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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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les fins détails des événements à venir lorsque Payraud y fit irruption. Nous nous retournâmes tous en même temps. Il resta planté là, une expression d’irritation sur le visage.
    —    Qu’est-ce que c’est, Jacques ? demanda Norbert.
    —    Eudes. Il vient d’arriver.
    —    Alors mène-le ici au plus vite.
    Payraud fronça les sourcils et fit la moue.
    —    C’est que. il n’est pas seul.
    —    Explique-toi, dit le vieil homme, aussi calmement qu’il le pouvait.
    —    Dame Pernelle est avec lui.
    En entendant le nom de sa mère, Odon bondit sur ses pieds, tout sourire. Pour ma part, je secouai la tête et enfouis mon visage dans mes mains.
    —    Bougre de Dieu. soupirai-je, irrité. Cette fois, c’est décidé. Je lui tords le cou.
    J’avais assez subi l’entêtement de Pernelle pour savoir que si elle décidait d’imposer sa présence quelque part, ni Dieu ni diable ne pourraient l’en empêcher. Elle y parviendrait par la ruse s’il le fallait. De toute évidence, elle avait compris qu’Eudes avait des raisons sérieuses de repartir avec la première part et avait craint, à raison, qu’Odon ne soit en danger. Je pouvais aisément imaginer la scène. Elle avait dû se planter devant lui en tapant du pied, les mains sur les hanches, la tête inclinée sur le côté, le visage renfrogné et résolu, jusqu’à ce que le pauvre Eudes, complètement démuni, cède. Je ne le blâmais pas. Le plus aguerri des hommes ne pouvait résister à la petite furie quand elle était dans cet état. Mais cette fois, elle s’était surpassée.
    —    Elle est accompagnée de deux autres Parfaites que je ne connais pas, ajouta Payraud. Une fort belle dame et une pimbêche un peu pincée.
    —    Esclarmonde et Peirina, dis-je, contrarié. J’en mettrais ma main au feu.
    —    La bonne ou la mauvaise ? blagua Ugolin.
    Le Minervois en fut quitte pour un regard ténébreux qui le fit rire jaune.
    —    Voilà qui complique les choses, déplora Norbert. Ces femmes sont de l’Ordre des Neuf, certes, mais elles ne connaissent pas la Vérité.
    —    Et ? fis-je en imaginant la suite.
    —    La règle demeure pour ces dames ce qu’elle a été pour vous, Gondemar. La loyauté ou la mort.
    Comprenant trop bien ce qu’impliquaient les paroles du Cancellarius Maximus, Odon blêmit et m’adressa un regard désemparé auquel je ne pus répondre que par un haussement d’épaules impuissant. Raymond Roger, dont la tante courait le même péril, se raidit aussi, mais demeura stoïque.
    Norbert porta son attention sur Véran.
    —    Pars immédiatement vers Montfort, ordonna-t-il. Les autres te rejoindront dans deux jours à l’endroit convenu.
    Assure-toi qu’il vient avec seulement quelques hommes. Et que Dieu soit avec toi.
    Véran se contenta d’acquiescer de la tête puis se tourna vers nous.
    —    Lorsque nous nous reverrons, je serai aux côtés de nos ennemis, dit-il. Si vous vous excitez les sangs, ne vous trompez pas de cible. Et de grâce, Gondemar, modère tes ardeurs. Je n’ai déjà plus d’oreilles. J’aimerais au moins conserver mon nez.
    —    J’essaierai de m’en souvenir, dis-je, mal à l’aise.
    Je lui tendis la main et il la serra franchement.
    —    Mon frère, ajoutai-je en le regardant droit dans les yeux.
    —    À bientôt.
    Il tourna les talons et quitta la pièce.
    —    Qu’est-ce que je fais avec les trois Parfaites ? s’enquit Payraud.
    —    Mène-les immédiatement au Sanctum sanctorum dans les conditions habituelles. Le temps presse. Demain, quoi qu’il arrive, vous devez prendre la route.
    Payraud hocha sèchement la tête et sortit à son tour. Norbert se leva.
    —    Messires, dans quelques heures, soit le Prætorium sera plus riche de quelques membres, soit vous mesurerez toute la portée du serment que vous avez prêté.
    Il se dirigea vers la porte. Tel un cortège funèbre, nous nous levâmes et lui emboîtâmes le pas, en silence.
    Lorsque les trois Parfaites pénétrèrent dans le temple, elles étaient cagoulées comme nous l’avions été quelques jours auparavant. Comme de juste, Pernelle se débattait comme un diablotin en maugréant, alors qu’Esclarmonde et Peirina avançaient dignement, d’un pas mesuré. Chacune fut placée dans un fauteuil et on leur rendit la lumière. Lorsqu’elles nous virent, leur expression passa instantanément de la surprise au

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