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Le Baptême de Judas

Le Baptême de Judas

Titel: Le Baptême de Judas Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hervé Gagnon
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crainte qu’il ne devienne suspicieux. La Vérité, je l’emporterais dans la tombe et le légat repartirait avec quelques papiers insignifiants.
    —    Alors pourquoi t’être accroché ainsi à une cause qui ne te concernait pas et dans laquelle tu ne trouvais que le tourment ? demanda-t-il. Toi, un noble du Nord ? Tu as tout fait pour protéger les documents. Tu as retrouvé le suaire. Tu t’es décarcassé pour nuire à l’Église. Tout cela au péril de ta vie. Et malgré tous tes efforts, te voilà vaincu et en attente de la mort. Tu as échoué et tu ne sembles pas en souffrir outre mesure. Je ne te comprends pas.
    Je bus en haussant les épaules.
    —    J’aimerais te dire que c’était une question d’honneur, répondis-je. Que j’ai fait tout cela parce que j’avais foi en la cause, mais je te mentirais. La Vérité m’apparaissait importante, certes, et devait être préservée. Après tout, rares sont ceux qui savent que le Christ n’était rien de plus qu’un rebelle qui a fini ses jours bien tranquille en Égypte entouré des siens. Mais la simple réalité est que je n’ai travaillé que pour mon propre intérêt.
    —    Allons donc. Pour qui agissais-tu ? Qui te payait ?
    —    Personne. Ne crains rien, je ne suis pas à vendre. Je n’appartiens qu’à moi-même. Et à Dieu.
    Ma vie atteignant son terme de toute façon, je décidai de m’amuser un peu en révélant pour la première fois ce que j’avais caché à tout le monde. J’écartai le col de ma chemise.
    —    Tu vois cette cicatrice ? Elle m’a été laissée par l’épée du brigand qui m’a décapité voilà trois ans. Je me suis réveillé en enfer. Il faut dire que j’avais fait tout ce qu’il fallait pour m’y retrouver. Là, un archange m’a proposé un marché de la part de Dieu : protéger la Vérité ou être damné pour l’éternité. Faute d’un meilleur choix, j’ai accepté. C’est tout.
    Je sentis le désespoir et le froid de la perdition m’envahir à nouveau et se répandre dans mon corps. Je réalisai que ma voix tremblait et je me raclai la gorge pour en reprendre le contrôle. Je dégageai mon épaule pour montrer la marque que Métatron avait brûlée dans la chair.
    —    Il m’a marqué de cette croix. Puis je me suis réveillé, la tête à nouveau bien plantée sur mes épaules. Depuis, j’étouffe chaque fois qu’on prononce des paroles sacrées et j’essaie de sauver mon âme.
    Le légat resta là, interdit, ne sachant s’il devait me prendre au sérieux. Puis un sourire lui retroussa les lèvres et il porta la main à sa bouche, comme une dame timide. Il rit doucement en battant des cils puis se désaltéra avec élégance.
    —    Bon, si tu ne veux rien me dire, ça te regarde, dit-il d’un ton un peu trop convaincu pour masquer son malaise. Mais réponds au moins à une chose.
    —    Je t’écoute.
    —    Es-tu plus heureux maintenant ?
    Je considérai la question. Elle était pertinente et méritait réflexion. Toute ma vie m’avait destiné à une quête qui n’avait été qu’une succession de malheurs. Depuis trois ans, je portais le fardeau de ma damnation et il était lourd. Ma route n’avait été qu’un long chemin de croix parsemé d’embûches, et pourtant j’y avais trouvé l’amour de Cécile, l’amitié loyale de Pernelle et d’Ugolin et la rude affection de Bertrand de Montbard. J’avais tué pour le Mal, mais aussi pour le Bien. J’avais appris la droiture, la loyauté et l’honneur. J’avais changé. J’étais certes très loin de la perfection, mais, au terme de ma quête, j’étais un meilleur homme que je ne l’avais été à son amorce. Par-dessus tout, j’avais eu le dernier mot. Certes, la satisfaction de m’en vanter m’était refusée, mais grâce à moi, et aussi au sacrifice de tant de gens de bien, la Vérité triomphait. J’emporterais ce précieux secret dans la tombe pour le brandir lors de mon jugement. Quand je fermerais les yeux pour la dernière fois, je serais serein.
    —    Dans la mesure où le bonheur existe sur cette terre, je le crois, oui, répondis-je en hochant lentement la tête.
    —    Alors c’est que tu as suivi ta conscience, déclara le légat. Dieu sait reconnaître cela.
    —    Je l’espère.
    J’avisai Guillot qui boudait, seul dans son coin, et décidai que je pouvais bien m’offrir un dernier petit plaisir avant de mourir.
    —    Pourrais-je

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