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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dans l’Ordre ? Je ne sais plus.
    Elle releva vers Norbert un visage ravagé par le doute.
    —    Ce que je sais, par contre, dit-elle d’une voix mêlée de sanglots, c’est que je ne me sens plus capable de promettre ma loyauté, ni à toi, ni aux Neuf. Et puis, les cathares ne doivent pas prêter serment. Trahirais-je ma foi en le faisant ?
    À regret, Norbert fit un signe de la tête vers le templier qui appuyait sa lame sur la gorge de la pauvre femme.
    —    Non ! s’écria Pernelle en bondissant sur ses pieds.
    Norbert leva la main pour signifier au soldat de retenir son
    geste. Mon amie claudiqua jusqu’à Peirina. Comprenant où elle voulait en venir, Esclarmonde la rejoignit. Elles l’entourèrent avec tendresse et lui caressèrent les épaules.
    —    Réfléchis bien, ma sœur, dit doucement Esclarmonde.
    —    Je suis fatiguée de tout cela, répondit Peirina en sanglotant. Je suis prête à retourner à la Lumière. Si vous voulez bien m’aider.
    Elle s’agenouilla lentement.
    —    Bonnes dames, murmura-t-elle solennellement, donnez-moi votre bénédiction et celle de Dieu.
    —    C’est vraiment ce que tu souhaites ? insista Pernelle.
    Peirina hocha légèrement la tête. Les deux Parfaites se regardèrent, les yeux mouillés de larmes, et posèrent leurs mains sur la tête de leur sœur dans la foi.
    —    Tiens-la de Dieu et de nous, dit Esclarmonde d’une voix étranglée.
    —    Donnez-moi la grâce d’être conduite à bonne fin.
    —    Que Dieu te bénisse, Peirina, murmura Pernelle. Nous le prions de te conduire à bonne fin.
    Esclarmonde posa une ultime caresse sur la joue de Peirina et les deux Parfaites s’éloignèrent, la peine accentuant encore le boitement de Pernelle. Elles s’assirent et aucune ne leva plus les yeux.
    —    Je suis prête, dit Peirina, toujours à genoux, à l’intention de Norbert. Fais ce que tu dois.
    Le regret lui défaisant le faciès, Norbert fit signe au templier de procéder. Celui-ci se glissa derrière la Parfaite, droite et infiniment digne, et lui enfonça son arme entre les omoplates. La lame lui perça le cœur et émergea entre ses seins. Lorsqu’il la retira, Peirina était déjà morte. Elle s’écroula sur le sol, un vague sourire sur les lèvres. Avec une sinistre efficacité, les autres templiers ramassèrent le corps et l’emportèrent hors du temple, de sorte qu’il ne resta de la Parfaite qu’une tache de sang sur la pierre.
    —    Si cela peut mettre un peu de baume sur vos plaies, elle aura une sépulture décente, je vous l’assure, dit Norbert, ébranlé.
    —    Elle a fait son choix, intervint Esclarmonde. Le sort de sa dépouille n’a aucune importance.
    Les deux Parfaites encore vivantes prononcèrent le serment du Prætorium dans une atmosphère de deuil. Puis nous quittâmes le temple dans un lourd silence, Ugolin enveloppant les épaules d’Odon de son bras, Roger Bernard et sa tante marchant bras dessus, bras dessous, Pernelle et moi, côte à côte.
    Le Cancellarius Maximus avait eu raison. Le serment avait une immense portée.
    La nuit fut tourmentée. L’exécution de Peirina me revenait sans cesse en tête. Je ne pouvais qu’admirer la certitude absolue que lui avait conférée sa foi. Elle avait accepté la mort sans sourciller, convaincue qu’elle ne faisait que quitter sa prison de chair pour retourner vers la Lumière divine. Aux images de sa fin se superposaient celles de Cécile. Je la savais encore vivante. Montfort n’était pas assez bête pour se priver de l’avantage qu’elle représentait. Sans elle, je n’avais aucune raison de lui remettre la première part et il le savait bien. Mais j’angoissais terriblement et le froid de ma petite cellule humide n’était pas la seule raison pour laquelle je frissonnais. Notre plan était bien pensé, certes, et nous avions essayé de mettre toutes les chances de notre côté, mais tant de choses pouvaient aller de travers. Si je savais maintenant que mon âme pouvait être sauvée, Cécile, elle, risquait encore la mort. À tout cela s’ajoutait la nervosité qui me tenaillait toujours la veille d’une bataille. Car c’était bien ce dont il s’agissait. Le lendemain, j’irais livrer le combat le plus important de ma vie. Le seul, peut-être, qui ait jamais eu de sens.
    J’étais allongé sur ma paillasse, les yeux rivés sur le plafond, passant distraitement les doigts sur la cicatrice de mon

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