi et j’eus tout juste le temps de baisser la tête pour éviter d’être décapité une seconde fois. Profitant du déséquilibre momentané causé par son élan, je lui abattis mon épée sur l’épaule et sentis sa clavicule se fracasser. Un second coup en plein visage lui régla son compte.
    Je cherchai Odon et mon sang se glaça lorsque je l’aperçus, aux prises avec deux adversaires. Le pauvre garçon était courageux, certes, mais il ne connaissait du maniement de l’épée que ce qu’il avait appris par lui-même, ce qui n’était presque rien. Il n’était pas de taille contre de tels guerriers et peinait à éviter leurs coups.
    Je fis faire demi-tour à Sauvage et volai à son secours. Faisant fi de l’honneur, je frappai le premier par-derrière et son heaume se fendit sous la force du coup. Il tomba sur le côté et son cheval, paniqué, s’enfuit à toutes jambes en le traînant dans la poussière. À force de coups et de parades, je parvins à me positionner entre Odon et le templier restant qui m’attaqua avec énergie. Un deuxième vint se joindre à eux, puis un troisième et un quatrième. Je me retrouvai vite débordé.
    Je luttai avec l’énergie du désespoir, mais j’étais l’élève de Bertrand de Montbard et je savais que l’aveuglement volontaire n’était jamais souhaitable. Nous étions faits comme des rats. Nos adversaires étaient non seulement les soldats les plus aguerris de toute la chrétienté, mais ils étaient beaucoup trop nombreux. Déjà, la lourdeur envahissait mon bras. Je ne doutais pas qu’Ugolin, Roger Bernard et Eudes la ressentaient aussi. Il me suffisait de tendre l’oreille pour constater qu’autour de moi le rythme des épées qui s’entrechoquaient avait ralenti et que les coups se faisaient de plus en plus lourds. Quant à Odon, il faisait de son mieux, mais il n’était encore en vie que grâce à mes efforts redoublés.
    Du coin de l’œil, je vis Ugolin se débattre contre quatre assaillants et perdre du terrain. Plus loin, Roger Bernard n’en menait pas plus large et le désespoir se lisait sur son visage crispé. Eudes, pour sa part, devait maintenant affronter deux templiers en plus de Véran. Tous résistèrent avec leurs dernières énergies. Et tous finirent par tomber. Je fus le dernier.
    Lorsqu’un coup d’avant-bras me frappa la tempe et que je me retrouvai au sol, trois épées furent aussitôt contre ma gorge. Autour de moi, je n’entendis pas un son, à part le souffle court et rauque des combattants. Je sus alors que nous étions vaincus. Il me suffit d’un regard pour constater que tous étaient tenus en joue par plusieurs adversaires. La bataille n’avait pas duré dix minutes. Ce n’était maintenant qu’une question de temps avant que nous soyons tous occis.
    La fureur et l’humiliation qui se lisaient sur le visage d’Ugolin, de Foix et d’Eudes devaient sans doute aussi paraître sur le mien. De son côté, Odon avait les yeux écarquillés de terreur et je regrettai profondément de ne pas m’être opposé avec plus de force à sa présence parmi nous. Mais il était trop tard pour les regrets.
    Le templier qui m’avait désarçonné fit deux pas vers l’arrière, retira son heaume et secoua la tête pour chasser de ses yeux ses longs cheveux blonds trempés de sueur. À la vue de ce visage, je restai stupéfait. Le regard d’émeraude me toisait froidement.
    J’avais devant moi le mystérieux templier qui n’avait cessé de croiser ma route depuis mon départ de Gisors.
    —    Te voilà encore ? Que vas-tu faire, cette fois ? tonnai-je. M’ordonner de remettre la Vérité aux croisés ou me tuer parce que je ne la protège pas ? Il faudrait finir par te décider.
    Pour toute réponse, l’homme soupira profondément, l’air contrarié, et laissa son regard courir sur le champ de bataille. Lorsqu’il repéra Véran, il le fit venir d’un signe de la tête. Le

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