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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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dans les yeux.
    —    Maintenant, va retrouver ton frère, lui dis-je avec un regret infini. Tu dois partir. Il te gardera en sécurité.
    —    Tu. tu ne peux pas rester ici. avec eux, balbutia-t-elle, éperdue.
    Jamais je ne fis chose plus déchirante que de détacher Cécile de moi. Ses petits bras résistèrent de toutes leurs forces et je dus littéralement l’arracher. J’y arrivai et Roger Bernard, comprenant notre tourment, vint se charger d’elle.
    —    Gondemar ! s’écria-t-elle en se débattant alors qu’il l’entraînait. Non ! Il va te tuer !
    Foix enveloppa sa sœur dans ses bras et la serra contre lui, détournant son visage de moi. Il me jeta un regard éperdu dans lequel je lus tout le respect et la reconnaissance qu’il avait pour moi.
    —    Dieu te bénisse, mon frère, dit-il.
    Je le remerciai tristement de la tête. J’avais l’impression qu’on venait de m’arracher un membre, mais c’était pour le mieux. J’interpellai Ugolin.
    —    Je te laisse la petite, lui dis-je d’une voix étranglée. Prends-en bien soin. Elle a déjà trop souffert.
    Incapable de parler, les joues mouillées et sanglotant comme un petit garçon triste, le Minervois hocha le chef. Puis il fit demi-tour et, d’un pas déterminé, se dirigea vers son cheval. Tous se remirent en selle. Pleurant à m’en crever le cœur, Cécile, montée sur Sauvage, ne cessa pas de me regarder et je sentis mon courage m’abandonner. De grosses larmes roulèrent sur mes joues et si ma gorge se serra, cette fois-là, ce ne fut pas au son de paroles sacrées.
    —    Fichez le camp, nom de Dieu ! hurlai-je à m’en déchirer la gorge, avant qu’il ne soit trop tard.
    Payraud donna l’ordre et, sans étirer davantage notre tourment, mes compagnons s’élancèrent au galop. Aux yeux de nos ennemis, ils partaient en vaincus, la queue entre les jambes comme des chiens maltraités, mais moi, je savais qu’ils étaient les grands vainqueurs. Ce triomphe secret, je le leur offrais au prix de ma vie. Malgré mon malheur, j’en tirais une satisfaction perverse et dus me retenir pour ne pas fanfaronner.
    Ils disparurent à l’horizon en emportant avec eux le seul amour de ma vie. Je ressentais un étrange mélange d’exaltation et de tristesse. N’en déplaise à Dieu et à son maudit archange, je venais d’accepter de mourir pour celle que j’aimais et pour protéger la Vérité. Dans cet ordre d’importance. En prime, j’avais même obtenu la fin de la croisade. Tout cela était au-delà de mes espérances les plus folles. J’avais accompli tout ce qui était humainement possible. Si je n’avais pas gagné mon salut, rien d’autre n’y ferait. Sous peu, je comparaîtrais devant le tribunal de Dieu et je connaîtrais le sort de mon âme éternelle. Avec de la chance, peut-être Bertrand de Montbard se tiendrait-il à nouveau à ma droite pour prendre ma défense.
    « Tu peux venir quand tu veux, Métatron. Je suis prêt », songeai-je.

    1
    Sacrifice expiatoire.
    2
    Avec l’aide de Dieu.
    3
    Les hommes croient ce qu’ils veulent croire.

Chapitre 19 Dies expiationum 1
    Mes compagnons étaient à peine partis que Montfort s’approchait de moi. Il posa la main sur mon épaule dans une parodie d’amitié.
    —    Et voilà, soupira-t-il, crâneur. La petite s’en est allée avec son frère aîné. Et toi, tu es seul comme un lépreux.
    —    C’est parfait ainsi, répondis-je sombrement. Au moins, elle est sortie de tes pattes crasseuses. Tu pourras les poser à loisir sur ton Alice, en supposant qu’elle y prenne plaisir.
    Il se frotta les mains et m’adressa un sourire carnassier.
    —    Bon ! Nous avons deux heures à tuer, dit-il. À moins, évidemment, que tu ne me révèles tout de suite où se trouve le dernier parchemin.
    Je compris que la joute finale était engagée. Pour ce qui me restait de temps à vivre, je devais m’assurer que Montfort et Amaury continuent à croire qu’ils avaient remporté la partie.
    —    N’y compte pas, répondis-je.
    —    Même si je te promettais la vie en échange ? minauda-t-il.
    —    Tu gaspillerais ta salive. Ces deux heures sont l’unique assurance de Cécile. Rien ne me les fera raccourcir. Et puis, nous savons tous les deux que tu n’as aucune intention de m’épargner.
    —    C’est vrai, admit-il. J’ai peine à attendre le moment où je te trancherai la gorge. Je regarderai avec plaisir tes yeux

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