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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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Ieschoua a survécu. Les autres ne rapportent que des rumeurs. Si tu crois que Montfort laissera repartir Cécile sans détenir d’abord la totalité des documents, tu rêves, mon pauvre Gondemar.
    —    Il aura un otage.
    Tous me dévisagèrent, perplexes.
    —    Je prendrai la place de Cécile, déclarai-je calmement.
    —    As-tu perdu la tête ? s’exclama Payraud.
    —    Je l’ai déjà perdue une fois, mais elle est maintenant solide sur mes épaules, et elle a les idées claires.
    —    Il te tuera dès qu’il aura les documents !
    —    Et après ? dis-je en haussant les épaules avec une sincère indifférence. La Vérité sera sauve et Cécile aussi. N’est-ce pas ce que nous souhaitons ?
    Payraud se planta devant moi, le visage durci par la colère.
    —    J’admire ton esprit de sacrifice, Gondemar, mais tu sembles oublier que Norbert t’a désigné comme son successeur. Que tu le veuilles ou non, tu deviendras le Cancellarius Maximus et tu auras une obligation envers le Prætorium. Tu seras responsable des paroles de Yehohanan.
    —    J’en suis conscient. Et par les pouvoirs que me confèrera ma nouvelle position au décès de Norbert, je te désigne dès à présent pour prendre ma place à ma mort. De toute façon, cette responsabilité te revenait bien plus qu’à moi. Ce n’est qu’un juste retour des choses.
    Payraud tendit l’index vers moi et ouvrit la bouche pour répliquer, puis la referma, incapable de contrer la logique de mon argument.
    —    Je vois que tu n’as rien à ajouter.
    Je dévisageai chacun de mes compagnons à tour de rôle, les défiant de s’opposer. Ugolin se mordilla les lèvres.
    —    Est-ce vraiment ce que tu souhaites ? demanda-t-il, désemparé.
    —    C’est ce qui doit être fait pour le bien du plus grand nombre.
    Triste comme un enfant, il inclina la tête et se tut. Il me connaissait assez pour savoir que mon idée était faite. Eudes et Foix se contentèrent de hocher solennellement la tête. En guerriers expérimentés, ils reconnaissaient que j’avais raison.
    —    Alors, c’est entendu, dis-je.
    Je me retournai vers Odon.
    —    Donne-moi les parchemins.
    Il me tendit le tube que j’ouvris pour en sortir les papiers. J’en retirai les lettres de Payns et de Sablé, que je pliai en quatre pour les fourrer dans ma chemise. Puis je roulai le texte de Pilatius et le remis dans son contenant.
    —    Attends-nous ici, rappelai-je au garçon. Lorsque les autres reviendront avec dame Cécile, dépose le tube au pied de l’arbre et pars avec eux. Je guiderai moi-même Montfort pour lui donner le dernier document. Compris ?
    —    Oui, sire Gondemar, répondit-il fièrement. Vous pouvez compter sur moi.
    —    Je sais, mon petit. Tu es comme ta mère. Bon, alors allons-y, ordonnai-je. Je suis attendu.
    Nous laissâmes Odon derrière et nous mîmes en route pour notre rendez-vous avec le diable en personne.
    J’avais mis au point la solution idéale. La Vérité serait préservée. Cécile vivrait. Odon retournerait à sa mère. Et moi, j’aurais rempli ma mission. Il ne me resterait plus qu’à attendre que Montfort m’achève pour comparaître devant Dieu. Connaissant l’homme, je savais qu’il ne lui faudrait pas beaucoup de temps. Au pire, j’aurais quelques souffrances à endurer. Ensuite, tout serait fini. Enfin.
    Nous franchîmes la distance qui nous séparait du lieu fixé sans rien remarquer de suspect. Aucune trace de sabot sur le sol, de branches cassées ou quoi que ce soit trahissant le passage récent de soldats.
    La clairière était la bonne. Je reconnus les buissons et les quelques arbres qui l’encerclaient, y compris celui auquel Véran m’avait attaché. Le cercle de pierres s’y trouvait toujours, lui aussi, et un feu y était allumé. La seule différence étant que l’endroit n’était pas désert. Arnaud Amaury, richement ensou-tané, était assis sur un tabouret pliant couvert d’une splendide jetée pourpre brodée d’or. Autour, sur des rochers et des bûches, se trouvaient Simon de Montfort, Guillaume des Barres, Alain de Pierrepont, Lambert de Thury, Véran, Guy de Montfort et le moine Guillot. Nous descendîmes de cheval alors qu’ils nous regardaient tranquillement, l’air affecté.
    —    Tiens, nous avons de la visite, finit par déclarer Montfort, narquois. Tu en as pris, du temps, Gondemar. Et je vois que tu as emmené des amis ?
    Il

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