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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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soulagement.
    Les pauvres femmes s’imaginaient que, puisque leurs frères des Neuf étaient là, rien de mal ne pouvait leur arriver. Aucun de nous ne put soutenir leur regard très longtemps.
    Malgré la fatigue accumulée durant les derniers jours, Norbert leur fit la présentation que nous avions nous-mêmes entendue. À mesure qu’il progressait, sa toux empira à un point tel qu’il n’atteignit la fin de son récit que de peine et de misère. En l’absence de Véran, la récitation des paroles de Yehohanan fut faite par Jacques de Payraud, qui s’avéra tout aussi efficace. Puis vint le moment que je craignais par-dessus tout. Celui où je devrais peut-être assister, lié par mon serment, à la mise à mort des Parfaites pour lesquelles j’avais tant d’admiration et de celle que j’aimais depuis mon enfance. Déjà, Daufina avait péri injustement par ma main. Je risquais de vivre encore pire.
    À l’appel de Norbert, les templiers surgirent dans le Sanctum sanctorum et alignèrent Pernelle, Esclarmonde et Peirina devant leur maître, chacune faisant face à une lame prête à lui ouvrir le gosier. J’admirai le courage de Pernelle qui, aussi petite qu’elle fût, fixait le Cancellarius Maximus droit dans les yeux, le menton relevé avec arrogance.
    Livide, Norbert se rendit avec peine jusqu’à Esclarmonde.
    —    Dame Esclarmonde de Foix, demanda-t-il d’une voix éteinte, tu as entendu les mots de Yehohanan et tu connais maintenant la Vérité. Que choisis-tu ? La loyauté ou la mort ?
    La Parfaite le dévisagea gravement. Elle ne semblait nullement impressionnée par ce qu’elle venait d’apprendre.
    —    Depuis le jour où j’ai reçu le consolamentum, je suis prête à quitter la chair, rétorqua-t-elle sereinement. Je ne désire que la Lumière divine, et la mort ne m’effraie pas. La question est donc de savoir si j’accorde foi à ce que je viens d’apprendre.
    —    Et ? insista le Cancellarius Maximus.
    —    Nom de Dieu, parle, ma tante ! explosa Roger Bernard.
    —    Je suis impliquée dans la protection de la Vérité depuis assez longtemps pour savoir qu’elle est comme un oignon, reprit la grande dame. Chaque pelure en cache une autre. J’ose croire que celle-ci est la dernière. Alors mon serment m’apparaît toujours valide, seul son objet s’étant précisé. Tu peux donc compter sur mon entière loyauté, Norbert de Craon.
    Au soulagement de tous, Esclarmonde fut reconduite à son fauteuil, désormais incluse dans le Prætorium. Pernelle fut la suivante à subir l’épreuve.
    —    Dame Pernelle, la loyauté ou la mort ? demanda Norbert.
    Mon amie se planta les mains sur les hanches et, l’air mauvais,
    toisa le vieillard.
    —    Quelle question ! s’exclama-t-elle.
    Je vis ses yeux se mouiller et sa voix trembla lorsqu’elle poursuivit.
    —    Si tu savais ce que j’ai dû endurer pour trouver la foi dans le Sud, les tourments que j’ai vécus, les blessures que j’ai dû guérir. Voilà que tu m’apprends que j’avais raison et tu oses me poser cette question ?
    —    Euh... oui ? fit le vieil homme, décontenancé.
    —    Alors tu as encore beaucoup à apprendre sur moi ! Si Gondemar, Eudes, Raymond Roger et Odon ont accepté ta révélation, pourquoi n’en ferais-je pas autant ? Dame Esclarmonde a raison : un serment est un serment.
    —    Dois-je comprendre que vous choisissez la loyauté ? insista le vieil homme, un peu impatienté.
    —    Bien entendu ! Quoi d’autre ?
    —    Ramène-la à sa place, je t’en conjure, grommela Norbert à l’intention du templier qui tenait Pernelle en joue, alors que chacun d’entre nous souriait à pleines dents.
    Il ne restait que Peirina.
    —    Et toi, bonne dame, demanda le Cancellarius Maximus. La loyauté ou la mort ?
    La Parfaite se tenait la tête basse, les yeux rivés sur le sol. Elle se tordait les mains.
    —    Je. je ne sais pas, finit-elle par murmurer. Ce que j’ai entendu me semble convaincant, certes, mais qui me dit qu’il ne s’agit pas d’une ruse ? Depuis que je fais partie des Neuf, j’ai vu tant de trahisons que j’en ai la nausée. Je ne sais plus en qui placer ma confiance. Je. je ne suis qu’une simple Parfaite. Je soigne mes semblables et je prie Dieu. Lorsqu’on me le demande, je prêche de mon mieux. C’est tout ce que je sais faire. Le reste me dépasse. Peut-être a-t-on fait un mauvais choix en m’incluant

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